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L'intégration sociale passe-t-elle par le travail ?

Publié le 23/01/2004

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Il est très légitime de supposer que les faits que nous venons d'observer se reproduisent ici, mais avec plus d'ampleur ; que ces grandes sociétés politiques ne peuvent, elles aussi, se maintenir en équilibre que grâce à la spécialisation des tâches ; que la division du travail est la source, sinon unique, du moins principale de la solidarité sociale. C'est déjà à ce point de vue que s'était placé Comte. De tous les sociologues, à notre connaissance, il est le premier qui ait signalé dans la division du travail autre chose qu'un phénomène purement économique. Il y a vu la condition la plus essentielle de la vie sociale pourvu qu'on la conçoive dans toute son étendue rationnelle, c'est-à-dire qu'on l'applique à l'ensemble de toutes nos diverses opérations quelconques, au lieu de la borner, comme il est trop ordinaire, à de simples usages matériels Considérée sous cet aspect, dit-il, elle conduit immédiatement à regarder non seulement les individus et les classes, mais aussi, à beaucoup d'égards, les différents peuples comme participant à la fois, suivant un mode propre et un degré spécial, exactement déterminé, à une oeuvre immense et commune dont l'inévitable développement graduel lie d'ailleurs aussi les coopérateurs actuels à la série de leurs prédécesseurs quelconques et même à la série de leurs divers successeurs. C'est donc la répartition continue des différents travaux humains qui constitue principalement la solidarité sociale et qui devient la cause élémentaire de l'étendue et de la complication croissante de l'organisme social « [A. Comte, Cours de philosophie positive, IV, 425.].Si cette hypothèse était démontrée, la division du travail jouerait un rôle beaucoup plus important que celui qu'on lui attribue d'ordinaire. Elle ne servirait pas seulement à doter nos sociétés d'un luxe, enviable peut-être, mais superflu ; elle serait une condition de leur existence. C'est par elle, ou du moins c'est surtout par elle, que serait assurée leur cohésion ; c'est elle qui déterminerait les traits essentiels de leur constitution.
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« système des besoins.

Et de ce point de vue, on pourrait remonter la genèse de cette idée à Platon déjà dans la République .

L'individu a besoin de l'autre pour assurer sa survie et ne peut se constituer en tant qu'être que dans la confrontation à autrui comme cela est palpable dans la dialectique du maître et de l'esclave ( Hegel , Phénoménologie de l'esprit ).

C'est donc dans le rapport nécessaire à autrui notamment dans la construction de la conscience et du point du vue de la société des besoins de l'interdépendance que se manifeste l'intégration socialede l'homme par le travail.

Le travail définit l'homme dans une fonction, lui assigne une place dans la société. c) La fonction est toujours sociale.

Le travail est donc à la base de la société, comme dépendance pour sa survie,mais donc aussi dans le nivellement hiérarchique des individus.

Le travail est donc le facteur primordiale d'intégrationsociale parce qu'il donne une place à l'individu : il le rend nécessaire au bon fonctionnement de la société ; il faitcorps avec elle et lui donne alors un pouvoir d'agir.

Et c'est bien ce que l'on peut retirer, pour l'essentiel, de laDivision du travail social de Durkheim .

Le travail se comprend comme fonction sociale ; il est donc un acteur essentiel dans l'intégration sociale de l'homme, de l'individu dans le tissu social et lui permet de créer des relationsavec autrui.

La société, comprise comme ensemble d'institutions et d'habitudes, représente donc le milieu créateurde toute notre vie, qu'elle tire du néant.

Les sociologues ont longuement développé ce thème.

Ainsi Pierre Bourdieu dans Leçon sur la leçon note-t-il que la société a le pouvoir d'arracher les existences humaines, absurdes et inessentielles (parce que vouées à la mort), à la facticité et à l'insignifiance totale.

Nous être-dans-le-mondepossède en effet un caractère absolument contingent et l'homme est un existant absurde, sans raison d'être.

Maisla société peut le « sauver », lui conférer un être, une essentialité et une réalité.

C'est elle seule qui dispense, à desdegrés évidemment différents, les justifications et les raisons d'exister, en insérant les hommes dans unestratification et un ordre très puissants, qui, apparemment, donnent sens à leur existence initialement gratuite etabsurde.

« C'est la société qui, en produisant les affaires ou les positions que l'on dit « importantes », produit lesactes et les agents que l'on juge « importants », pour eux-mêmes et pour les autres, personnages objectivement etsubjectivement assurés de leur valeur et ainsi arrachés à l'indifférence et à l'insignifiance… Misère de l'homme sansmission ni consécration sociale.

» Et cette consécration on la retrouve dans le travail. Transition : Ainsi le travail est-il nécessaire à l'intégration sociale de l'homme.

La société, comprise comme un système de besoindonne une fonction à l'individu donc aussi de s'affirmer et de se développer.

Travaillant, l'homme crée des rapportsd'échanges avec autrui ce qui lui assure une place dans le tissu des relations sociales ; d'où l'exclusion ressenti parle chômeur dans la société.

Cependant, cette intégration sociale passe par la reconnaissance de l'individu commepersonne, de sa spécificité et doit lui permettre de se développer en tant qu'individu ; or à l'aune d'un aliénation etd'une capitalisation du travail, cette intégration sociale par le travail est-elle encore envisageable ou tenable ? II – L'aliénation du travail a) En 1857, Marx reprendra textuellement d'affirmation d'Aristote : l'homme est un animal politique.

Il ne peut s'individualiser que dans la société, qui le crée l'engendre.

Or puisque la société est déterminer par l'ensemble de sesproductions, c'est donc bien par le travail que l'homme peut trouver sa place dans la cité.

Et c'est bien ce qu'il ditdans l'Introduction à la critique générale de l'économie : « L'homme est, au sens le plus littéral du terme, un zoon politikon , il est non seulement un animal social, mais un animal qui ne peut s'individualiser que dans la société.

L'idée d'une production réalisée par un individu isolé, vivant en dehors de toute société… n'est pas moins absurde quel'idée d'un développement du langage sans qu'il y ait des individus vivant et parlant ensemble.

» Mais le travailpermet-il réellement de saisir la spécificité de l'individu, de reconnaître ses talents et de les mettre à profit pour lasociété ? Et c'est bien la question que l'on peut se poser à l'aune de l'aliénation du travail. b) Si c'est par le travail que peut s'individualiser donc aussi trouver une place dans la société, force est deconstater que l'aliénation du travail rend caduc toute cette approche.

En effet, que l'intégration sociale fonctionne,il faut que le travailleur ait la capacité de l'individuer dans son travail ce qui est impossible puisque le travail détruit. »

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