L'induction et les problèmes qu'elle pose

« 212 LOOII.)LE Pierre, ltJ.Cques, Jean ...

ont remis leur dissertation; Pierre, Jacques, Jean ...

sont tous les élèves de Philosophie; Donc tous les élèves de Philosophie ont remis leur dissertation.

On appelle cette sorte d'induction induction formelle : elle n 'apprenll rien de vraiment nouveau; elle donne seulement une forme nouvelle à ce qu'on savait déjà.

Par là, elle se différencie de 1 'induction scientifique.

B.

L'induction scientifique.

- a) Au sens large, on entend parfois par induction scientifique la méthode inductive ou méthode expérimentale qui comporte les diverses opérations par lesquelles, à partir des faits d'expé­ rience, on aboutit à des lois.

On peut ramener ces opérations à deux : d'abord 1 'observation des faits suggère 1 'idée d'une loi générale; ensuite, cette idée ou cette hypothèse est soumise au contrôle.

Ce contrôle se fait par cette déduction que Claude BERNARD a justement appelée un raison­ nement expérimental.

C'est ·dans la première opération que se trouve la démarche vraiment inductive de l'esprit.

b) Nous prenons donc le mot induction au sens strict, entendant par là l'acte par lequel nous nous élevons des faits particuliers à la loi générale qui régit ces faits.

Ainsi, pour prendre un exemple célèbre, Claude BERNARD constate que des lapins qui n'avaient pas mangé depuis longtemps avaient l'urine claire et acide comme les carnivores, mais que leur urine rede­ venait trouble et alcaline quand ils avaient mangé de 1 'herbe.

De ces quelques faits d "observation, Claude BERNARD tire la loi générale : les ani­ maux à jeun ont tous l'urine claire et acide; il conclut même : à jeun tous les animaux se nourrissent de viande.

II.

- LEs PROBLÈMEs DÉ r~'INDUCTION.

Les problèmes que pose l'induction scientifique se commandent les uns les autres et même se compénètrent étroitement.

Nous pouvons, cepen­ dant, en distinguer troi~ essentiels.

A.

Problème psychologique : comment se fait l'induction! -Le psy­ chologue se contente d'observer les démarches de l'esprit.

Pour lui, le problème de l'induction se pose ainsi : quelles sont les opérations par lesquelles l'esprit tire de l'observation ·des faits particuliers, la loi générale? a) La répétition des coïncidences ou des successions pourrait d ·abord créer dans 1 'esprit une association qui ferait attendrè le conséquent dès que l'antécédent apparaîtrait: telle est la réponse de HuME et de l'Ecole associationniste.

Cette théorie peut bien rendre compte de la formation des lois efnpi­ riques comme celles que formulent les proverbes météorologiques, mais elle ne saurait expliquer la formation des lois scientifiques.

En effet, la répétition des expériences, nécessaire pour la création d'une habitude de penser, n'est pas essentielle à la découverte de la loi qu'un fait bien observé suffit à suggérer.

b) Plus satisfaisante est, à première vue, la conception commune qui voit dans l'induction un raisonnement fondé sur le principe de raison suffisante comme majeure :. »