L'inconscient contrarie-t-il la connaissance de soi ?
Publié le 27/02/2008
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Pour Rimbaud « je est un autre ».
Au-delà du je immédiatement présent et appréhendé par le sujet (le cogito cartésien, le sujettranscendantal kantien) existe le moi des profondeurs, préfiguration del'inconscient tel qu'il sera théorisé au XXième siècle.
Pour le poète, c'est parla médiation de l'art que sera donné à voir ce moi des profondeurs : il faut lecultiver pour faire venir sur le devant de la scène le « remuement intérieur ».D'ailleurs, pour Freud, l'art se présente comme l'une des modalités de« sublimation » c'est-à-dire de manifestation extérieure de l'inconscient.
Dansle même ordre d'idée, pour Nietzsche il faut reléguer au second plan le« conscient » et favoriser ce moi des profondeurs, véritable relais des forcesvitales et par conséquent le meilleur témoin du sentiment de puissance, soitde ce qui caractérise fondamentalement l'homme, dans la vérité de son être.Dans une optique quelque peu différente, la théorie de Freud sur l'inconscientest un moyen de libérer l'individu des interdits et tabous que la civilisation faitpeser sur lui elle engage l'homme à devenir vraiment lui-même.
Pour Nietzsche comme pour Freud, (quoique selon des conceptionsdifférentes de l'homme) l'inconscient joue donc le rôle de révélateur : il estdonc un instrument essentiel pour accéder à une connaissance de soi à la foisriche de sens (l'inconscient révèle le passé, l'éducation, la culture danslaquelle on a grandit) et véridique (il dit ce qu'il en est de l'homme réellement,au-delà des effets de surface).
III. L'inconscient contrarie la connaissance de soi : il révèle l'homme à lui-même de manière douloureuse Révélateur, l'inconscient au sens premier concerne ce qui en chacun de nous est refoulé.
Pour le dire simplement, le refoulé l'est parce qu'il renvoie chacun à une part de lui qu'il préfère occulter, oublier, et ce parcommodité ou confort.
Le rôle de la psychanalyse est précisément de mettre en lumière ces aspects refoulés : lapsychanalyse est toujours douloureuse. Enfin, l'inconscient peut également apparaître comme le véritable maître de l'individu qui nous gouvernerait secrètement, c'est à dire inconsciemment (faire quelque chose sans réfléchir ou plus fondamentalement, ne pasconnaître clairement les motifs qui nous poussent à agir par ex). Contrariée, la connaissance de soi l'est donc au sens propre : les révélations de l'inconscient ou l'échec qu'essuie le moi face à la suprématie insidieuse de l'inconscient sont véritablement contrariantes.
La conscience de soi se distingue du sentiment immédiat de soi.
On peut définir la véritable conscience de soicomme la connaissance des causes qui nous déterminent.
Dans ce sens, la découverte progressive de soi est unelibération, la liberté n'est pas donnée mais elle s'acquiert.
Cela est sensible, par exemple, dans la curepsychanalytique qui libère en dévoilant les replis cachés de l'inconscient.
Le but du traitement psychanalytique est de ramener au plein jour.
Il faut décoder les symptômes grâce àl'interprétation des rêves, ou à l'association libre.
Une fois les désirs dévoilés, il faut les rendre inoffensifs, soit par lasublimation, soit par un jugement critique conscient: la conscience peut exercer son pouvoir maintenant qu'elleconnaît la raison de son mal. Pour aller plus loin, on pourra lire les lignes ci-dessous se rapportant au but de la cure analytique: Dans la trente et unième des « Nouvelles conférences d'introduction à la psychanalyse » (1932), intitulé « La décomposition de la personnalité psychique », Freud décrit le but du traitement psychanalytique par cette formule : « Là où « çà » était, « je » dois devenir », où le « ça » représente l'inconscient.
Il est remarquable que la traduction de la phrase allemande ait prêté à controverses. Pour comprendre l'enjeu de cette phrase, il faut garder à l'esprit que la psychanalyse, avant d'être une discipline, voire une science, est avant tout une thérapie, une façon de guérir des patients. Dans notre texte, Freud affirme « C'est que l'être humain tombe malade en raison du conflit entre les revendications de la vie pulsionnelle et la résistance qui s'élève en lui contre elles ».
La maladie provient d'un conflit entre les normes « éthiques, esthétiques et sociales » et des désirs qui « semblent remonter d'un véritable enfer ».
Or ces désirs censurés ne sont pas plus conscients que la censure elle-même.
Le malade subit donc un combatinterne dont il n'a ni la maîtrise, ni la connaissance : « La psychanalyse entreprend d'élucider ces cas morbides inquiétants, elle organise de longues et minutieuses recherches, elle se forge des notions de secours et desconstructions scientifiques et, finalement peut dire au moi : « il n'y a rien d'étranger qui se soit introduit en toi,c'est une part de ta propre vie psychique qui s'est soustraite à ta conscience et à la maîtrise de ton vouloir. »
En quoi consiste alors le traitement ? A traduire l'inconscient en conscient : « On ne prête pas assez attention dans cette affaire à un point essentiel, à savoir que le conflit pathogène des névrosés n'est pas comparable à une lutte normale que des tendances psychiques se livrentsur le même terrain […] Il y a lutte entre des forces dont quelques-unes ont atteint la phase du […] conscient, tandis que les autres n'ont pasdépassé la limite de l'inconscient.
C'est pourquoi le conflit ne peut aboutir que lorsque les deux se retrouvent sur le même terrain.
Et je crois que laseule tâche de la thérapeutique consiste à rendre cette rencontre possible. » (« Introduction à la psychanalyse »). Le but de la cure est donc de faire que le patient, au lieu de subir un conflit dont il n'a pas la maîtrise, puisse prendre conscience de celui- ci.
Un conflit qui existe mais n'est pas posé ne peut être résolu.
Seule la claire conscience des désirs qui agitent le patient, et des choix qu'il doit.
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