L'inconscience rend-elle toute morale impossible ?
Publié le 27/02/2008
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- Il faut reconnaître que l'inconscience considérée comme naturelle et nécessaire ne peut être soumise à la morale.Nous avons tous besoin de dormir, cela est automatique.
De même, l'évanouissement qui représente un cas possibled'inconscience n'est pas de fait, volontaire et ne peut réellement être maîtrisé.
De même, l'inconscience considéréecomme pathologie( la folie, les troubles mentaux) n'est pas véritablement jugée par les tribunaux, parce que l'auteurn'est pas maître des manifestations.
Pourtant, toutes les sortes d'inconsciences ne sont pas en dehors de notrepouvoir.En effet, réduire la liberté à la simple conscience des choses peut entraîner des abus.
Pour Sartre, la théorie del'inconscient freudien est un exemple de mauvais foi.
Selon le philosophe français, il est trop facile de rejeter nosfautes en affirmant que nous n'avions pas conscience de nos actes.
Pour lui, la liberté de l'homme est totale et nepeut être refusée.
L'homme est tout le temps responsable de ses actes.
Il n'a pas de nature définie, Dieu n'existepas.
Ce qui revient à dire que l'homme se choisit en permanence.
C'est pour cette raison que Sartre écrit que« l'homme sera d'abord ce qu'il aura projeté d'être (...) l'homme est responsable de ce qu'il est.
Ainsi, la premièredémarche de l'existentialisme est de mettre tout homme en possession de ce qu'il est et de faire reposer sur lui laresponsabilité totale de son existence.
» De fait, si je suis inconscient, dans le sens où je n'ai pas réfléchi à mes actes et que je n'ai pas la connaissance dela portée de mes actes, c'est que j'ai choisi de ne pas réfléchir et de ne pas essayer de me projeter vers l'avenir.Tant que j'existe je conserve la ressource d'orienter mon avenir.
On choisirait donc l'inconscience. - L'homme, en effet, est un être raisonnable, dans ce sens qu'il est doué de raison.
Marc-Aurèle écrit à propos del'homme dans Pensées pour moi-même que « En troisième lieu, il est dans la constitution d'un être raisonnable de ne pas se montrer prompt à juger, ni facile à duper.
» Il serait dans la nature même de l'homme de se servir de saraison et de prendre le temps de juger.
Il est donc tout à fait capable de prendre en compte les données du mondeet d'essayer de prévoir les conséquences de ses actes.
Quand nous roulons vite, on peut parler d'inconscienceparce que nous ignorons le danger.
Pourtant, nous sommes capables de savoir que la vitesse est un facteur derisque et que de nombreuses personnes meurent sur les routes par sa faute.
Si l'inconscience est un manque deconnaissance, l'homme peut œuvrer pour développer ses connaissances sur le monde.
Personne n'est excusable dene pas essayer de s'interroger sur le monde et d'essayer d'apprendre des nouvelles choses.L'inconscience peut donc être résorbée et à ce titre, ne ruine aucune morale.
C'est bien la liberté de chaque hommequi fonde la morale et cette liberté tout le monde la possède.- de même, si on considère l'inconscient freudien comme un type d'inconscience particulière, cette inconscience estaccessible à la conscience et l'homme reste responsable du choix ou non d'essayer de la faire venir au jour.L'inconscient est le résultat de l'histoire du sujet et c'est le sujet – et lui seul – qui, par le travail analytique peut enressaisir le sens et se l'approprier.
C'est ce mouvement de ré-appropriation de son histoire que traduit la formule deFreud « Wo Es war, soll Ich werden » qui signifie « là où le ça( principe pulsionnel inconscient) était, je doisadvenir).Si l'on accorde le fait que la conscience se cultive ou se travaille, peut-être est-on, à l'inverse, fondés à penser quecelui qui est inconscient l'est également en partie par sa faute dans la mesure où il ne s'oblige pas assez à penser, às'interroger, et à interroger le monde.
Développer notre conscience est un devoir moral - Kant écrit ainsi « si je peux, je dois ».
Il affirme à ce propos, que la raison est partagée par tous et qu'il est denotre devoir de nous en servir.
Il y aurait donc une obligation morale à essayer de se servir de sa raison pourévaluer nos actes.
Puisque l'homme est un être rationnel, il a le pouvoir de réfléchir sur ses actes et il a donc uneobligation morale de le faire.
Si on reprend l'impératif catégorique kantien, que constitue la loi morale, on se rendcompte que l'inconscience ne peut être une excuse pour l'immoralité.
La loi morale nous dicte de Or, si tout lemonde choisissait de rester dans l'inconscience, l'humanité disparaîtrait.
Tout le monde ferait n'importe quoi sansessayer d'interroger le monde, les conséquences de ses actions.
Si je ne puis être véritablement responsable desfaits accomplis par inconscience, je suis responsable même de ne pas essayer de développer ma conscience et derésorber mon inconscient.- Spinoza dans Ethique évoque la responsabilité qu'a la conscience d'essayer de comprendre ce qui détermine ce qui se passe dans l'inconscience.
Il y alors une obligation morale à essayer de comprendre nos déterminationsinconscientes.
L'homme est le seul être qui possède la conscience et à ce titre, il doit tout faire pour la conserver.De plus, il faut bien voir que la morale elle-même se définit par la méthode pour bien penser et pour bien réfléchir àses actes.
La morale serait alors elle-même se développement de la conscience par elle-même.
Pascal, enremarquant dans ses Pensées que la conscience fait la grandeur de l'homme, écrit ceci : "notre dignité consiste donc en la pensée.
C'est de là qu'il nous faut relever et non de l'espace et de la durée, que nous ne saurionsremplir.
Travaillons donc à bien penser : voilà le principe de la morale".
L'inconscience au même titre que l'ignoranceest une faute morale.
Nous nous sommes tous dit un jour : « j'aurais dû me renseigner avant », « j'aurais dû prévoircela ».C'est pour cela que le principe même de la philosophie semble être moral.
Les premiers questionnements desphilosophes antiques portent en effet sur la définition du Bien suprême et des « bonnes actions ».
Ainsi, Aristote,dans Ethique à Nicomaque , cherche par exemple à définir ce Bien que tout le monde tente d'atteindre.
Kant en énonçant les quatre questions principales que doit se poser un homme, place la question morale comme occupantune place importante dans la philosophie.
Il s'agit de se demande « que dois-je faire ? » En posant cette question,j'opère un retour sur moi-même et une prise en compte du monde.
La morale ne va pas de soi.
Elle oblige unquestionnement et ce questionnement chaque homme doit se le poser lui-même.
Nous agissons souvent dans la viepar habitude et la réflexion véritablement morale semble s'affaiblir.
Il revient alors à chacun de la faire revenir.Bergson, en identifiant la conscience à un choix, essaie de montrer que l'habitude et les actions automatiques.
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