Devoir de Philosophie

l'illusion est-elle réductible à l'erreur ?

Publié le 26/11/2005

Extrait du document

illusion
Freud pousse plus loin l'analyse et soutient que l'illusion est positive, elle n'est pas un vain jeu de tromperie réciproque, par exemple l'illusion religieuse permet de reconduire de manière dérivée le désir enfantin de protection (voir L'avenir d'une illusion).             L'erreur ne semble avoir aucune fonction sociale, et comme l'écrit Deleuze dans Différence et répétition elle est toujours liée à une norme du vrai et du faux, inscrite dans une relation binaire. Mais l'illusion, à l'inverse ne témoigne en faveur d'aucune norme, elle devient elle-même norme (la religion par exemple). L'erreur paraît avoir bien plus de parenté avec la faute (cf les problèmes juridiques et éthiques : une erreur médicale est-elle une faute professionnelle ? Ou à l'inverse, la maladie qu'on prenait avant pour une malédiction et qui est devenue une simple « erreur de recopiage » dans la chaîne Adn, voir Canguilhem « Un nouveau concept en pathologie : l'erreur »).   III-La résistance de l'illusion.               Au début de « la dialectique transcendantale », dans la Critique de la raison pure Kant distingue entre deux sortes de paralogismes, « Le paralogisme logique consiste dans la fausseté formelle d'un raisonnement, quel qu'en puisse être par ailleurs le contenu. Un paralogisme transcendantal, en revanche, possède un fondement transcendantal qui incite à produire des conclusions formellement fausses ». Ce fondement c'est une illusion de la raison, celle-ci a l'impression de connaître à l'aide de raisonnement les Idées : l'âme, le monde et Dieu. Or Kant montre que cette connaissance est illusoire, en cela qu'elle n'est fondée sur aucune intuition sensible, simplement c'est une illusion interne à la raison ; et si la critique peut mettre une telle carence en évidence, elle ne peut la vaincre entièrement, à l'inverse de l'erreur qui elle ne résiste pas à la correction (paralogisme logique).

L'erreur se présente à la pensée comme un concept relativement lâche, est-ce un acte : « commettre une erreur « ou bien un état : « être dans l'erreur « ; quel rapport entre l'erreur commise au cours d'un jeu radiophonique et l'erreur de Le Verrier qui crût découvrir une nouvelle planète en supposant que les irrégularités dans la rotation de Mercure s'expliquaient par la présence d'une planète (« Vulcain «, années 1870) dans son orbite ? La notion d'erreur est-elle assez large pour subsumer celle d'illusion ? Ne s'agit-il pas dans l'un et l'autre cas d'un jeu entre le vrai et le faux ? Cependant l'irréductibilité de l'illusion semble assez vite s'imposer à la pensée, n'a-t-elle pas cette dimension affective étrangère à l'erreur ? Tout notre problème tourne autour de la façon de présenter la nuance qui sépare les deux notions engagées.

illusion

« L'erreur est l'acte de l'esprit qui juge vrai ce qui est faux, ou inversement.

L'illusion serait un cas d'erreur particulier :celui qui la commet est trompé par une apparence.

Si l'erreur semble active, l'illusion est passive.

Mais l'erreur netient-elle pas sa force de l'illusion ? Soit une erreur de calcul : « 2 + 5 = 10 », dit celui qui confond les règles de l'addition et celles de la multiplication.Sitôt révélée, l'erreur disparaît, rectifiée par le savoir, l'expérience ou le raisonnement.

Certes, on ne mettra pas surle même plan l'erreur commise dans le cadre de théories explicatives qui se modifient, tel le modèle géocentrique desépicycles de Ptolémée, destiné à expliquer le mouvement des planètes.

Pourtant, le mouvement rétrospectifd'élimination - par le modèle copernicien dans le cas de Ptolémée - vaut toujours.

Il vaut aussi pour l'illusion qu'ondécouvre après coup, comme celle du trompe-l'oeil ou comme l'illusion enfantine de la toute-puissance des parents.Mais les illusions ne disparaissent jamais complètement.Les apparences ravivent la tentation du jugement illusoire car il correspond à un désir ou à une peur - ici la faiblessede l'enfant, là le désir d'appréhender les choses de la façon dont nos sens ont l'habitude de se les représenter.

Lesujet illusionné subit à la fois la situation trompeuse et son propre désir.

Tout pourrait-il être illusoire ? L'erreur vexe la raison moins gravement que l'illusion.

Ce d'autant que l'erreur témoigne d'une puissanced'indétermination des comportements humains - « erreur » vient de « errer ».

Une machine ne fait pas d'erreur : elletombe en panne.

L'instinct animal est caractérisé par la sûreté du savoir-faire qui permet d'enchaîner lesautomatismes.Pouvoir se tromper indique que l'on n'agit pas automatiquement.

L'erreur témoigne de la liberté dans sa dimensioncontingente de choix.

Descartes note l'activité de la volonté dans l'erreur.

La volonté infinie coopère avecl'entendement fini pour affirmer ou nier les idées que celui-ci lui présente.

Si l'idée est obscure et/ou confisse, lavolonté peut affirmer plus que ce que l'entendement a conçu.

Puisque la volonté de l'homme, ce demi-dieu, est libre,précipitation et prévention favorisent l'erreur sans l'expliquer.

Prenons l'exemple de l'étonnement suscité par le casd'hystérie masculine présenté par Freud.

Le préjugé antiféministe voulait alors que les désordres du comportementhystérique fussent dus à un vagabondage de l'utérus à travers le corps...

Cet exemple montre la dépendance del'erreur envers l'illusion, en ce que l'intelligence médicale de l'époque était victime et complice des apparences - il yavait moins de cas d'hystérie masculine. La vie et les passions transforment l'errance en erreur par le biais de l'illusion.

Les progrès du savoir révèlent l'erreuret la rectifient, au prix„ souvent, de cruelles désillusions.

Freud pointe ainsi les trois blessures narcissiques subiespar l'humanité : la fin de l'illusion géocentrique empêche l'homme de se croire placé au centre du monde ; les progrèsde la biologie le ramènent au rang des autres espèces animales du fait de l'évolution ; enfin, la psychanalyse luiapprend que sa conscience souveraine n'est qu'une partie de son psychisme.

L'homme est-il capable de se dépasserlui-même afin de supporter les conséquences parfois très lourdes de ses erreurs et l'amertume de la désillusion ?. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles