Lié Vérité et Politique
Publié le 03/02/2013
Extrait du document
«
politique qui comprend une action condamnable doit avoir une finalité noble.
C’est ce que pensait
Machiavel, qui conseille de devenir « grand simulateur et dissimulateur, d’apprendre à manœuvrer par
ruse la cervelle des gens » au nom de l’efficacité.
Cependant, le pouvoir de l’Etat n’est jamais pour lui
l’exercice de la force pure : la finalité de la politique est d’instaurer de « bonnes lois », pour la défense de
l’intérêt général.
La politique selon Machiavel serait l'art de faire accroire des faussetés salutaires pour
quelque bonne fin.
La politique, si elle ne doit pas être immorale, peut cependant se permettre d’être
amorale si cela lui permet d’atteindre une finalité juste.
User de mensonges pour accomplir le bien public,
même si ce principe reste moralement et intellectuellement condamnable, reste une attitude
philosophique opposée à celle qui fait du mensonge l'instrument de fins viles.
Une finalité plus ou moins
morale serait donc une des conditions qui rendrait le mensonge légitime en politique.
De même qu'il est illusoire de penser que les politiciens vont gouverner d'après les seuls faits, de même
est-il indispensable de restreindre la tendance de tout pouvoir à manipuler les faits à son avantage.
À
cette fin, les régimes libéraux réfrènent les excès du pouvoir par une constitution et des freins et
contrepoids qui divisent la puissance publique.
Toutefois, Arendt doute que la limitation constitutionnelle
du pouvoir soit un rempart suffisant contre le mensonge politique.
Si le domaine politique est emprunt de
mensonges, il faudrait que certains domaines dans la société en soient préservés, afin qu’il y ait un réel
contrepoids.
Le domaine de l’enseignement ou de la presse par exemple devraient être des endroits où la
vérité et l’impartialité soient de véritables règles.
Cette impartialité de la presse et des médias, que
Hannah Arendt considère comme indispensable, pose de gros problème dans notre société actuelle, ou ce
type d’institutions relayent impunément les mensonges des politiques.
Enfin, le mensonge peut être légitime quand il se présente comme une substitution à un usage de la
violence.
Le mensonge peut s’avérer être un moyen moins dévastateur de préserver la paix.
Donc si la
vérité ne doit pas se poser comme règle politique et que le mensonge se trouve être un moyen légitime, il
faut cependant que celui-ci soit encadré par des règles précises, par exemple qu’il ne soit pas généralisé
à tous les domaines de la société, ou qu’il comporte la recherche d’une finalité juste.
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Mais lorsque l’on se pose la question de savoir si la vérité doit être une règle politique, on ne sous-entend
pas uniquement la notion d’efficacité, mais également une obligation qui serait morale.
Or légitimer le
mensonge en politique laisse de côté la notion de morale.
N’existe-t-il pas une certaine morale
individuelle qui condamne le mensonge, à l’échelle de l’individu comme à l’échelle de la nation ? En effet,
on pourrait se poser la question de la dignité d’un pouvoir politique qui serait totalement amoral.
Selon Platon, la morale est intimement liée au domaine politique, puisque le but ultime de la politique,
c’est la justice, c’est-à-dire l’application du Bien, donc la morale.
Le plus grand désir de Platon est de faire
triompher la vérité dans les faits, et en particulier d’établir une organisation politique et sociale conforme
à la vérité.
Il veut mettre à la tête de la cité ceux qui ont un caractère philosophe : c’est-à-dire qui
possèdent l’amour passionné de la vérité.
On est donc bien loin de la vision politique actuelle.
Une cité
qui serait basée sur le mensonge serait une cité viciée et indigne.
Seules les cités justes ont un droit
légitime.
C’est l’idée qu’énonce Emile Zola lorsqu’il dit : > La vérit é e t
la justice sont souveraines , car elles seules assuren t la grandeur des
na tions .
»
« Une socié t é n'est for t e que lorsqu'elle m e t la véri t é sous
la grande lumière du soleil .
»
De plus, le manque de véracité des politiques, lorsqu’elle est découverte, discrédite la parole des
dirigeants et la confiance que les citoyens ont placé en eux.
Or cette confiance est indispensable au
progrès et au bonheur de la société.
Le mensonge, qui est censé assuré la cohésion sociale lorsqu’il est
dissimulé, divise socialement lorsqu’il est découvert à grande échelle.
Car la méfiance envers les autres
engendre une agressivité mutuelle et empêche le progrès (comme par exemple la mise en place d’un
droit international).
Le mensonge n’est efficace que si la majorité du peuple croit en son subterfuge.
Si le
peuple n’est pas dupe, la vérité est toujours préférable afin de mettre en place une société pérenne et
morale, qui bien que risquant la division par l’annonce de certaines vérités difficile à entendre, assurera
une relation plus juste entre les dirigeants et les dirigés.
Le mensonge en politique n’est légitime si l’on se trouve dans l’optique de conserver la cohésion sociale
au prix de toutes autres valeurs morales, et si l’on considère que le but ultime de la politique est une
certaine recherche de pouvoir.
.
Mais si l’on souhaite accéder à une société réellement juste, l’exercice de.
»
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