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L'idée d'une liberté totale a-t-elle un sens ?

Publié le 31/03/2004

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Faut-il en déduire que l'idée d'une liberté totale n'aurait aucun sens ? Doit-on plus prudemment admettre l'existence, entre l'idée et l'exercice, d'une différence telle que la première puisse être absolue et le second seulement relatif ? Si la restriction pratique détermine une limitation de l'idée, cela révèle que l'idée et le réel se déterminent réciproquement, évoluent au même rythme. Si par contre on affirme l'indépendance de la conception intellectuelle relativement aux aléas de la réalité historique, on peut considérer que l'idée de liberté totale n'a pas seulement du sens : elle est la seule conception possible de la liberté. I- Le développement historique de l'idée A. Point de vue hégélienConstat facile : l'homme grec était moins libre que l'homme moderne. Hegel en déduit que le concept de liberté était lui-même incomplet. Conséquence : l'idée de liberté est soumise à une progression, qui la généralise de plus en plus et lui donne une définition de plus en plus vaste.Dès lors, c'est à la fin de son histoire que l'idée de liberté totale est possible et prend du sens. Tant que dure cette histoire, l'idée ne peut que demeurer inachevée, partielle (la fin de cette histoire coïncide avec sa prise de conscience, c'est-à-dire avec le système hégélien).
Le sujet interroge la thèse selon laquelle l’idée d’une liberté totale aurait donc non seulement une signification mais aussi pourrait constituer une fin, un idéal à réaliser. Il ne s’agit donc pas d’abord d’analyser si une telle liberté peut exister mais de voir si elle est une idée recevable (non contradictoire par exemple) et si elle peut constituer un idéal (le terme d’idée a le sens ici de représentation qu’il faut distinguer de la réalité). Que recouvre donc cette idée de « liberté totale « ? Ne conduit-elle pas à concevoir la liberté comme un tout indifférencié, vidé de sa substance et abstrait ? Cette idée qui refuse toute restriction à la liberté n’est-elle pas limitée ? Il s’agit donc à la fois d’envisager à quelles conditions cette idée est possible et d’analyser aussi sa légitimité.

« III - Le point de vue ontologique A.

L'existentialisme sartrienIl confirme, en un sens, Kant, mais d'un point de vue tout autre : c'est parce que l'homme naît sans essence qu'ilest cette fois « condamné » à être libre.

Même constat : cette liberté est absolue et s'accompagne d'uneresponsabilité écrasante.

Puisque Dieu n'existe pas, aucune transcendance ne peut m'aider à effectuer mes choix,et m'abriter derrière un avis extérieur serait trahir ma liberté en même temps que mon humanité : je suis doncresponsable de tout, et de tous.

La liberté totale est un fardeau à assumer. « Dostoïevsky avait écrit : « Si Dieu n'existait pas,tout serait permis ».

C'est là le point de départ del'existentialisme [...].

Autrement dit, il n'y a pas dedéterminisme, l'homme est libre, l'homme est libéré.

Si,d'autre part, Dieu n'existe pas, nous ne trouvons pasen face de nous des valeurs ou des ordres quilégitimeront notre conduite.

Ainsi, nous n'avons nidevant nous, ni derrière nous, dans le domainelumineux des valeurs, des justifications ou desexcuses.

Nous sommes seuls, sans excuse.

C'est ceque j'exprimerai en disant que l'homme est condamné àêtre libre.

» SARTRE. Dans « L'existentialisme est un humanisme », tirant les conséquences « morales » du principe existentialiste : « L'existence précède l'essence », Sartre en conclut que nous sommes radicalement libres, et par suite radicalement responsables.

Si « nous sommes condamnés à être libres », c'est que nous devons assumer une liberté que nous n'avons pas choisie, mais qui nous définit. La philosophie de Sartre est un philosophie de la liberté, dont les prémisses reposent sur la fameuse formule : « L'existence précède l'essence ». La conséquence la plus immédiate de ce principe est que « l'homme n'est rien d'autre que ce qu'il se fait ».

Nous sommes tout entier liberté, libres –dans les limites de notre condition, de notre situation- de nous faire.

Aucunenature humaine, aucun destin ne dicte notre conduite.

La liberté est ici l'absence de norme qui préexisterait à notreaction. Or, cette conscience de notre liberté ou de notre totale responsabilité peut provoquer soit l'angoisse qui s'emparede nous face à cette responsabilité, soit toutes les conduites de « mauvaise foi » qui visent à nous dissimuler cette liberté, à nous démettre de nos responsabilités en accusant le destin, les circonstances, ou la pression d'autrui.C'est pourquoi « nous sommes condamnés à être libres.

» Bien saisir la conception sartrienne de la liberté, de l'angoisse et de la mauvaise foi, présuppose que l'on ait saisi ceque signifiait : « L'existence précède l'essence ». Tout objet fabriqué a d'abord été conçu.

Pour reprendre l'exemple de Sartre , un coupe-papier est un objet fabriqué par un artisan, selon une idée préalable dont il déduit la façon de fabriquer l'objet.

Aucun objet technique n'estproduit sans que son utilité n'ait d'abord été définie, sans que sa nature ou son essence (« c'est-à-dire l'ensemble des recettes et des qualités qui permettent de le produire et de le définir ») ne soit posée. Autrement dit, ici, l'essence précède l'existence.

Chaque coupe-papier existant n'est qu'un exemplaire du conceptou de l'essence de coupe-papier. Dans la conception traditionnelle, l'homme est créé par Dieu, il est produit selon une définition de la naturehumaine.

Ainsi chaque homme existant n'est qu'une réplique ou une version d'une nature humaine, d'une essenceunique, présente dans l'esprit divin.

Sartre conclut que dans cette vision traditionnelle, à laquelle il s'oppose avec vigueur, puisque l'essence précède l'existence : « L'homme des bois, l'homme de la nature, comme le bourgeois sont astreints à la même définition et possèdent les mêmes qualités de base.

». »

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