Liberté et responsabilité
Publié le 05/01/2020
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responsable, que je suis libre. C'est d'abord parce que l'autre me demande quelque chose, que j'appréhende ensuite ma liberté comme pouvoir de lui répondre ou non.
Dès lors, la liberté ne peut plus être repli sur soi, mais ouverture à l'autre. Elle n'est plus refuge, mais exposition. Elle n'est pas assurance, mais risque. La liberté a été longtemps pensée comme maîtrise : maîtrise de l'homme sur lui-même, maîtrise de l'homme sur la nature. Mais ce désir de maîtrise, pour légitime qu'il soit, ne doit pas nous faire oublier notre dépendance essentielle à l'égard de ceux sur qui nous n'avons aucun droit, mais au contraire une dette infinie : ces hommes qui nous ont précédé et ces hommes qui vont naître (texte 24). Préserver la liberté, c'est alors réserver l'avenir, dans un double mouvement de sauvegarde et de mise à disposition d'un monde où d'autres hommes puissent, à leur tour, vivre et exercer leur liberté.
une contrainte. Mais alors que la contrainte légale, parce qu'elle ne laisse pas place au choix, s'oppose à la liberté, la contrainte morale est une contrainte librement consentie. Autrement dit l'idée de devoir moral suppose la liberté.
Mais comment puis-je savoir si je suis libre? C'est à cette question que Kant s'est efforcé de répondre. Nous sommes en effet soumis au déterminisme. Toute action résulte d'une cause qui l'a précédé dans le temps. Mais le temps n'est que la forme a priori de notre sensibilité à travers laquelle nous appréhendons la nature comme phénomène, non comme chose en soi. Il est par conséquent possible de penser une causalité libre, c'est-à-dire hors du temps. Mais pouvons-nous affirmer qu'elle existe? Autrement dit, pouvons-nous non seulement penser la liberté, mais encore la connaître? Oui, répond Kant, par l'expérience du devoir. « Tu dois, donc tu peux », telle est la formule à travers laquelle l'homme découvre en lui la liberté (texte 21).
La liberté est l'obéissance à la loi morale, qui s'impose à tous les êtres rationnels : « Agis de telle sorte que la maxime de ta volonté puisse toujours valoir en même temps comme principe d'une législation universelle» (texte 22). .Être responsable, c'est alors devoir répondre devant tous les hommes d'actes au travers desquels j'engage l'humanité toute entière.
L'autre comme condition de ma liberté
La liberté n'est plus alors seulement la liberté du sujet. Elle est bien plutôt celle de l'autre, qui m'oblige à lui répondre. Je ne peux pas faire comme si les autres n'existaient pas. Mon existence est toujours précédée par celle des autres et s'inscrit d'emblée dans une socialité qui excède de toutes parts les limites de mon intériorité. Vouloir se retrancher en son for intérieur, se préserver de toute incursion étrangère, c'est refuser l'altérité essentielle qui me convoque (texte 23). Être libre, ce n'est alors pas tant être soi, qu'être libre pour l'autre, c'est-à-dire être disponible. Je ne suis pas responsable, parce que je suis libre, mais au contraire c'est parce que je suis
«
reconnaissons pas? N'avons-nous pas été victimes de
circonstances ou de déterminismes contre lesquels nous
ne pouvions agir?
Sommes-nous condamnés
à être libres ?
«Je suis condamné à être libre » : cette affirmation de
Sartre peut certes sembler paradoxale.
Elle exprime
cependant avec force que la liberté se confond avec la
définition même de l'homme.
Si l'homme est libre, c'est
parce qu'il n'est pas un objet possédant des propriétés ou
des caractéristiques déterminées une fois pour toutes,
mais qu'il est, au contraire, un sujet, c'est-à-dire une
conscience.
Or la conscience n'est pas une «chose»,
mais ce par quoi je me rapporte à quelque chose, dont je
suis distinct : à ce passé que je ne suis plus, au futur que
je ne suis pas encore.
Prétendre expliquer ses actes à
partir d'une nature donnée une fois pour toutes -que ce
soit pour s'en décharger, ou au contraire pour les
revendiquer -c'est se tromper soi-même (texte 19).
Car
vouloir se ressaisir dans une identité rassurante est en fait
impossible: en l'homme « l'existence précède l'essence «
Parce qu'il n'est rien, l'homme est condamné à se faire,
autrement dit l'homme n'est que ce qu'il se fait.
Mais par
les choix qu'il fait, y compris les plus personnels, l'homme
engage du même coup l'humanité tout entière.
En
choisissant d'être un certain type d'homme, nous
affirmons en même temps la valeur de ce que nous
choisissons.
L'homme est « responsable de tous les
hommes», nous dit Sartre (texte 20).
Devoir moral et liberté
Cependant, nous ne sommes pas seulement
responsables de tous les hommes, mais encore devant
eux.
Cette responsabilité n'est pas uniquement d'ordre
juridique, elle est aussi morale : nous avons encore des
devoirs à l'égard d'autrui, quand bien même nous serions
en règle à son égard du point de vue de la stricte légalité.
Or ces devoirs viennent parfois contredire nos intérêts
égoïstes.
C'est pourquoi ils peuvent être ressentis comme.
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