Liberté et nécessité de SPINOZA
Publié le 05/01/2020
Extrait du document
«
qu'un enfant croit désirer librement le lait, et un jeune garçon irrité
vouloir se venger s'il est irrité, mais fuir s'il est craintif.
Un
ivrogne croit dire par décision libre ce qu'ensuite il aurait voufü
taire.
De même un dément, un bavard et de nombreux cas de ce
genre croient agir par une libre décision de leur esprit et non pas
portés par une impulsion.
Et comme ce préjugé est inné en tous les
hommes, ils ne s'en libèrent pas facilement.
SPINOZA, Lettre à Schu/ler, trad.
R.
Misrahi, coll.
«Bibliothèque de La Pléiade», Gallimard, 1954, pp.
1251-1252.
POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE
Spinoza commence par poser une définition de la
liberté.
La liberté, c'est la nécessité.
La nécessité
s'oppose à la contingence, c'est-à-dire au caractère d'une
chose qui aurait pu ne pas être.
Il n'y a pas, pour Spinoza,
de contingence, y compris en Dieu.
Le monde crée par Dieu
existe nécessairement et ne résulte pas d'un libre décret
divin.
Mais en Dieu, la liberté est parfaite : il existe et agit
par la seule nécessité de sa nature.
La véritable opposition est celle qui oppose non pas
liberté et nécessité, mais nécessité interne et nécessité
externe.
En tant que parties de la nature, les «choses
créées» sont soumises à la nécessité externe, au niveau de
l'existence, bien sûr, puisqu'elles sont créées, mais aussi au
niveau de l'action, puisqu'elles sont déterminées à agir par
des causes extérieures à elles.
La pierre continue de rouler
non par elle-même, mais en vertu du principe d'inertie.
Cet
exemple montre bien que le modèle de nécessité dont
parle Spinoza est celui de la mécanique classique.
La
nécessité ici est celle des lois de la nature, et non celle
d'une puissance arbitraire, ou du destin.
L'ordre et la
connexion des choses est «précis et déterminé».
La croyance à la liberté -au sens de libre-arbitre- est une
illusion, qui résulte elle-même d'une cause: l'ignorance de
ce qui nous détermine.
Cette illusion est mortifère,
puisqu'elle conduit au regret et au repentir, sentiments qui
signent notre impuissance, bien plus qu'ils ne signalent une
prétendue puissance de choisir le niai contre le bien..
»
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