Liberté et morale chez SAINT THOMAS D'AQUIN.
Publié le 30/08/2014
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L'homme est libre : sans quoi conseils, exhortations, préceptes, interdictions, récompenses et châtiments seraient vains. Pour mettre en évidence cette liberté, on doit remarquer que certains êtres agissent sans discernement, comme la pierre qui tombe, et il en est ainsi de tous les êtres privés du pouvoir de connaître. D'autres, comme les animaux, agissent par un discernement, mais qui n'est pas libre. En voyant le loup, la brebis juge bon de fuir, mais par un discernement naturel et non libre, car ce discernement est l'expression d'un instinct naturel [...]. Il en va de même pour tout discernement chez les animaux.
Mais l'homme agit par jugement, car c'est par le pouvoir de connaître qu'il estime devoir fuir ou poursuivre une chose. Et comme un tel jugement n'est pas l'effet d'un instinct naturel, mais un acte qui procède de la raison, l'homme agit par un jugement libre qui le rend capable de diversifier son action.
SAINT THOMAS D'AQUIN.
En affirmant que l'exercice du jugement libre renvoie, d'une part à la présence en nous de la raison, et de l'autre, à la possibilité de la moralité, saint Thomas formule un thème qui sera durablement présent dans la réflexion philosophique. On a donc dans ce texte une approche classique de ces notions — mais qui va ultérieurement se complexifier, notamment lorsqu'on tentera de mieux cerner, comme le fera Kant, d'où proviennent les valeurs qui permettent d'effectuer le choix moral.
«
CORRIGÉ
[Introduction]
Juger n'est pas seulement une activité logique, et le jugement a aussi
une portée normative ou morale.
Mais qu'implique le fait de juger correc
tement ou non, ou d'apprécier la qualité morale d'une conduite? Pour
saint Thomas, cette capacité, uniquement humaine, doit être mise en rela
tion avec la présence, en nous, de la raison, et elle fournit un indice de
notre liberté.
[1 -Modalités différentes du comportement]
Pour établir sa première affirmation - « l'homme est libre » -saint
Thomas effectue une hiérarchie des comportements observables parmi les
principales catégories d'êtres.
Au plus bas, on rencontre
« certains êtres » -il semble s'agir en fait
uniquement de ceux qui appartiennent au minéral ou au végétal -dont
on peut affirmer
qu'ils« agissent sans discernement», c'est-à-dire sous le
seul effet des lois de la nature et du déterminisme.
Ainsi en va-t-il par exemple de la pierre qui tombe (dont, contraire
ment à ce qu'affirmait Aristote, saint Thomas ne semble pas admettre
qu'elle chercherait à rejoindre, dès qu'on l'en écarte de force, le
«lieu»
qui lui est propre).
De tels êtres sont privés de tout pouvoir de connaître,
et c'est
donc« aveuglément» qu'ils sont soumis à des mouvements qui ne
dépendent pas d'eux.
En second lieu se trouvent les animaux.
Ce qui les distingue des pre
miers êtres, c'est qu'ils ont
du discernement, soit la capacité à réagir en
fonction de ce qui leur convient.
Mais ce discernement est
« naturel » et
non
«libre» : il ne dépend que d'un instinct, qui contraint l'animal à un
certain type de réaction sans lui laisser la possibilité de le suspendre ou de
le modifier.
La brebis fuit devant le loup par une sorte d'automatisme, qui
n'implique ni réflexion
ni authentique décision : elle ne choisit pas de
fuir, elle y est obligée, au point que l'on imagine mal qu'une brebis, au
lieu de fuir devant le loup, se mette au contraire à l'attaquer pour que ce
soit lui qui fuie.
Au sommet de la hiérarchie se trouve la conduite humaine, qui est fon
dée de tout autre manière..
»
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