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Liberté et justice sont-elles compatibles ?

Publié le 25/03/2015

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Affirmer la nécessité d'exiger simultanément la justice et la liberté ne revient donc pas à supposer l'identité ou la coïncidence de ces deux valeurs. De même, Alain rappelle que le citoyen doit pratiquer simultanément et de façon dialectique l'obéissance qui assure l'ordre, et la résistance qui garantit la liberté. On pourrait trouver pareille dialectique dans le rapport entre jus­tice et liberté : la vie démocratique n'est pas non plus un état stable, c'est également une exigence citoyenne.

Conclusion

 

En mettant en évidence la complexité des enjeux sociaux, économiques et politiques, nous avons ainsi montré que la question de savoir si l'exigence de justice et celle de liberté sont ou non séparables, ne relève pas d'une simple observation de la réalité, mais recouvre un véritable enjeu philoso­phique. Il n'est pas contradictoire de penser séparément chacune de ces exi­gences ; mais notre conception de la vie bonne, de la vie réussie, c'est-à-dire du bonheur des hommes à travers leur vie en commun, dépend en bonne partie de la qualité de notre exigence à l'égard de nous-mêmes, des struc­tures de la société et des valeurs qui expriment les rapports de l'individu à la communauté.

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« Pourquoi la question ? Une fois qu'on a précisé le sens de ces «exigences», il faut se demander pourquoi il peut sembler problématique de les affir­ mer conjointement : le discours ordinaire sur la démocratie les présente en effet d'habitude comme liées, complémentaires et nécessaires.

En fait, les débats actuels autour des options poli­ tiques et économiques (par exemple, entre le libéralisme et la social-démocratie) font très souvent état de la difficulté : cer­ tains exigent la liberté d'entreprendre et critiquent le souci de justice comme un critère qui fausse la concurrence ; d'autres entendent imposer la justice, quitte à supprimer une partie de la liberté des individus.

@t Construire le plan Il faut surtout éviter de traiter chaque notion séparément en passant d'une réflexion sur le sujet à une simple définition de la liberté et de la justice.

li faut également éviter de simplement confondre la question de /'exigence de justice et de liberté avec une description du fonctionnement de l'institution judiciaire et du fait que les individus qui enfreignent la loi sont privés d'une partie de leur liberté.

On pourra plutôt commencer par mon­ trer comment le problème se pose, en montrant ce que sont ces «exigences» ; on travaillera ensuite sur les raisons qui peu­ vent conduire à promouvoir ces valeurs de façon séparée ; on se demandera enfin si elles ne peuvent s'appuyer mutuellement ftl Mobiliser des références -Le Gorgias de Platon montre le conflit entre un discours (Ca/­ lie/ès) méprisant la justice au nom de la liberté du plus fort, et un discours (Socrate) plaçant la justice plus haut que tout, quitte à restreindre la liberté individuelle.

-Le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes de Rousseau, en retraçant une généalogie pessimiste de la société, montre quel est le risque d'une sépa­ ration des exigences.

-Dans le Contrat social, en revanche, Rousseau tente de pen­ ser leur affirmation conjointe.

- On peut enfin opposer l'œuvre de Marx (notamment Le Capital) et celle d'Adam Smith (notamment Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations) pour illus­ trer l'aspect économique de ce conflit d'exigences.. »

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