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Liberté et indépendance

Publié le 05/01/2020

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De la liberté, Valéry écrivait qu'il est « un de ces détestables mots qui ont plus de valeur que de sens, qui chantent plus qu'ils ne parlent, qui demandent plus qu'ils ne répondent ». C'est que le mot de liberté est porteur de significations multiples qui, si elles ne sont pas précisées, peuvent conduire à des abus de langage ou des mystifications. Le mot de liberté est équivoque, parce qu'il ne prend d'abord son sens que par rapport à une privation ou une contrainte. C'est ainsi qu'être libre, pour le prisonnier, cè sera de pouvoir aller et venir, pour le travailleur, de pouvoir s'arrêter de travailler, pour le chef d'entreprise, de pouvoir licencier. La définition la plus large, mais aussi la plus vague, qu'on pourrait alors donner de la liberté serait l'absenceide toute contrainte, c'est-à-dire l'indépendance. !

 

I

 

La liberté ou la mort

 

Mais la liberté absolue condamnerait l'homme à une absolue solitude, c'est-à-dire à la mort. Le désir - ou le rêve -d'une liberté sans contrainte est un désir mortifère. Tirant les leçons de la Révolution française et de la Terreur, Hegel a mis en lumière ce lien caché qui unit la liberté à la mort. Car la liberté, entendue comme indépendance, refus de toute détermination, est une liberté purement négative, simple opposition ou même destruction. L'homme prend d'abord conscience de sa liberté par la possibilité qu'il a de refuser ce qui est, par le pouvoir de dire non. Mais ce premier moment de la liberté, par lequel l'homme se pose en s'opposant, n'est en fait que la liberté du vide (texte 1).

 

Cette mise à distance du réel donné n'est possible que parce que l'homme est conscience de soi. À travers la conscience de soi, l'homme s'éprouve comme exilé du monde et séparé de lui. Il n'est plus alors simplement dans

le monde, chose parmi les choses, vivant parmi les vivants. La conscience de soi s'éprouve comme'liberté, mais se prouve dans le risque extrême de la mort. Être capable de risquer sa vie, c'est en effet affirmer que je ne suis pas ce que je parais être : une simple présence sensible. Prouver à l'autre sa liberté, être reconnu par l'autre comme conscience de soi, indépendante de toute détermination naturelle, tel est l'enjeu de la lutte à mort, qui oppose deux consciences de soi, dans la célèbre dialectique du maître et de l'esclave de Hegel (texte 2). À l'issue de ce duel, l'une - parce qu'elle a tenu jusqu'au bout le risque de la mort - prend la figure du maître, tandis que l'autre - qui a préféré la vie - prend la figure de l'esclave.-

« le monde, chose parmi les choses, vivant parmi les vivants.

La conscience de soi s'éprouve comme.

liberté, mais se prouve dans le risque extrême de la mort.

Être capable de risquer sa vie, c'est en effet affirmer que je ne suis pas ce que je parais être : une simple présence sensible.

Prouver à l'autre sa liberté, être reconnu par l'autre comme conscience de soi, indépendante de toute détermination naturelle, tel est l'enjeu de la lutte à mort, qui oppose deux consciences de soi, dans la célèbre dialectique du maître et de l'esclave de Hegel (texte 2).

À l'issue de ce duel, l'une -parce qu'elle a tenu jusqu'au bout le risque de la mort -prend la figure du maître, tandis que l'autre -qui a préféré la vie -prend la figure de l'esclave ..

Mais, comme Hegel le souligne ensuite, la liberté du maître, parce qu'elle est de pur commandement et n'agit pas, reste une liberté indéterminée.

C'est.

pour finir, l'esclave qui, en transformant le monde extérieur, s'en rend le maître et réalise ainsi la liberté.

La liberté à l'oeuvre Une indépendance absolue, un refus de toutes les contraintes naturelles ou sociales est en réalité impossible.

Il nous faut bien être quelque chose, accepter notre dépen~ dance essentielle, c'est-à-dire notre finitude.

Il est vrai que toute détermination est négation, en ce sens qu'être quelque chose, c'est aussi n'être pas autre chose, et par conséquent n'être pas tout.

Mais être tout -sauf à être Dieu -reviendrait en fait à n'être rien.

L'acceptation de notre finitude n'est pas pour autant renoncement à l'action.

Être libre, ce sera alors non plus refuser les limites qui s'imposent à nous, mais tenter de les repousser, non plus refuser le monde, mais le transformer.

Être libre, c'est agir (texte 3).

Cependant, la liberté excède l'action.

Au moment d'agir, il nous faut choisir.

Et si le choix exprime notre liberté, il la restreint en même temps.

Notre liberté transcende ainsi tous nos choix, auxquels nous refusons d'être réduits.

Nous sentons en nous-mêmes une puissance de vouloir infinie.

Nous avons voulu telle chose, mais il ne tenait qu'à nous d'en vouloir une autre.

Notre volonté, du moins, ne. »

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