Liberte et destin et hasard
Publié le 28/01/2024
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«
Liberté et Destin et Hasard.
Raphaël Boulekouane
Liberté et Destin et Hasard
Bergson, Essai sur les données immédiates de la conscience
(1889)
“La matière qui entre dans la composition des corps organisés étant soumise aux mêmes lois,
on ne trouverait pas autre chose dans le système nerveux, par exemple, que des molécules et
atomes qui se meuvent, s'attirent et se repoussent les uns les autres.
[...]
de sorte que les sensations, sentiments et idées qui se succèdent en nous pourront se définir
des résultantes mécaniques, obtenues par la composition des chocs reçus du dehors avec les
mouvements dont les atomes de la substance nerveuse étaient animés antérieurement.”
“Admettre l'universalité de ce théorème, c'est supposer, au fond, que les points matériels
dont l'univers se compose sont uniquement soumis à des forces attractives et répulsives,
émanant de ces points eux-mêmes, et dont les intensités ne dépendent que des distances :
d'où résulterait que la position relative de ces points matériels à un moment donné – quelle
que soit leur nature – est rigoureusement déterminée par rapport à ce qu'elle était au
moment précédent.”
“on sait qu'une vibration déterminée du tympan, un ébranlement déterminé du nerf auditif,
donnent une note déterminée de la gamme, et que le parallélisme des deux séries physique et
psychologique a été constaté dans un nombre de cas assez considérable.
[...]
Mais étendre ce parallélisme aux séries elles-mêmes dans leur totalité, c'est trancher a priori
le problème de la liberté.”
“Remarquons en outre que toute application intelligible de la loi de conservation de
l'énergie se fait à un système dont les points, capables de se mouvoir, sont
susceptibles aussi de revenir à leur position première.
On conçoit du moins ce
retour comme possible, et l'on admet que, dans ces conditions, rien ne serait changé à l'état
primitif du système tout entier ni de ses parties élémentaires.
Bref, le temps n'a pas de prise
sur lui ; et la croyance vague et instinctive de l'humanité à la conservation d'une même
quantité de matière, d'une même quantité de force, tient précisément peut-être à ce que la
matière inerte ne paraît pas durer, ou du moins ne conserve aucune trace du
temps écoulé.
Mais il n'en est pas de même dans le domaine de la vie.
Ici la durée
semble bien agir à la manière d'une cause, et l'idée de remettre les choses en place au bout
d'un certain temps implique une espèce d'absurdité, puisque pareil retour en arrière ne s'est
jamais effectué chez un être vivant.
Mais admettons que l'absurdité soit purement apparente,
et tienne à ce que les phénomènes physico-chimiques qui s'effectuent dans les corps vivants,
étant infiniment complexes, n'ont aucune chance de se reproduire jamais tous à la fois : on
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Liberté et Destin et Hasard.
Raphaël Boulekouane
nous accordera du moins que l'hypothèse d'un retour en arrière devient inintelligible dans la
région des faits de conscience.
Une sensation, par cela seul qu'elle se prolonge, se modifie au
point de devenir insupportable.
Le même ne demeure pas ici le même, mais se
renforce et se grossit de tout son passé.
Bref, si le point matériel, tel que la mécanique
l'entend, demeure dans un éternel présent, le passé est une réalité pour les corps
vivants peut-être, et à coup sûr pour les êtres conscients.
Tandis que le temps
écoulé ne constitue ni un gain ni une perte pour un système supposé conservatif, c'est un
gain, sans doute, pour l'être vivant, et incontestablement pour l'être conscient.
Dans ces
conditions, ne peut-on pas invoquer des présomptions en faveur de l'hypothèse d'une
force consciente ou volonté libre, qui, soumise à l'action du temps et
emmagasinant la durée, échapperait par là même à la loi de conservation de
l'énergie ?”
“Je respire l'odeur d'une rose, et aussitôt des souvenirs confus d'enfance me reviennent à la
mémoire.
À vrai dire, ces souvenirs n'ont point été évoqués par le parfum de la rose : je les
respire dans l'odeur même ; elle est tout cela pour moi.
D'autres la sentiront différemment.
–
C'est toujours la même odeur, direz-vous, mais associée à des idées différentes.
– Je veux
bien que vous vous exprimiez ainsi ; mais n'oubliez pas que vous avez d'abord éliminé, des
impressions diverses que la rose fait sur chacun de nous, ce qu'elles ont de personnel ; vous
n'en avez conservé que l'aspect objectif, ce qui, dans l'odeur de rose, appartient au domaine
commun et, pour tout dire, à l'espace.”
“Tel sentiment, telle idée renferme une pluralité indéfinie de faits de conscience ; mais la
pluralité n'apparaîtra que par une espèce de déroulement dans ce milieu homogène que
quelques-uns appellent durée et qui est en réalité espace.”
“Nous apercevrons alors des termes extérieurs les uns aux autres, et ces termes ne seront
plus les faits de conscience eux-mêmes, mais leurs symboles, ou, pour parler avec plus de
précision, les mots qui les expriment.”
“Ainsi chacun de nous à sa manière d'aimer et de haïr, et cet amour, cette haine,
reflètent sa personnalité tout entière.
[...]
Ces sentiments, pourvu qu'ils aient atteint une profondeur suffisante, représentent chacun
l'âme entière, en ce sens que tout le contenu de l'âme se reflète en chacun d'eux.
Dire que
l'âme se détermine sous l'influence de l'un quelconque de ces sentiments, c'est donc
reconnaître qu'elle se détermine elle-même.
[...]
La manifestation extérieure de cet état interne sera précisément ce qu'on
appelle un acte libre, puisque le moi seul en aura été l'auteur, puisqu'elle
exprimera le moi tout entier.
[...]
Beaucoup vivent ainsi, et meurent sans avoir connu la vraie liberté.
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Raphaël Boulekouane
Sartre, L’être et le néant (1943)
« Expliciter les structures contenues dans l’idée même d’action.
»
« Une action est par principe intentionnelle.
Le fumeur maladroit qui a fait, par mégarde,
exploser une poudrière n’a pas agi.
Par contre, l’ouvrier chargé de dynamiter une carrière et
qui a obéi aux ordres donnés a agi lorsqu’il a provoqué l’explosion prévue : il savait, en effet,
ce qu’il faisait ou, si l’on préfère, il réalisait intentionnellement un projet conscient.
»
« Cela signifie que, dès la conception de l’acte, la conscience a pu se retirer du monde plein
dont elle est conscience et quitter le terrain de l’être pour aborder franchement celui du
non-être.
»
« Un acte est une projection du pour-soi vers ce qui n’est pas et ce qui est ne peut
aucunement déterminer par lui-même ce qui n’est pas »
« C’est l’ensemble de mes projets qui revient en arrière pour conférer au mobile sa structure
de mobile.
C’est seulement parce que j’échappe à l’en-soi en me néantisant vers mes
possibilités que cet en-soi peut prendre valeur de motif ou de mobile.
Motifs et mobiles n’ont
de sens qu’à l’intérieur d’un ensemble pro-jeté qui est justement un ensemble de
non-existants.
»
«Je suis condamné à exister pour toujours par delà mon essence, par delà les mobiles et les
motifs de mon acte : je suis condamné à être libre.
»
« Le sens profond du déterminisme, c’est d’établir en nous une continuité sans faille
d’existence en soi.
»
« La liberté n’est rien autre que l’existence de notre volonté ou de nos passions, en tant que
cette existence est néantisation de la facticité, c’est-à-dire celle d’un être qui est son être sur
le mode d’avoir à l’être.
»
« Ma peur est libre et manifeste ma liberté, j’ai mis toute ma liberté dans ma peur et je me
suis choisi peureux en telle ou telle circonstance ; en telle autre j’existerai comme volontaire
et courageux et j’aurai mis toute ma liberté dans mon courage.
Il n’y a, par rapport à la
liberté, aucun phénomène psychique privilégié.
Toutes mes « manières d’être » la
manifestent également puisqu’elles sont toutes des façons d’être mon propre néant.
»
« C’est que le mobile, qui n’est rien autre que la conscience non-thétique de soi, glisse au
passé avec cette conscience même et cesse d’être vivant en même temps qu’elle.
Dès qu’une
conscience est pacifiée, elle est ce que j’ai à être sous la forme du « étais ».
Dès lors, quand je
reviens sur ma conscience d’hier, elle garde sa signification intentionnelle et son sens de
subjectivité, mais, nous l’avons vu, elle est figée, elle est dehors comme une chose, puisque le
passé est en soi.
Le mobile devient alors ce dont il y a conscience.
Il peut m’apparaître sous
forme de « savoir » ; nous avons vu, en effet, plus haut, que le passé mort hante le présent
sous l’aspect d’un savoir »
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Liberté et Destin et Hasard.
Raphaël Boulekouane
« La délibération volontaire est toujours truquée.»
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Raphaël Boulekouane
Spinoza, « lettre à Schuller » (1674)
« Toute chose singulière est nécessairement déterminée par une cause extérieure à exister et
à agir d’une certaine manière déterminée.
»
« [Elle, la pierre] croira qu’elle est très libre et qu’elle ne persévère dans son mouvement que
parce qu’elle le veut.
»
« Les hommes ont conscience de....
»
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