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Liberté, égalité, fraternité: y a-t-il un lien nécessaire entre ces trois exigences?

Publié le 01/10/2012

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Liberté, égalité, fraternité: y a-t-il un lien nécessaire entre ces trois exigences? Introduction La devise de la République française paraît assez spontanément incontestable et admirable. Est-ce seulement parce que nous avons l'habitude de la lire à l'entrée des mairies? Les exigences qu'elle énonce sont-elles au contraire nécessairement liées de façon à constituer un projet cohérent? I. C'est la liberté qui détermine l'égalité — Il s'agit du concept politique de liberté — qui n'a donc rien à voir: • avec la conception spontanée (je suis libre quand je fais ce que je veux en n'obéissant qu'à mon désir égoïste); • avec une indépendance naturelle, pré-politique. En fait, on peut y entendre toujours la formule de Rousseau: la liberté est l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite, et même, en-deçà, la conception, clas...

« -L'intervention de la fraternité comme troisième terme donne ainsi une coloration affective à la devise.

Mais d'autre part, la fraternité renvoie à la cohabitation et par là à l'entraide, à la collaboration.

Que tous les citoyens se considèrent comme des frères, cela doit donc signifier qu'ils unissent leurs forces contre un ennemi éventuel (c'est la devise d'un Etat, toujours susceptible d'avoir un ennemi extérieur) pour défendre la liberté collective (et les biens).

- L'horizontalité de la fraternité peut signifier par ailleurs l'absence de père­ ou sa disparaition (ce n'est pas pour rien qu'on a décapité Louis XVI).

A contrario, tout retour du père, c'est-à-dire toute qualification d'un dirigeant en tant que Père de la Nation (à plus forte raison petit père des peuples ..

.) se révèle ra une dérive anti-démocratique, dont liberté et égalité feront les frais.

- La fraternité dont il est question est évidemment imagée ou symbolique: il faut que les citoyens se considèrent comme si ils étaient frères.

Dépassement des lois biologiques dans la constitution du corps politique: l'homme est plus fondamen­ talement (pour correspondre à sa vocation) animal politique qu'anima/familial.

La rupture par rapport à la nature (indépendance ou inégalité) est confirmée.

Conclusion La fraternité, dans une telle devise, s'affirme finalement comme l'écho de ce qu'instaurent les deux premiers termes.

C'est parce qu'elle explicite leurs effets qu'elle leur est nécessairement liée: l'égalité tempère ce que pourrait avoir d'anarchique la revendication brouillonne de la seule liberté, la fraternité réintroduit dans la devise une dimension sentimentale qui tempère la rigueur conceptuelle des deux premiers termes.

Mais on aurait tort de ne la comprendre que par ce biais, car elle vient aussi confirmer que le corps politique n'est pas s~ulement juxtaposition d'individus libres et égaux: il se veut véritable commu­ mon.. »

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