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L'hypothèse de l'Inconscient rend-elle l'homme irresponsable ?

Publié le 02/03/2009

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A vouloir rapporter toutes les conduites humaines à l'expression d'un inconscient caché, et donc expliquer le clair par l'obscur, ne risque-t-on pas d'ôter au sujet la responsabilité de ses actes ? C'est en tout cas un risque que dénonce Alain, qui s'en prend moins à l'hypothèse freudienne qu'à certaines dérives du freudisme.  

« KantLe Je » prouve que j'agis par moi-même, que je suis un principe et non un résultat.

J'ai conscience desdéterminations et des actions, et un sujet qui a conscience de ses déterminations et de ses actions a une absolueliberté.

Que le sujet possède une liberté absolue, parce qu'il est conscient, prouve qu'il n'est pas un sujet qui pâtit,mais qui agit.

C'est seulement dans la mesure où j'ai conscience d'une action effective, dans la mesure où j'agis àpartir du principe interne de l'activité suivant le libre arbitre, sans une détermination extérieure, que je possède unespontanéité absolue.

Lorsque je dis : je pense, j'agis, etc., ou bien le mot je est employé à contresens ou bien jesuis libre.

Si je n'étais pas libre, je ne pourrais pas dire : je le fais, mais je devrais dire : je sens en moi une envie defaire que quelqu'un a suscitée en moi.

Mais lorsque je dis : je le fais, cela signifie une spontanéité dans le senstranscendantal.

Or j'ai conscience de ce que je peux dire : je fais, je ne suis donc pas conscient d'unedétermination, et j'agis par conséquent d'une façon absolument libre.

Si je n'étais pas libre, mais si j'étais seulementun moyen par lequel l'autre fait immédiatement en moi quelque chose que je tais, je ne pourrais pas dire : je fais.

Jefais, en tant qu'action, ne peut s'employer que dans un cas d'absolue liberté.

FreudOn sait que beaucoup de personnes invoquent à l'encontre d'un déterminisme psychique absolu, leur convictionintime de l'existence d'un libre arbitre.

Cette conviction refuse de s'incliner devant la croyance au déterminisme.Comme tous les sentiments normaux, elle doit être justifiée par certaines raisons.

Je crois cependant avoir remarquéqu'elle ne se manifeste pas dans les grandes et importantes décisions ; dans ces occasions, on éprouve plutôt lesentiment d'une contrainte psychique, et on en convient : J'en suis là ; je ne puis faire autrement.

» Lorsqu'il s'agit,au contraire, de résolutions insignifiantes, indifférentes, on affirme volontiers qu'on aurait pu tout aussi bien sedécider autrement, qu'on a agi librement, qu'on a accompli un acte de volonté non motivé.

Nos analyses ont montréqu'il n'est pas nécessaire de contester la légitimité de la conviction concernant l'existence du libre arbitre.

Ladistinction entre la motivation consciente et la motivation inconsciente une fois établie, notre conviction nousapprend seulement que la motivation inconsciente ne s'étend pas à toutes nos décisions motrices.

Minima non curatpraetor (le chef ne se soucie pas des détails).

Mais ce qui reste ainsi non motivé d'un côté, reçoit ses motifs d'uneautre source, de l'inconscient, et il en résulte que le déterminisme psychique apparaît sans solution de continuité. A vouloir rapporter toutes les conduites humaines à l'expression d'un inconscient caché, et donc expliquer le clairpar l'obscur, ne risque-t-on pas d'ôter au sujet la responsabilité de ses actes ? C'est en tout cas un risque quedénonce Alain, qui s'en prend moins à l'hypothèse freudienne qu'à certaines dérives du freudisme. Faut-il croire que l'inconscient peut être objet de science ? Pour Freud, la psychanalyse est une science encore balbutiante, mais c'est àses yeux une science authentique qu'il convient de classer non pas parmi les« sciences de l'homme », mais au nombre des sciences de la nature.

Certes,comme toute science, ses concepts fondamentaux sont nécessairementcaractérisés, au moins dans un premier temps, par une certaineindétermination.

Ce n'est qu'avec de l'expérience et la pratique de cas (laclinique psychanalytique) que ces concepts fondamentaux sont supposésgagner en précision et acquérir une valeur opératoire.

Freud tient d'ailleurs àsouligner que ces concepts fondamentaux ne s'appliquent pas extérieurementet après coup à l'expérience, mais, comme pour toute science expérimentale(physique, médecine, biologie etc.) qu'ils organisent à l'avance le matériaupropre à son domaine d'étude. La psychanalyse, mythe ou pseudo-science ? Mais l'expérience analytique peut-elle être assimilée à l'expérimentationreproductible qui caractérise les sciences de la nature, alors qu'elle fait appelà un type spécifique d'observation, à savoir le récit d'un cas, par définitionunique ? La critique historique et précise des récits de cas conduite par leshistoriens de la psychanalyse a pu mener certains à mettre en doute lapossibilité de fonder une discipline scientifique sur ce type de protocole où lasubjectivité de l'analyste joue un rôle décisif.

C'est pourquoi Mikkel Borch- Jacobsen se demande si la psychanalyse n'est pas un « conte de fée scientifique ».

Le fait qu'on puisse interpréter. »

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