L'hypothèse de l'inconscient nous rend-telle transparent à nous-même ?

« Mais l'hypothèse de Freud va plus loin.

L'inconscient pris comme substantif est une découverte freudienne.

Ildésigne alors une réalité psychique( l'adjectif psychique découle de psuchê : âme), c'est-à-dire une pensée ou un esprit qui exclut la conscience et même lui résiste.

Confronté à des patients souffrant de pathologies sans causesorganiques apparentes, Freud constate l'efficacité d'une thérapie fondée sur la verbalisation de traumatismespassés, apparemment oubliés, mais pesant toujours sur la vie du sujet à travers de multiples symptômes.

Cela leconduit à poser l'existence d'un psychisme inconscient, dont il élabore progressivement une théorie, articulée à unepratique thérapeutique.

C'est une réalité psychique possédant un mode de fonctionnement et des caractéristiquespropres.

Dans sa première théorie, Freud présente l'appareil psychique comme constitué de trois étages :l'inconscient, le préconscient et le conscient.

Le préconscient se définit comme négativement par ce qui n'est pasconscient mais peut le devenir.

L'inconscient lui est défini positivement.

Il est séparé du système conscience - pré-conscience par une force, une résistance qui s'oppose à ce que son contenu devienne conscient.

L'inconscient n'estpas, comme le préconscient, un contenu latent mais il est séparé de la conscience par la censure.

La consciencelutte en effet pour que certains contenus inconscients viennent la perturber.

Les pensées inconscientes, elles,tentent de pénétrer dans la conscience notamment par des lapsus, rêves,… Dès lors, l'inconscient semble enlever àl'homme la possibilité de maîtriser ses actions et ses pensées.

Freud reconnaissait lui-même, dans son ouvrageIntroduction à la psychanalyse que « Le moi n'est pas maître dans sa propre maison ».

Il semble en effet que les pensées inconscientes constituent la majorité de notre vie psychique.

C'est pour cela que Lacan écrira dansL'instance de la lettre que « l'expérience psychanalytique n'est pas autre chose que d'établir que l'inconscient ne laisse aucune action hors de son champ ».

Il semble donc que la conscience ne puisse véritablement primer sur lespensées inconscientes.

Elle n'en a pas le pouvoir.

A travers l'hypothèse d'une autre instance qui jouerait un rôledans la vie humaine, l'homme ne peut plus être considéré comme maîtrisant ses propres pensées et actions.

Ildevient justement obscur à lui-même, ne sachant pas ce qui le détermine.

II L'hypothèse de l'inconscient permet de mieux expliquer l'homme 1.

La nécessité de l'hypothèse L'hypothèse de l'inconscient de Freud a été mal accueillie justement parce qu'elle enlevait à l'homme le savoir surlui-même et sa liberté.

Sartre la qualifiera de dangereuse parce qu'elle mettait en péril la responsabilité même del'homme.

De plus, on refuse que la psychanalyse soit une science parce qu'elle ne répond pas aux critèresnécessaires d'observation, de réfutation,… Pourtant, si Freud construit cette hypothèse, ce n'est pas par frivolitéou juste une idée au passage.

Il se défend ainsi dans l'article « l'inconscient » de l'ouvrage Métapsychologie : « On nous conteste de tous les côtés le droit d'admettre un psychisme inconscient et de travailler scientifiquement aveccette hypothèse.

Nous pouvons répondre à cela que l'hypothèse de l'inconscient est nécessaire et légitime.

»Essayons de comprendre alors pourquoi cette hypothèse est légitime mais surtout nécessaire.

Freud analyse dansIntroduction à la psychanalyse les différents actes manqués comme les lapsus, les oublis, etc… Tous ces actes sont considérés par la majorité des gens comme des actes accidentels, qui n'ont absolument pas de sens.

Or, affirmercela, c'est rompre dans la causalité, admettre que certains choses sont absolument dues au hasard et ne pas lescomprendre.

On peut certes affirmait avec Alain que ce ne sont que les résultats d'excitations et mouvements ducorps.

Il écrit dans Sentiments, passions et signes que Il faut ici suivre Descartes, et savoir que la fabrique de notre corps peut produire des suites de paroles et de gestes par le simple jeu de l'excitation et de la fatigue, jointesaux innombrables coutumes[…] D'où il faut refuser que de tels mouvements signifient des pensées.

» Mais, celan'explique pas pourquoi certains mots sont choisis dans les lapsus plutôt que d'autres.

Freud met même à jour dessignifications assez faciles à trouver dans des lapsus ou actes manqués.

Il évoque notamment dans Introduction à la psychanalyse l'exemple d'un employé qui « invite à démolir son patron » au lieu de boire à sa santé.

Dans ce cas, on peut penser facilement que l'employé avait des ressentiments envers son patron.

Dès lors, les significationsinconscientes que Freud met à jour justifie l'invention de son hypothèse.

Pour lui, les données de la conscience sontlacunaires et l'hypothèse de l'inconscient permet justement de combler ces lacunes et de mieux comprendre lesmanifestations psychiques.

Faisons d'ailleurs un parallèle avec l'hypothèse de l'atome : l'existence de ce dernier n'aété prouvée que très tardivement, pourtant les scientifiques l'utilisaient dans leurs recherches parce que cela leurpermettait de mieux travailler.

2.

L'hypothèse de l'inconscient permet à chacun d'essayer de se connaître Reconnaître l'hypothèse de l'inconscient, c'est donc se donner les moyens de connaître ce fond obscur qui sembleconstituer l'essentiel de nos vies.

Lacan remarquait, dans L'instance de la lettre , en effet que « l'expérience psychanalytique n'est pas autre chose que d'établir que l'inconscient ne laisse aucune action hors de son champ ».De même, Freud remarquaera dans L'interprétation des rêves, qu' « Il faut voir dans l'inconscient le fond de toute vie psychique.

L'inconscient est pareil à un grand cercle qui enfermerait le conscient comme un cercle plus petit.

» La conscience repose alors sur l'existence même de l'inconscient.

Aucun de nos actes n'échappent à l'inconscient.Dès lors, essayer de comprendre les fonctionnements de l'inconscient, c'est permettre de mieux connaître ce quinous gouverne.

C'est ce que Freud cherche à faire avec son étude sur le rêve.

Dans le rêve, par exemple, il y a desphénomènes de condensations( plusieurs personnes ou désirs sont unifiés dans un seul objet ou personne), dedéplacement( l'importance est porté sur des détails plutôt que sur l'essentiel), la figuration( mise en image desidées) et la symbolisation.Cette connaissance est pourtant possible pour chacun.

Il s'agit pour cela d'observer avec attention lesmanifestations de notre vie psychique et les détails que l'on considère comme insignifiant, tels que les lapsus ou lesactes manqués.

L'homme pense toujours que certaines pensées ou certaines gestes n'ont pas de significations, cequi est faux.

Freud affirme alors dans Psychopathologie de la vie quotidienne que « leur examen attentif peut conduire à mieux connaître notre vie intérieure.

». »