L'humanité se souvient-elle d'elle-même à travers son histoire ?

« L'histoire n'est pas la mémoire de l'humanité L'histoire n'est qu'une interprétation du passé.

La véritable mémoire de l'humanité réside dans le fait que les hommes, de génération en génération, savent qu'il appartiennent à une même espèce.

A chaque peuple, à chaque époque, son histoire I l'histoire de l'Occi- dent n'est pas celle de l'Inde.

L'historien, montre Paul Veyne dans «L'histoire est nécessaire- ment un divers, une multi- plicité: il y a ceci puis cela.

C'est le "et puis", "et puis alors", "et puis encore", qui fait qu'il y a de l'histoire.» Paul Ricœur, Histoire et vérité Comment écrit-on l'His- toire, sélectionne tou- jours un pan de la réa- lité.

Il choisit d'étudier telle période, tel fait, etc.

Si mémoire de l'hu- manité il y a, elle concerne tous les hommes, toutes les époques.

Les mythes sont la véritable mémoire de l'humanité L a légende est à mes yeux plus vraie que l'histoire», écrit Alain dans Les Arts et les Dieux.

Les mythes, aussi variés soient-ils, contiennent tous des élé- ments communs qui révèlent l'homme dans ce qu'il a d'intemporel.

Ils témoignent d'ex- périences ancestrales ayant une portée uni- verselle.

La mémoire de l'espèce repose dans l'inconscient collectif C ' est en étudiant les mythes que Carl Gustav Jung a pu vali- der l'hypothèse d'un inconscient collectif, «comparable à une mer sur laquelle la conscience du moi voguerait, sem- blable à un bateau» (L'Homme à la découverte de son âme).

C'est l'exis- tence de cet inconscient qui fait que «rien ou presque rien du monde psychique ori- ginel n'a disparu» (id.).

La mémoire de l'humanité est une réalité continue, tout comme la mémoire individuelle.

L'histoire découpe le passé, l'analyse, mais elle ne restitue jamais dans sa globalité la richesse de l'expérience humaine.. »