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l'humanité se compose-t-elle de plus de morts que de vivants ?

Publié le 18/03/2004

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80) . Une fois admise cette notion de l'humanité, il est bien évident que, dans cet être immense, la proportion des morts est, non pas plus grande, mais des milliers de fois plus grande que celle des vivants. Aussi, non seulement l'affirmation « l'humanité se compose de plus de morts que de vivants » ne présente rien d'étonnant, mais encore on peut s'étonner que la disproportion soit si faiblement marquée. Nous sommes amenés par là à nous demander si le rapport établi entre la part des vivants et la part des morts dans la constitution de l'humanité ne serait pas qualitatif plutôt que quantitatif et s'il ne faudrait pas comprendre non pas : l'humanité se compose non pas seulement de plus de morts que de vivants, mais encore plus de morts que de vivants ; les morts y constituent un élément, non pas seulement numériquement supérieur, mais aussi et surtout plus essentiel que les vivants. C'est bien ainsi que s'exprime Auguste Comte, l'inspirateur de la pensée que nous interprétons : pour lui, l'humanité est un "être immense et éternel, qui se compose beaucoup plus (et non pas : de beaucoup plus) de morts que de vivants". Comment expliquer cette prépondérance des morts sur les vivants ? En distinguant entre l'humanité réelle et l'humanité idéale. Si nous considérions l'espèce humaine comme une branche particulière des mammifères, nous devrions reconnaître qu'elle se compose de vivants : les morts la composaient autrefois ; ils ne la composent plus. Mais quand nous parlons de l'humanité, ce n'est guère une espèce biologique que nous entendons désigner : nous songeons à un être moral, c'est-à-dire qui subsiste, non pas dans le monde, mais seulement dans les esprits, dans les mémoires ; l'humanité se compose des individus qui représentent pour nous l'espèce humaine. Ce ne sont pas nos parents ou nos camarades : ils sont trop près de nous pour que nous puissions les idéaliser et les prendre comme symbole.

« L'humanité est faite de plus de morts que de vivant ? Cette formule d'Auguste Comte met le doigt sur le culte des morts qui prend une place importante dans nos sociétés qu'elles soient traditionnelles ou non.

Le culte desmorts, c'est rendre hommage de nos défunts par le biais de cérémonies diverses.

Le terme d'humanité reprend ce qui est humain, qui en constitue l'essence etl'ensemble des hommes, le genre humain dans son ensemble.Mort vient du latin mors, la mort signifie une cessation complète et définitive de la vie (Le robert) On peut rappeler que l'homme est le seul animal à connaitrel'existence de sa propre mort.Considérer que l'humanité est faite de morts plus que de vivants, c'est accepter de vivre dans le monde hérité de nos aïeuls, et ainsi tout ce que nous sommes estuniquement due à nos ancêtres.

Or on connait l'adage suivant,« Les cimetières sont remplis de gens qui se croyaient indispensables.

» I°) En effet, l'humanité est faite de plus de morts que de vivant.Dans la composition de la matière « humanité », la substance « morts » est beaucoup plus présente que la substance « vivants ».

L'humanité n'est pas seulement faitede chair mais aussi et surtout de mémoire.

Et c'est la mémoire qui guide le comportement des vivants, donc on peut dire que en effet, l'héritage culturel, de nosdéfunts, nous guiderons dans nos choix et nos réflexions.

Par exemple, si je sais que mon grand-père a été boat people, j'essaierais de travailler dur afin d'honorer samémoire et ses sacrifices qui m'ont permis d'être à cette place.

On peut dire que nos choix sont en effet encore une fois prédéterminés.Pourtant même en choisissant de respecter les ambitions des défunts, on peut tout de même se créer sa propre personnalité, l'éduction permet entre autre d'apporterd'autres savoirs qui forment la personne. II°) L'homme peut se créer en niant l'existence du passé.Le culte des morts, doit beaucoup à Auguste Comte .Le père du positivisme avait inventé en effet la « religion de l'humanité, il avait peaufiné un calendriercommémorant tous les génies du genre humain, les héros disparus.

Leur exemple nous éduque et, par le souvenir que nous en gardons, ils demeurent immortels.

« Lesvivants sont toujours, et de plus en plus, dominés par les morts », pour Auguste Comte.

Amoureux de Clotilde de Vaux, Auguste Comte la voit mourir dans ses brasun an seulement après leur rencontre.

Il ira chaque semaine sur sa tombe.

Il lui écrit presque quotidiennement, et finit par décider qu'elle est plus vivante ainsi.

Onpeut penser que la formule d'A.Comte relève peut être de la pathologie du deuil qu'on ne peut admettre.

Toutefois, on peut aussi vivre en niant le passé, Freud amontré que l'inconscient pouvait prendre le dessus du conscient pour effacer une séquence émotionnelle trop forte, en créant ainsi une amnésie d'un traumatisme.

Onpeut aussi penser que l'homme a force de redouter la mort constamment, finit par ne plus rien vouloir faire, pourquoi ferions-nous ou créerions des œuvres pourqu'elles soient détruites.

Dans la lettre a Menécée, Epicure propose une vision de la mort avec laquelle il faut se familiariser, et qu'elle n'est rien pour nous, car toutela notion de bien et de mal se détruit avec la mort.

A force de penser constamment a la mort, nous nous rendons dépressifs et peut être aussi improductifs, c'est peutêtre aussi ce que signifie l'adage de A.Comte, nous sommes des morts vivants car nous sommes dominés par la peur de mourir, et éveillé, qui nous rends vigilantcomme rien d'autre. Cependant, on a observé dans l'histoire des phénomènes ou l'on essayait de détruire le passé comme par exemple la fuite de Loth de Sodome, sa femme lors de lafuite de Sodome, se retourna comme en guise de regret, et fut transformée en statue de sel.

Akhenaton qui essaya d'imposer un monothéisme aux Égyptiens, ou bienencore lors de dictatures où l'on changeait le cours de l'histoire. On peut donc considérer que vivre en niant le passé est impossible, car tous les savoirs que nous accumulons proviennent de personnes.Vivre en allant vers l'avant en ne pensant plus au passé est certes difficile mais réalisable, comme le propose le Carpe Diem de Horace : Jouis du jour présent, quisemble prévaloir dans nos sociétés occidentales.

La mort peut ôter tout ressort a l'homme cependant, elle est le plus puissant stimulant de la vie.

Deux voies seprésentent a l'homme, la jouissance effréné, qui ne permet pas à l'etre de rassembler son moi et de surmonter véritablement l'angoisse de la mort, ou bien celle dusérieux, de l'action tendue vers un but qui prends l'exacte mesure de la vitesse a observer dans la vie.. »

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