L'humanité est-elle soumise aux lois de l'histoire ?
Publié le 15/02/2004
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Le cours de l'histoire obéit à des lois inexorables comme le cours de la nature obéit à des lois physiques. Il y a un principe directeur à la trâme de l'histoire. Dès lors, l'historien peut prédire avec exactitude ce qui doit arriver. Mais, n'est-ce pas là nier la part d'indétermination cad de liberté des hommes, agents de l'histoire ? L'histoire est une science humaine et non une science de la nature.
«
Dans les Leçons sur la philosophie de l'histoire , il émet l'idée d'une théodicée historique, à laquelle se ramène sa philosophie de l'histoire universelle, Hegel a efficacement contribué àpromouvoir une nouvelle appréciation, fondée sur le christianisme, ducaractère unique et singulier des faits historiques, en la reliant à la questioninéluctable du but final de l'histoire.
« Il est conforme au concept de l'espritqu'il descende dans le temps.
» Cette proposition, tirée des leçons de Hegelsur La Philosophie de l'histoire, résume sa pensée philosophique foncière, quiest l'idée de la dialectique.
Car le mouvement qui passe par la scission pouraller à la réconciliation de tous les contraires, et qui constitue la loi de lamarche de la dialectique hégélienne, donne au concept de vérité unesignification en soi historique : « La vérité est le tout.
» Les stades parcourusde l'évolution sont à la fin intégrés ( aufgehoben ), en ce triple sens que Hegel a inventé et qui implique à la fois suppression, conservation et sublimation.
La philosophie hégélienne de l'histoire du monde prétend avoir compris lanécessité qui commande le développement historique de l'humanité.
Par là,elle ne laisse pas subsister la différence entre les hasards de l'histoire et larégularité absolue des lois naturelles ; mais elle intègre les deux dans l'uniqueréalité du rationnel qui domine tout. Ainsi, En dernière instance, tout y porte un caractère rationnel, si l'on adopte toutefois une conception dialectique dela raison.
Certains thèmes, et des illustrations frappantes, sont entrés dans lasagesse des nations : la « ruse de la raison » (les individus agissent selonleurs propres buts, mais le résultat de leurs actions est tout autre que cequ'ils attendaient, et il est universel) ; « l'oiseau de Minerve ne prend son vol qu'au crépuscule » (on ne comprend qu'après coup les processus historiques) ; « rien de grand ne se fait sanspassion dans le monde.
Aussi, c'est entendu, l'histoire est tragique : « L'histoire universelle n'est pas le lieu de lafélicité.
Les périodes de bonheur y sont ses pages blanches.
» Toute la question que le philosophe de l'histoire auraà résoudre sera de montrer en quoi, derrière les apparences chaotiques du devenir, règne en fait une raisonuniverselle qui dépasse ses acteurs, transcendant leurs buts et volontés finis.
Cette Raison universelle, biendistincte des raisons subjectives, ne se réalise pas de façon linéaire, comme le voulaient les philosophes desLumières.
Il lui faut emprunter des voies plus tortueuses : les passions, les désirs, les intérêts qui meuvent lesindividus singuliers, dans leur lutte pour se faire reconnaître, agissent non seulement pour eux-mêmes mais réalisenten même temps, à leur corps défendant, les fins cachées de la Raison.
Cette double scène dont seul le philosopheest apte à déchiffrer l'unique enjeu.
La Raison qui, pour devenir monde, doit emprunter les voies de son contraire (lapassion), n'apparaît « rusée » que pour un entendement qui n'a pas su s'élever au niveau de l'Histoire universellelaquelle, par tous les moyens dont les hommes sont prodigues, veut inexorablement se réaliser.
2) L'histoire selon le marxisme.
L'histoire comme toutes les disciplines qui prétendent au statut de sciences positives mais dont l'objet touche àl'homme, à la société, à l'économie ou à l'État, et qui sont loin encore d'être des sciences constituées et adultes,baigne dans l'idéologie.
Loin d'être exempte des distorsions de nature idéologique, la connaissance historique lesinclut en fait.
En outre, quand on l'observe dans la longue pratique des historiens, depuis Montesquieu ou EdwardGibbon, la genèse de l'histoire montre assez que l'objectivité du savoir historique se prépare au sein de l'idéologieselon une démarche de rupture, inlassablement recommencée, avec l'idéologie elle-même.
Cette démarche derupture n'est cependant pas assimilable à une pratique de nature purement théorique ou conceptuelle.
Trèssouvent, il arrive que le rationnel ne se puisse distinguer du formel et de l'idéologique, par absence de certainscritères qui permettent de choisir la solution juste (scientifique-objective) et de rejeter la solution erronée(spéculative-idéologique) ; le léninisme affirme le primat du critère de la pratique - pratique sociale, pratiquescientifique, pratique politique - comme critère ultime de la connaissance vraie, car il est « assez vague pour ne paspermettre aux connaissances de l'homme de se changer en « absolu » [...] assez déterminé pour permettre unelutte implacable contre toutes les variétés de l'idéalisme et de l'agnosticisme » (Lénine).
L'objet de l'histoire à la foisbilan d'une pratique collective et effort de découverte des lois ou structures de cette pratique, s'accompagne deconnotations affectives, sollicite des intérêts réels, qui introduisent en dernière instance un recours plus idéologiqueque scientifique.
le matérialisme historique rompt avec l'idéalisme historique des philosophies de l'histoire - donc desidéologies non scientifiques - et instaure la scientificité de l'histoire.
Cette thèse marxiste classique suggère quel'histoire n'a pu prétendre au statut de science qu'à la suite de l'introduction par Marx du « continent histoire » (L.Althusser) dans le champ de la connaissance objective.
Rupture épistémologique essentielle, puisque le marxismeélabore un système de concepts là où ne règne que l'organisation de schèmes idéologiques, consciemment reconnuscomme tels ou non.
C'est ainsi que l'histoire peut se trouver promue, par le marxisme, au rang de science positive.
Ily aurait selon cette thèse des lois de l'histoire.
3) L'agir humain est libre et imprévu..
»
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