L'homme, un milieu entre rien et tout - Pensées de Pascal
Publié le 06/12/2019
Extrait du document
Pascal, dans le fragment 185 (hors programme mais essentiel), développe un thème qui a eu un succès extraordinaire : celui de l'infini. La conception del'univers comme infini, toute récente au xvn' siècle, entraîne une déstabilisation de la position de l'homme dans ce même univers. Pascal, en tant que scientifique, était le mieux à même d'analyser cette nouvelle morale de l'infini. Au fragment 185, il s'emploie d'abord à montrer à l'homme l'infinimentgranddes espaces infinis, pour qu'il se sente «égaré dans ce canton détourné de la nature» qu'est la Terre. Il s'emploie ensuite à lui décrire l'infiniment petit auquel le microscope, récemment découvert (1595), permettait d'accéder: il va ainsi aller jusqu'à
«
78 dès
l'enfance du soin de leur honneur, de leur bien, de leur amis, et encore du bien et
de l' honneur de leurs amis>>, sans les laisser penser à ce qu'ils sont (frag.
129).
Ill.
Le milieu entre rien et tout comme grandeur
Mais Pascal ne veut pas seulement abaisser l'homme.
Dans la notion de
« milieu », il y a bien l'idée d'un équilibre entre Je haut et le bas : « Il est dangereux
de trop faire croire à l'homme combien il est égal aux bêtes, sans lui montrer sa
grandeur.
Il est encore dangereux de lui faire trop voir sa grandeur sans sa bassesse »
(f rag.
1 12).
C'est ainsi que naissent deux thématiques très célèbres des Pensées : « les
deux infinis » et le « roseau pensant».
Les deux infinis
Pascal, dans le fragment 185 (hors programme mais essentiel), développe un
thème qui a eu un succès extraord inaire : celui de l'infini.
La conception de l'univ ers
comme infini, toute récente au xvn' siècle, entraîne une désta bilisation de la position
de l'homme dans ce même univers.
Pascal, en tant que scientifique, était le mieux
à même d' analyser cette nouvelle morale de l'infini.
Au frag ment 185, il s'emploie
d' abord à montrer à l'homme l'inf iniment grand des espaces infinis, pour qu'il se sente
« égaré dans ce canton détourné de la nature » qu'est la Terre.
Il s'emploie ensuite à
lui décrire l'infinim ent petit auquel le microscope, récemment découvert (1595), per-
mettait d'accéder : il va ainsi aller jusqu'à l'infini ment petit du ciron, en descendant
��
jusqu'à
une goutte de sang de ciron encore divisible à l'infini.
L'homme, tout à l'heure
minu scule dans le cosmos, est maint enant un« colosse ou plutôt un tout à l'égard du
néant où l'on ne peut arriver ».
Là est, dit Pascal, la place de J'homme : « Un néant à
l' égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre rien et tout ;; (frag 185).
L' homme ne peut comprendre les extrêmes, ni le principe des choses, ni leur fin, deux
tâches que s'était pourtant assignées la philosophie.
Il doit se résoudre à cette finitude
et accepter ce« milieu »qui est sa place.
Pascal résume ce thème au fragment 38, très
allusif , et y revient par le biais de la diversit é infinie des sciences au fragment 61.
Le roseau
L'aut re thème, abordé aux fragments 104 et 105 et développé au fragment 186,
est plutôt une métaphore qui se réfère d'abord à la fable du « Chêne et le roseau »,
où Ésope (Le Roseau et l'Oli vier), bien avant La Fontaine, illustre le contraste entre
la faiblesse du roseau et sa résistance.
Pascal applique cette image à l'homme au
fr agment 186 : «L 'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature, mais c'est
un roseau pensant.
» Pour Pascal, la pensée est le propre de l'homme, elle fait sa
grandeur.
Être faible, dévalué par le péché originel, l'homme est grand parce que, par
la pensée, il a conscience de sa faiblesse.
S'il «ne peut ni savoir ni ne désirer point de
savoir » (frag.
71), l'homme peut conna ître ce qui l'écrase, comprendre intuitivement
qu'il n'est ni «éternel ni infini » mais qu'« il y a dans la nature un être nécessaire,
éternel et infini » (frag .
12 5).
C'est ce qui fait sa grandeur : «Toutes ces misères-là
même prouvent sa grandeur.
Ce sont misères de grand seigneur, misères d'un roi
dépossédé » (frag.
107)..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- L'homme, un milieu entre l'infini et le néant (Pascal dans les Pensées)
- « Qu'est-ce que l'homme dans la nature ? Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre rien et tout. » Pascal, Pensées, 70. Commentez cette citation.
- Car enfin, qu'est ce que l'homme dans la nature? - Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre rien et tout. [ Pensées (1670), 72 ] Pascal, Blaise. Commentez cette citation.
- Qu'est-ce que l'homme dans la nature ? Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre rien et tout. Pascal, Pensées, 70. Commentez cette citation.
- Car enfin, qu'est ce que l'homme dans la nature? - Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre rien et tout. Pensées (1670), 72 Pascal, Blaise. Commentez cette citation.