Devoir de Philosophie

L'homme se reconnaît-il dans ses passions ou dans leur maîtrise ?

Publié le 17/01/2022

Extrait du document

Toute la tradition classique privilégie sans ambiguïté la maîtrise des passions. La définition hégélienne de la passion créatrice conduit, par contre, à s'interroger sur les limites de cette maîtrise : ne faut-il pas conserver certaines passions comme moteur essentiel de l'action humaine ? Enfin, Sartre affirme que la passion, libre, définit aussi bien l'homme que la raison.

 

Les passions ont souvent été tenues pour négative. L’étymologie du terme renvoie à une sorte de passivité. Le mot vient du latin patior qui signifie pâtir, souffrir. Les passions semblent donc s’imposer à nous de manière involontaire. Elles sont une affection durable de la conscience dont l’origine pour la plupart des philosophes se trouvent dans le corps. Le terme « reconnaître « indique une identification. En effet, quand je reconnais quelque chose, cela signifie que je la lie avec ce que je connais déjà, que je peux lui donner un nom. Il s’agit donc de savoir si les passions identifient l’homme en tant que homme. Si j’ai un corps, j’ai des passions. Si celles-ci sont involontaires, cela ne signifie-t-il pas qu’elles sont innées, donc ancrées dans la nature de l’homme ? Mais étant attachement au sensible, au corporel, les passions ne sont-elles pas du côté animal ? L’homme véritable ne se reconnaît-il pas à cet arrachement du sensible, du passionnel ? Enfin, se reconnaître dans quelque chose, n’est-ce pas correspondre avec son objet, se retrouver soi-même dans ce qu’on produit par la passion?

 

  • I) L'homme se reconnaît dans ses passions.

a) L'éveil de la raison explique l'éveil des passions.
b) Les passions mobilisent la volonté
c) L'homme perd son humanité s'il renonce à ses passions.

  • II) L'homme se reconnaît dans la maîtrise de ses passions.

a) Les passions sont contre nature.
b) Le sage est celui qui fuit les passions.
c) N'est libre que celui qui maîtrise ses passions.

.../...

« affects (l'autonomie au sens propre) passe par la raison.On trouve, dans l'épicurisme même, une condamnation des passions au sens de désirs aveugles et non maîtrisables.Qu'il s'agisse donc d'une raison raisonnable ou rationnelle, la direction du "thumos" par le "logos" (schémaplatonicien) semble être le seul moyen pour l'homme de se retrouver ou de s'y retrouver, de n'être pas étranger àlui-même. C - LE CARACTERE "REVELATEUR" DE LA PASSION. On trouve chez Hegel une remise en perspective de cette dévalorisationtraditionnelle de la passion.

Rien de grand ne se fait sans passion, selonHegel, il faut comprendre correctement cela.Hegel montre que la conscience de soi -condition d'une maîtrise de soi- n'estpas "toujours-déjà" en possession d'elle-même, comme le supposent lesschémas rationalistes (Platon, Descartes, Kant).La conscience de soi, et la "reconnaissance de soi-même" comme libertéprésuppose un passage par l'expérience du désir.

Mais c'est dans laconfrontation des désirs, dans l'application du désir au désir de l'autre que,par un mouvement dialectique, le désir devient précisément désir dereconnaissance et souci d'autonomie.L'homme se "reconnaît" donc, non à une position de maîtrise absolue et à uneabsence de passions, mais à une capacité de s'affronter et de se confronterà ses passions, dans ce que l'on pourrait appeler un "désir de maîtrise" qui faitson essence.

La passion a souvent été méprisée comme une chose qui est plus ou moinsmauvaise.

Le romantisme allemand et, en particulier, Hegel restituent à la passion toute sa grandeur.

Dans une Introduction fameuse (« La Raison dans l'histoire ») à ses « Leçons sur la philosophie de l'histoire » - publiées après sa mort à partir de manuscrits de l'auteur et de notes prises par ses auditeurs -, on peut lire (trad.

Kostas Papaioannou , coll.

10118): « Rien ne s'est fait sans être soutenu par l'intérêt de ceux qui y ont participé.

Cet intérêt nous l'appelonspassion lorsque, écartant tous les autres intérêts ou buts, l'individualité tout entière se projette sur un objectifavec toutes les fibres intérieures de son vouloir et concentre dans ce but ses forces et tous ses besoins.

En cesens, nous devons dire que rien de grand ne s'est accompli dans le monde sans passion. » L'histoire est en apparence chaos et désordre.

Tout semble voué à la disparition, rien ne demeure : « Qui a contemplé les ruines de Carthage , de Palmyre , Persépolis , Rome , sans réfléchir sur la caducité des empires et des hommes, sans porter le deuil de cette vie passée puissante et riche ? Ce n'est pas comme devant la tombe desêtres qui nous furent chers, un deuil qui s'attarde aux pertes personnelles et à la caducité des fins particulières:c'est le deuil désintéressé d'une vie humaine brillante et civilisée. » L'histoire apparaît comme cette « vallée des ossements » où nous voyons les réalisations « les plus grandes et les plus élevées rabougries et détruites par les passions humaines », « l'autel sur lequel ont été sacrifiés le bonheur des peuples, la sagesse des Etats et la vertu des individus ».

Elle nous montre les hommes livrés à la frénésie des passions, poursuivant de manière opiniâtre des petits buts égoïstes, davantage mus par leurs intérêts personnelsque par l'esprit du bien.

S'il y a de quoi être triste devant un tel spectacle, faut-il, pour autant, se résigner, y voirl'œuvre du destin ? Non, car derrière l'apparence bariolée des événements se dévoile au philosophe une finalitérationnelle : l'histoire ne va pas au hasard, elle est la marche graduelle par laquelle l'Esprit parvient à sa vérité.

LaRaison divine, l'Absolu doit s'aliéner dans le monde que font et défont les passions, pour s'accomplir.

Telle est: « la tragédie que l'absolu joue éternellement avec lui-même: il s'engendre éternellement dans l'objectivité, se livre souscette figure qui est la sienne propre, à la passion et à la mort, et s'élève de ses cendres à la majesté ». Ainsi, l'histoire du devenir des hommes coïncide avec l'histoire du devenir de Dieu.

Etats, peuples, héros ou grandshommes, formes politiques et organisations économiques, arts et religions, passions et intérêts, figurent la réalité del'Esprit et constituent la vie même de l'absolu . « L'Esprit se répand ainsi dans l'histoire en une inépuisable multiplicité de formes où il jouit de lui-même.

Mais sontravail intensifie son activité et de nouveau il se consume.

Chaque création dans laquelle il avait trouvé sajouissance s'oppose de nouveau à lui comme une nouvelle matière qui exige d'être oeuvrée.

Ce qu'était son œuvredevient ainsi matériau que son travail doit transformer en une œuvre nouvelle. » Dans cette dialectique ou ce travail du négatif, l'Esprit, tel le Phénix qui renaît de ses cendres, se dresse chaque fois plus fort et plus clair.

Il se dresse contre lui-même, consume la forme qu'il s'était donnée, pour s'élever à uneforme nouvelle, plus élevée.

De même que le Fils de Dieu fut jeté « dans le temps, soumis au jugement, mourant dans la douleur de la négativité », pour ressusciter comme « Esprit éternel, mais vivant et présent dans le monde », de même l'Absolu doit se vouer à la finitude et à l'éphémère pour se réaliser dans sa vérité et dans sa certitude.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles