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L'Homme se reconnaît-il dans ses désirs ou dans leur maîtrise?

Publié le 10/01/2005

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Si l'on ne choisit pas les désirs qui nous assaillent, on peut en revanche décider ou non de leur donner notre assentiment. Le dernier mot de cette doctrine étant qu'il faut se reposer uniquement sur sa raison. + Religieuse : Assimilation du désir au péché, la chaire est le lieu du mal. Le désir est ce qui nous attache trop à ce monde, il est fondamentalement concupiscence (= jouissance de toutes les choses matérielles) et pour reprendre le mot de Pascal « divertissement », au sens il nous éloigne de la seule voie valable en ce monde : celle de Dieu et celle qui assurera le salut de notre âme. Dès lors, dans ces traditions religieuses la douleur en vient à être glorifiée : elle est ce qui punit le corps et le libère de ces mauvais penchants.   Transition : on voit bien que dans ces deux traditions, l'homme ne saurait se reconnaître : s'il n'est pas une bête, il ne saurait pas non plus être un ange, une raison pure. Si l'homme se perd dans la quête effrénée du plaisir, à l'inverse, une telle haine du désir et une telle omnipotence de la raison ne sont-elles pas tout simplement surhumaines ? De plus, n'est-ce pas manquer cette évidence que le désir humanise l'homme et que le désir peut et doit s'éduquer ?   III-             Désir et destination humaine.   Spinoza disait que « seule, assurément, une farouche et triste superstition, interdit de prendre des plaisirs ».

« L’homme « : à la fois l’espèce humaine et les désirs qui lui sont propres mais aussi l’homme comme essence, ensemble de caractéristiques physiques et psychologiques. « Se reconnait-il « : à la fois voir ce qui est propre à l’homme, mais aussi admettre ce qui est humain. De plus, idée très importante d’intersubjectivité (« reconnaître comme l’un des siens «…). « Dans ses désirs ou dans leur maîtrise « : soit leur laisser libre cours, soit les maitriser : mais de quelle maîtrise s’agit-il ? Dominer ses désirs pour les éradiquer, les sublimer, les éduquer ? Qu’est-ce que maîtriser un désir ? Plus fondamental encore est le rapport de l’homme au désir : il définit constitutivement l’homme en tant que celui-ci est le seul vivant à en éprouver, il est le signe d’un au-delà de la nature et pourtant, il est aussi ce qui peut enchainer et aliéner l’homme en l’écrasant du poids de sa nature charnelle. Il faut donc se demander à quelles conditions un désir est véritablement humain.

« enchainer et aliéner l'homme en l'écrasant du poids de sa nature charnelle.

Il faut donc se demander à quellesconditions un désir est véritablement humain.

I- Le désir est spécifiquement humain : distinction besoin/désir. + Le désir, à l'inverse du besoin, semble spécifiquement humain.

En effet, l'homme en tant qu'être vivant a desbesoins, qu'ils soient individuels (boire, manger, dormir) ou propre à l'espèce (reproduction, survie), toutefois àl'inverse des autres êtres vivants, une fois ceux-ci satisfaits, l'homme ressent encore un manque.

(Ainsi l'homme qui« a simplement de quoi vivre » enviera bien souvent son voisin qui a plus que lui.)+ Dès lors, ces deux pôles de la vie humaine peuvent se distinguer du point de vue de la nature : les besoinsdoivent être satisfaits pour survivre (ce qui inclut aussi les besoins « spirituels » et intellectuels : il faut un minimumde jugement pour survivre) mais à l'inverse un désir non satisfait n'entraînera pas de mort biologique.+ L'homme se caractérise par le fait qu'il n'est pas entièrement un être de nature, partant il ne saurait se contenterdes besoins naturels, il est au-delà de la nature en même temps qu'il en fait partie : on peut trouver ici la source dudésir et voir en quoi celui-ci est spécifiquement humain. Transition : si le désir est comme on l'a vu spécifiquement humain, il n'en reste pas moins que par celui-ci, l'homme peut aussi se perdre et méconnaître ce qu'il est.

II- Les errances du désir. A-l'illimitation du désir.

(Le personnage de Calliclès dans le Gorgias de Platon) Pour Calliclès, une vie réussie est une vie vécue selon les passions et lesdésirs de l'individu : toute passion est ainsi bonne à prendre, aucune n'est àrefuser.

Position très radical qui tend aux excès les plus dangereux : on envient à nier autrui (il n'est qu'un moyen pour assouvir mes passions), on nieaussi les vertus (elles ne sont plus des fins en soi mais des instruments pourassouvir mes désirs : je ne suis courageux que pour les honneurs et la gloireque cela me vaudra).

On en vient à méconnaitre l'existence humaine commeessentiellement intersubjective et morale.

De plus, dans une telle perspective,l'homme risque aussi de se perdre lui-même en devenant esclave de sespassions : perte de la liberté et du jugement qui sont ce qui permet à l'hommede se reconnaître comme humain.

B-l'ascétisme mortifère.

Mais l'homme peut aussi se perdre à cause du désir par un excès inverse :l'idéal de vertu et d'abstinence. Kant dit ainsi dans son Anthropologie que toute passion est moralementcondamnable car elle priverait l'hommede sa liberté.

Cette analyse repose surune double tradition :+ Stoïcienne :L'idéal de vie pour cette école repose dans l'apathie (= absence de passions)pour arriver à la paix intérieure et à la liberté.

Si l'on ne choisit pas les désirsqui nous assaillent, on peut en revanche décider ou non de leur donner notreassentiment.

Le dernier mot de cette doctrine étant qu'il faut se reposeruniquement sur sa raison.+ Religieuse :Assimilation du désir au péché, la chaire est le lieu du mal.

Le désir est ce quinous attache trop à ce monde, il est fondamentalement concupiscence (=jouissance de toutes les choses matérielles) et pour reprendre le mot dePascal « divertissement », au sens il nous éloigne de la seule voie valable ence monde : celle de Dieu et celle qui assurera le salut de notre âme.

Dès lors,dans ces traditions religieuses la douleur en vient à être glorifiée : elle est cequi punit le corps et le libère de ces mauvais penchants.

Transition : on voit bien que dans ces deux traditions, l'homme ne saurait se reconnaître : s'il n'est pas une bête, il ne saurait pas non plus être un ange, une raison pure.

Si l'homme se perd dans la quête effrénée du plaisir, à l'inverse, une telle haine du désir et une telleomnipotence de la raison ne sont-elles pas tout simplement surhumaines ? De plus, n'est-ce pas manquer cetteévidence que le désir humanise l'homme et que le désir peut et doit s'éduquer ? III- Désir et destination humaine.. »

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