L'homme qui vit selon ses passions... ARISTOTE
Publié le 29/06/2015
Extrait du document
« L'homme qui vit selon ses passions ne peut guère écouter ni comprendre les raisonnements qui cherchent à l'en détourner. Comment serait-il possible de changer les dispositions d'un homme de cette sorte? Somme toute, le sentiment ne cède pas, semble-t-il, à la raison, mais à la contrainte. Il faut donc disposer d'abord d'un caractère propre en quelque sorte à la vertu, aimant ce qui est beau, haïssant ce qui est honteux ; aussi est-il difficile de recevoir, dès la jeunesse, une saine éducation incitant à la vertu, si l'on n'a pas été nourri sous de telles lois, car la foule, et principalement les jeunes gens, ne trouvent aucun agrément à vivre avec tempérance et fermeté. Aussi les lois doivent-elles fixer les règles de l'éducation et les occupations, qui seront plus facilement supportées en devenant habituelles. À coup sûr, il ne suffit pas que, pendant leur jeunesse, on dispense aux citoyens une éducation et des soins convenables ; il faut aussi que, parvenus à l'âge d'homme, ils pratiquent ce qu'on leur a enseigné et en tirent de bonnes habitudes. Tant à ce point de vue que pour la vie entière en général, nous avons besoin de lois. La foule en effet obéit à la nécessité plus qu'à la raison et aux châtiments plus qu'à l'honneur. «
ARISTOTE
«
-
-C'est à cela aussi que servent les lois, qui exercent donc leur pouvoir coercitif
tout au long de l'existence des citoyens.
- C'est que
«la foule» a besoin de contraintes.
Elle obéit à la «peur du
gendarme>>, beaucoup plus qu'à la seule raison.
- Objection possible (de type kantien): les comportements ainsi déterminés ne
sont que du conformisme, et alors même qu'il est question de vertu, ils n'ont que
l'apparence de la morale puisqu'ils sont déterminés
par la seule crainte.
III.
PROBLÈMES EN SUSPENS
-Qui énonce les lois? Le texte ne le dit pas.
Sans doute pas des membres de« la
foule
"• qui apparaît dans tout le texte soumise à la seule affectivité.
Un ou des
individus lui étant supérieurs
par leur connaissance de la vertu (tradition
platonicienne).
- Malgré cet aspect anti-démocratique,
le problème abordé par Aristote reste
d'actualité.
Non seulement parce qu'il resurgit périodiquement en philosophie (les
théories politiques de Hobbes en sont en quelque sorte une version
outrée)- mais
parce que cela reste
le problème de la démocratie: comment former le citoyen?
Et s'il faut compter sur une éducation, comment celle-ci peut-elle être autre chose
qu'une idéologie (au sens marxiste)?
-
On peut souligner que pour Aristote les lois doivent fixer aussi les «occupa
tions>>, Ce qui, en termes contemporains, se traduirait par une surveillance
permanente des faits et gestes des citoyens, c'est-à-dire
par un régime policier.
CONCLUSION
Caractère à la fois daté (dans le vocabulaire) et actuel (dans la problématique) du
texte: c'est
ce qui singularise par excellence la réflexion philosophique.
DOCUMENT.
Importance de l'éducation
L'homme ne peut devenir homme que par l'éducation.
Il n'est que ce qu'elle le
fait.
Il est à remarquer qu'il ne peut recevoir cette éducation que d'autres hommes,
qui l'aient également reçue.
Aussi le manque de discipline et d'instruction chez
quelques hommes en fait-il de très mauvais maîtres pour leurs élèves.
Si un être
d'une nature supérieure
se chargeait de notre éducation, on verrait alors ce qu'on
peut faire de l'homme.
Mais, comme l'éducation, d'une part, apprend quelque
chose aux hommes, et, d'autre part, ne fait que développer en eux certaines
qualités,
il est impossible de savoir jusqu'où vont nos dispositions naturelles.
Si
du moins on faisait une expérience avec l'assistance des grands et en réunissant
les forces de plusieurs, cela nous éclairerait déjà sur la question de savoir jusqu'où
l'homme peut aller dans cette voie.
Mais c'est une chose aussi digne de remarque
pour un esprit spéculatif que triste pour un ami de l'humanité, de voir la plupart
des grands ne jamais songer
qu'à eux et ne prendre aucune part aux importantes
expériences que l'on peut pratiquer sur l'éducation, afin
de faire faire à la nature
un pas de plus vers la perfection.
KANT
(Texte proposé en sujet III, Antilles-Guyane, sept.
90, A)
102.
»
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