L'homme pourrait-il vivre sans la conscience du passé ?
Publié le 23/03/2015
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PLAN |
«
50 LE TEMPS- LA PERCEPTION, L'ESPACE, LA MÉMOIRE
I - La nécessité d'une consdence du passé
a) La vie présuppose la mémoire du passé.
En effet, tout savoir pratique
implique la mémoire des règles techniques, aussi bien au niveau de la vie
individuelle que de la vie sociale.
Le pouvoir sur les choses est la réactualisation
d'un savoir acquis de telle sorte que la mémoire fonctionne comme une source
d'action
sur le monde.
La vie consciente, au lieu de fonctionner selon des
comportements instinctifs, met en œuvre des processus décisionnels et
techniques qui puisent dans un capital d'expérience.
Contrairement aux autres
mammifères, l'homme semble être par excellence un être de mémoire.
Au lieu de
vivre un présent absolu, toujours renouvelé, au
fil de ses perceptions et de ses
actions, l'homme vit un perpétuel chevauchement du passé, du présent et du
futur.
Sa conscience, retenant le passé immédiat et anticipant sur le futur proche,
effectue une synthèse temporelle qui lui permet de lier les événements entre eux,
bref de penser un ordre rationnel du moi et du monde.
b) Le passé source d'identité du moi.
Le passé subsiste dans la mémoire selon
des points de vue très subjectifs puisque le sujet l'enregistre à partir d'un
«je »
central qui est le centre de toutes ses perceptions.
Ce passé est en outre
transformé et réinterprété par le sujet lui-même: des oublis, des corrections de
jugements, de nouvelles versions le modifient sans cesse.
Par ce travail sur la
mémoire, notre identité se constitue car
je suis avant tout défini par la succession
des événements qui forment
ma vie.
Loin d'être résumée par une identité
génétique, mon
« moi » est avant tout une continuité temporelle.
c) Nous pourrions aller plus loin, bien vivre exige aussi une cohérence
existentielle
entre les moments de ma vie, plutôt qu'une collection désordonnée
d'événements sans liens entre eux.
Mais
à quelles conditions mon passé peut-il
acquérir cette cohérence ?
Une simple connaissance du passé suffit-elle ou bien
faut-il la compléter par une connaissance de soi ? Remarquons en premier lieu
que, naturellement, une existence doit être ordonnée par des principes supérieurs
à la succession des événements provoqués par le hasard ou celle des désirs
aléatoires et contradictoires.
d) Quelle est la source de cette cohérence? C'est une éthique (du grec
èthos,
comportement, genre de vie) qui doit fournir des principes existentiels: principes
d'action raisonnables, de maîtrise de soi, de contrôle des émotions
et des
passions, mais aussi de perfectionnement de ses potentialités afin de devenir
«celui que l'on est».
Bien vivre exige donc aussi la connaissance des
mécanismes inconscients de notre comportement et des passions humaines.
Une
telle mise en ordre existentielle rend alors possible une clarté, une intelligibilité
et une progression du
passé, bref, un sens, plutôt qu'une succession désordonnée.
La conscience du passé semble alors essentielle pour bien
vivre: se retrouver.
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