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l'homme pourrait-il vivre sans la conscience du passé ?

Publié le 24/11/2005

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conscience
Si notre conscience n'était que pure intuition de l'instant, elle ne serait rien. La conscience intègre la totalité du passé dans la mémoire, qui est comme la source de notre intégration et de notre compréhension du moment présent.La conscience est donc à entendre dans un sens profondément vital. Elle résume et exprime notre puissance de choix. Choisissant une action plutôt qu'une autre, elle ne laisse de contenir en elle l'intégralité du possible. Ce par quoi se définit notre pure et immédiate liberté. Être conscient, c'est s'inventer sans cesse soi-même dans de libres choix.  REFOULEMENT : Action par laquelle des pulsions ou désirs inconscients sont arrêtés, par la censure du surmoi, dans leur manifestions conscientes. III. CONSCIENCE DU PASSÉ ET REFOULEMENT - Sans doute la conscience du passé ne doit-elle pas être le tout de la conscience: c'est alors qu'elle serait stérilisante.
  • ANALYSE DU SUJET: La saisie du passé, l'acte spirituel par lequel je pense mon passé comme tel, possèdent-ils une fonction ? Que permettent-ils exactement dans l'existence humaine ? Sans conscience du passé, l'homme ne pourrait accéder à la réalité de la personne et, dans ces conditions, ne pourrait vivre.

 

  •  AVERTISSEMENT

 «L'homme« est ici ambigu: terme générique ou individu? On peut traiter les deux aspects. Difficulté supplémentaire: rien n'oblige à considérer «conscience du passé« comme synonyme de «connaissance du passé«.  

  •  INTRODUCTION

 Parce que la conscience du passé paraît parfois encombrante ou stérilisante (cf. le remords, ou Nietzsche: «le roc: ce fut«), l'être humain peut être tenté par une existence qui en serait débarrassée. Ce souhait est-il réalisable ? L'homme pourrait-il vivre sans conscience du passé ?  

conscience

« — Cf.

Bergson: son assimilation entre conscience et mémoire.

Je n'ai lesentiment d'être un moi durable que parce que j'ai conscience de mon passé.

S'ildisparaissait entièrement, je serais confronté à l'obligation de vivre sans cesseen reprenant tout à zéro (aucune expérience acquise, aucun savoir efficace):s'il y a là la possibilité de savourer l'émergence immédiate de la vie et soncaractère d'innovation, elle s'accompagne nécessairement de l'impression d'êtreen permanence désorienté, sans repère, devant l'afflux ininterrompu de ce quiapparaîtrait à chaque instant comme radicalement nouveau et déroutant. La conscience est plongée dans le temps.

Pour Bergson, elle est conscience dela durée même, propre temporalité.

Alors que l'entendement est spatial,analytique, immobile, la conscience est saisie de la durée intime comme fluxininterrompu.

L'entendement est une faculté qui organise, classe, ordonne,hiérarchise, formalise souvent sous le modèle du classique mécanisme ; laconscience est une continuité indécomposable d'instants qui s'agencent à lamanière des notes dans une symphonie musicale.

Isoler une note ne signifie rienet bouleverse l'harmonie de l'ensemble.

Lorsque nous tenons un discours, ledébut de notre phrase appartient déjà au passé.

Pourtant, dans ce discours,nous suivons le sens de ce qui est dit, et nous comprenons ce qui se dit.

Lepassé, bien qu'objectivement passé, demeure en notre conscience où il ne cessede vivre.

Si notre conscience n'était que pure intuition de l'instant, elle ne serait rien.

La conscience intègre la totalité du passé dans la mémoire, qui est comme la source de notre intégration et denotre compréhension du moment présent.La conscience est donc à entendre dans un sens profondément vital.

Elle résume et exprime notre puissance dechoix.

Choisissant une action plutôt qu'une autre, elle ne laisse de contenir en elle l'intégralité du possible.

Ce parquoi se définit notre pure et immédiate liberté.

Être conscient, c'est s'inventer sans cesse soi-même dans de libreschoix.

III.

CONSCIENCE DU PASSÉ ET REFOULEMENT — Sans doute la conscience du passé ne doit-elle pas être le tout de la conscience: c'est alors qu'elle seraitstérilisante.— Mais l'absence de conscience du passé, ce pourrait être aussi la présence du passé dans le seul inconscient,c'est-à-dire le refoulement systématique. — Or on sait (cf.

la psychanalyse) qu'un tel refoulement est pathogène.

C'est ce qui, du passé, n'accède pas à laconscience qui traumatise le malade, et la cure a précisément pour objet d'inscrire dans la conscience ce passé quin'y était pas intégré.

Dans cette optique, un individu vivant sans conscience du passé est condamné audéséquilibre. — Même constat sur le plan collectif: une société ne voulant rien considérer de son passé risque un «retour durefoulé ».

Le passé doit bien être dans la conscience pour qu'on puisse l'analyser, en estimer les erreurs éventuelleset se débarrasser du risque de leur répétition.

Nécessité de l'anamnèse, condition essentielle à l'élaborationprogressive de la liberté authentique pour une population. CONCLUSION Il est toujours possible que la conscience du passé soit synonyme de «mauvaise conscience ».

Mais cette dernièremarque à sa façon la différence entre l'homme et l'animal : la tâche de l'être humain est aussi de régler ses comptesavec son passé, ce qui suppose qu'il en prenne la conscience la plus complète possible.. »

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