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L'homme pourrait-il vivre sans la conscience du passé ?

Publié le 10/09/2004

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conscience
  • ANALYSE DU SUJET: La saisie du passé, l'acte spirituel par lequel je pense mon passé comme tel, possèdent-ils une fonction ? Que permettent-ils exactement dans l'existence humaine ? Sans conscience du passé, l'homme ne pourrait accéder à la réalité de la personne et, dans ces conditions, ne pourrait vivre.

  • AVERTISSEMENT

«L'homme« est ici ambigu: terme générique ou individu? On peut traiter les deux aspects. Difficulté supplémentaire: rien n'oblige à considérer «conscience du passé« comme synonyme de «connaissance du passé«.

  • INTRODUCTION

Parce que la conscience du passé paraît parfois encombrante ou stérilisante (cf. le remords, ou  Nietzsche: «le roc: ce fut«), l'être humain peut être tenté par une existence qui en serait débarrassée. Ce souhait est-il réalisable ? L'homme pourrait-il vivre sans conscience du passé ?

Introduction Vivre sans la conscience du passé, n'est-ce pas impossible pour un être doué de conscience, puisque la conscience est, selon les termes de  Bergson « un pont jeté entre le passé et le futur « ? La mémoire, cette conscience du passé, n'est-elle pas essentielle pour notre vie pratique, mais également pour constituer notre identité personnelle et pour donner un sens à notre existence ? Mais à l'opposé, nous pouvons nous demander si le passé ne risque pas de peser sur la vie, de s'opposer à la libre nouveauté du présent par une cristallisation des habitudes, des traditions, voire par la pesanteur d'un passé mort et révolu. « Vivre « doit donc être entendu ici au sens complet d'un épanouissement de nos facultés, conformément au bien-vivre que recherchaient les philosophes de l'Antiquité. Nous nous proposons d'examiner successivement ces deux évaluations complémentaires de la conscience du passé.

 

  • 1. Mémoire et conscience du passé.

a) La mémoire élémentaire ou sensori-motrice b) La mémoire supérieure

  • 2. Mémoire et société

a) Mémoire et récit b) Toute mémoire est collective

  • 3. La vie de l'homme socialisé
conscience

« principes de la sagesse plutôt que dans la futilité d'une réputation ou des richesses ? Pascal, dans les Pensées, ne décrit-il pas les effets du divertissement, tourbillon existentiel où l'hommes'égare parce qu'il ne supporte ni ses limitations ni ses fragilités ? L'ennui est hautement insupportable à l'homme, parce qu'alors, l'absence detout désir fait place à la considération de soi-même et à la conscience de savanité.

Dès lors, on comprend que tout homme cherche à se divertir, c'est-à-dire à se détourner de la pensée affligeante de sa misère.

Nos désirs, pourautant qu'ils nous portent à croire que leur réalisation nous rendrait heureux,sont l'instrument majeur de cette stratégie.

L'imagination, qui institue desbiens comme désirables, en est l'auxiliaire indispensable.

La vérité du désirn'est donc pas dans son objet mais dans l'agitation qu'il excite : « nous nerecherchons jamais les choses mais la recherche des choses » (773).

Mais ledivertissement n'est qu'un cache-misère.

Préférable à l'accablement de l'ennui,il s'avère sur le fond tout aussi nuisible.

Faire obstacle à la considération de samisère, c'est se priver des moyens de la dépasser. II - Les pesanteurs de la conscience du passé sur la vie a) Cependant, si elle peut être source de compréhension de soi, la consciencedu passé ne recèle-t-elle pas des dangers ? En effet, le passé ne risque-t-ilpas de dévaloriser le présent ? Refuge confortable d'un monde intérieur oùl'esprit est libre de rappeler ses moments heureux, le passé apparaît bien comme une dimension refuge, susceptibled'une plénitude plus grande que la fade réalité.

Mais, dimension de ma puissance, le passé ne peut-il pas êtreégalement source de ma difficulté à exister ?b) En effet, si le passé peut receler des trésors de réminiscences, voire de compréhension analytique sur mapersonnalité, il peut aussi m'enfermer et m'ôter la nouveauté vivante du présent.

L'esprit qui fige ses expériences,immobilise ses pensées et cristallise ses sentiments semble paralyser sa vie elle-même.

La conscience du passédevient alors un poids, un acte opposé à la création qu'est toute conscience.

Si, pour Bergson, toute conscience est essentiellement un dynamisme créateur, ne doit-elle pas rester fidèle àl'ouverture sur le possible pour demeurer vivante ?Ce risque semble aussi peser sur les institutions sociales et culturelles.

Fortesd'un passé glorieux, combien de civilisations brillantes ne se sont-elles pas figéessur elles-mêmes, devenues stériles et mortes.

Nous pourrions discerner dansl'évolution des civilisations une tentation permanente à conserver leur gloire aulieu de la renouveler.

En effet, le renouvellement exige toujours plus d'efforts etd'énergie et donc de souffrance et d'incertitude que la perpétuation desrichesses acquises.

Ainsi naît l'esprit de conservation.

Or il est clair que lemonde change et est en perpétuelle mutation : moeurs, coutumes, langages,arts évoluent irrémédiablement.

Par désir de puissance, en voulant conserverses intérêts, celui qui détient le pouvoir refuse souvent le changement par peurde le perdre.

Il dogmatise donc les traditions et les institutions, comme l'AncienRégime avant la Révolution française, jusqu'à ce que des révolutions historiquesbouleversent brutalement l'ordre ancien.

Ici encore, la conscience du passé peutdevenir stérilisante.

Le philosophe Georg Simmel voit dans la nature même de laraison l'origine de cette immobilisation de la vie ; par ses concepts, ses fixationsécrites sous forme de signes, elle arrêterait le mouvement vital pour leconserver.

Telle serait la « tragédie de la culturel ».. »

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