L'homme peut-il ne pas vouloir chercher le vrai ?
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
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importants, des visites dans des endroits inusités, des gestes de bravoure qu'il a faits, toutes situations impossibles à vérifier.
Ilrecherche l'admiration grâce à l'auto valorisation, c'est pour cette raison qu'il ment.
Le fabulateur se rapproche du type dementeur qui se ment à lui-même en tentant d'effacer une Réalité.
Il n'est pas donné à tous de bien mentir.
Certains en sont mêmeincapables; ils rougissent, hésitent, commettent des lapsus.
Il importe de contrôler ses émotions pour bien mentir.
Comme dans lavie courante on n'y échappe pas, il faut apprendre à bien mentir, en évitant de blesser la victime.
Savoir bien mentir, savoir biendire la vérité; être trop franc nous isole, être trop menteur aussi.
Il est bien sûr préférable de se dire les choses, de se faireconfiance; c'est moins compliqué que de s'embourber dans une série de mensonges La communication permet d'établir desrapports plus solides et d'être soi-même, car on devient vite esclave de ses mensonges.
Cela dit, on dira ou non la vérité selon lapersonne à qui l'on s'adresse.
Pourquoi désirer chercher la vérité ?La science, la connaissance de la vérité qu'a le savant, ou le sage, n'est pas une connaissance exclusive de toutes les vérités, maisune tournure intellectuelle qui permet d'atteindre la vérité dans les situations dans lesquelles on la recherche.L'Homme se différencie, en effet des animaux par sa capacité à penser, il semble donc naturel qu'il désire connaître la vérité.On nous demande de savoir si on a raison de chercher la vérité, ce qui semble paradoxal car c'est la raison elle-même qui mènecette quête.
Chercher la vérité semble une exigence nécessaire pour l'homme qui choisit d'accomplir sa destination d'être rationnelcontre tous les faux semblants, illusions et croyances de l'opinion.
Certes cette quête est difficile, mais elle est la condition mêmed'une vie heureuse, à l'image du sage épicurien qui, par le savoir, conquiert le plaisir.
Il sait alors justifier ses choix et donner desraisons universelles de chercher la vérité pour atteindre la vie heureuse.Dans l'opuscule Sur un prétendu droit de mentir par humanité, Kant défend l'universalité du devoir de vérité.Il part de l'examen d'un exemple extrême, mais c'est justement son caractère extrême qui le rend exemplaire.
Supposons quequelque criminel me somme de dire quelque chose qui met ma vie ou celle d'un autre en danger.
Par exemple il me force à avoueroù se cache mon ami pour le tuer.
Ai-je le droit de me taire (voire de mentir) ou dois-je quand même dire la vérité?Kant répond que la véracité dans ses déclarations est un devoir absolu de l'homme envers chacun, si grave soit le préjudice quipeut en résulter pour lui.
Si, en ne disant pas la vérité, je ne commets, certes, aucune injustice à l'égard du criminel qui me force àparler, j'en commets néanmoins une envers la morale c'est à dire envers l'humanité.
C'est en effet la grandeur de l'homme que depouvoir fonder une morale puisque celle-ci est l'œuvre de la raison, faculté qui nous distingue de l'animal.
Agir contre la moralec'est donc porter atteinte à l'humanité elle-même.
Dès lors il est faux de dire que la vérité puisse nuire aux hommes.
C'est aucontraire le mensonge (même par omission) qui nuit à l'humanité et donc à autrui.
Même si se taire ne nuit pas à un individu enparticulier, cela nuit à l'humanité toute entière.
Il faut bien voir, en effet, qu'admettre même une seule infraction à la morale, c'estcréer un précédent qui conduit à admettre toutes les infractions.
Il n'y a plus de limite.
La morale s'écroule et, puisqu'elle nousdistinguait de la bête, ce qui en résulte est un retour de l'homme à l'animalité.Kant ajoute que le mensonge par bonté d'âme peut même, par accident, tomber sous le coup de la loi civile.
Or, ce quin'échappe à la sanction que par accident est injuste.
Le droit a valeur universelle.
Une action ne saurait être juste dans certainscas et injuste dans d'autres.Si, par mensonge, on empêche quelqu'un d'agir alors qu'il s'apprête à commettre un meurtre on est alors juridiquementresponsable de toutes les conséquences qui pourraient en découler.
En revanche, si l'on s'en tient à la stricte vérité, la justicepublique ne peut s'en prendre à nous, quelles que puissent être les conséquences imprévues qui en résultent.Cependant la vérité reste subjective de fonction de nos valeurs, de nos principes….
Il n'est pas exclu que notre désir de vérité puisse être satisfait dans les faits dans des cas précis ; il n'est pas exclu non plus quenous ayons, en droit, la capacité de connaître la vérité.
Ce qui, en revanche est exclu, est que nous ayons en pratique uneconnaissance absolue de toute vérité.Il semble bien que nous soyons dans l'incapacité de prouver la vérité.
Ce qui ne veut pas dire pour autant que nous soyons dansl'incapacité de l'atteindre.
Si rien ne prouve ultimement que nous soyons dans le vrai, rien ne prouve davantage que nous soyonscontinuellement dans l'erreur.
Il nous faut donc réduire les risques de nous être trompés en exerçant une vigilance critiquepermanente ! Simone Weil se donnait à elle-même pour règle, chaque fois qu'elle avait pensé quelque chose, de se demander enquel sens le contraire était vrai! Non par scepticisme militant, mais par respect de la vérité, jamais assurée.
Comment ne pasreconnaître avec Pascal que " nous avons une impuissance à prouver, invincible à tout dogmatisme " et que " nous avons une idéede la vérité, invincible à tout pyrrhonisme " ?Il est parfois permis de se taire quand on connaît la vérité.
Il n'en reste pas moins vrai que les circonstances de ce droit restentexceptionnelles.
L'idéal reste une société où la vérité est une valeur.
Mais, justement, cela reste un idéal et, en fin de compte, lesuprême mensonge n'est-il pas de croire que la vérité est toujours possible.
L'idéal de transparence entre les hommes est-il unidéal sérieux ? Ne portons-nous pas tous des masques sociaux, ne jouons-nous pas toujours des rôles que les contraintessociales nous imposent et qui sont en fin de compte des mensonges ? Sartre soulignait que l'homme qui se présente comme.
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