L'homme occupe-t-il une place particulière dans la nature?
Publié le 15/03/2005
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Descartes subvertit la tradition. D'une part, il cherche des « connaissances qui soient fort utiles à la vie «, d'autre part la science cartésienne ne contemple plus les choses de la nature, mais construit des objets de connaissance. Avec le cartésianisme, un idéal d'action, de maîtrise s'introduit au coeur même de l'activité de connaître. La science antique & la philosophie chrétienne étaient désintéressées ; Descartes veut, lui, une « philosophie pratique «. « Ce qui n'est pas seulement à désirer pour l'invention d'une infinité d'artifices qui feraient qu'on jouirait sans aucune peine des fruits de la terre et de toutes les commodités qui s'y trouvent, mais principalement aussi pour la conservation de la santé [...] « La nature ne se contemple plus, elle se domine. Elle ne chante plus les louanges de Dieu, elle est offerte à l'homme pour qu'il l'exploite et s'en rende « comme maître & possesseur «. Or, non seulement la compréhension de la science se voit transformée, mais dans un même mouvement, celle de la technique. Si la science peut devenir pratique (et non plus seulement spéculative), c'est qu'elle peut s'appliquer dans une technique. La technique n'est plus un art, un savoir-faire, une routine, elle devient une science appliquée.
L'homme est supérieur à tous les autres êtres de la nature. L'homme est le seul vivant doué de raison et de conscience. L'homme occupe une place privilégiée dans la nature. Mais, l'homme n'a pas une place privilégiée dans la nature. Il n'est qu'un élément dans un grand système qui le dépasse. Le monde pourrait très bien exister sans les hommes.
- 1) Point de vue scientifique : même si notre espèce est convaincue de sa prétendue supériorité, sa place ne serait particulière que comme est particulière la place de chaque espèce naturelle.
a) Humiliation cosmologique. b) Humiliation biologique. c) Humiliation psychologique ou blessure narcissique
- 2) La position de l'homme dans la nature est bien particulière il se situe en face d'elle, se met à distance d'elle et par son intelligence, il peut la comprendre et la maîtriser.
a) L'homme conscient b) L'homme savant c) L'homme technicien
- 3) L'homme est un être d'exception au sein de la nature : un être de culture et de liberté.
a) Le seul être libre au sein de la nature b) Le seul être historique c) Le seul être dont la destination soit morale
«
plus à l'homme, à son coeur.
Il ne nous entretient plus de Dieu, il n'est plus un univers merveilleux dont la perfectionnous incite à la louange du Créateur.
C'est l'univers glacé des lois scientifiques.
Un univers effrayant, parce quel'homme et ses inquiétudes n'y ont plus de place et n'y trouvent plus de réponses.
Telle est la leçon janséniste.
Dieu n'est plus visible dans la nature, le Dieu auquel on doit croire est « un Dieu caché ».
La conséquence que Pascal tire donc des sciences de son temps, c'est la « disproportion de l'homme ».
il y a disproportion entre l'homme et l'univers, entre le fini de l'humaine condition et l'infini de l'univers ; il y adisproportion entre l'homme et lui-même, dans la mesure où nous sommes incapables de nous comprendre nous-mêmes sans Dieu et le secours des Ecritures.
Pascal montre donc à l'homme qu'au regard de l'infinité de l'espace, il n'est que dans un « petit cachot », dans un morceau ridicule d'espace, mais aussi que, fouillant la plus petite parcelle de matière, il retrouvera « une infinité d'univers ».
« Qui se considérera de la sorte s'effrayera de soi-même, et, se considérant soutenu dans la masse que la nature luia donnée, entre ces deux abîmes de l'infini et du néant, il tremblera dans la vue de ces merveilles, et je crois que sacuriosité se changeant en admiration, il sera plus disposé à les contempler en silence, qu'à les rechercher avecprésomption. »
Nous touchons là au second sens de l'effroi devant l'infinité et le silence de l'univers.
Il faut vaincre la présomptionscientifique.
Il faut réapprendre à l'homme à trembler, il faut lui faire comprendre que par la raison il ne comprendrajamais ni l'univers, ni lui-même.
L'univers est vide de Dieu, et il est offert à la recherche scientifique.
Il faut montrer au savant que ses recherches sont dérisoires, que le seul vrai souci est le souci de Dieu.
Et c'est en montrant qu'il y a unedisproportion extrême entre l'infini qui nous submerge et notre condition faible et mortelle, qu'on pourra affirmer :
« Nous avons beau enfler nos conceptions au-delà des espaces imaginables, nous n'enfantons que des atomes au prix de la réalité des choses [...] ne cherchons point d'assurance et de fermeté.
Notre raison esttoujours déçue par l'inconstance des apparences ; rien ne peut fixer le fini entre les deux infinis qui l'enferment et lefuient. »
Ce qu'il y a d'effrayant dans le monde tel que le conçoit le XVII ième savant, est qu'il est un univers froid, dontDieu s'est retiré, et où l'infini nous engloutit, où la nature ne nous parle plus.
Mais ce qu'il y a de plus effrayantencore, c'est que les savants entreprennent de comprendre cet univers grâce à la raison naturelle, en sedétournant ainsi de la quête de Dieu.
L'univers est visible, mais froid et silencieux, Dieu est caché.
Les savantss'arrêtent à l'univers au lieu de rechercher Dieu.
C'est pourquoi il faut humilier la raison, et lui montrer lescontradictions dans lesquelles elle s'empêtre.
C'est pourquoi il faut dire à l'homme de science que sa raison ne luifournira aucune certitude, c'est pourquoi il faut souligner la disproportion entre le fini et l'infini.
Par là s'expliquent les attaques contre Descartes et la fameuse formule « Descartes inutile et incertain ». Descartes est inutile car il n'est que savant, et que la raison n'atteint que l'inessentiel en l'homme ou en la nature. Il est incertain parce que jamais la raison ne peut nous fournir de certitude véritable, et que, pour le jansénistequ'est Pascal , l'essentiel est la connaissance non pas d'un Dieu dont on prouve l'existence, mais de J.C.
auquel on croit :
« Je ne puis pardonner à Descartes ; il aurait bien voulu, dans toute sa philosophie, se pouvoir passer de Dieu ; maisil n'a pu s'empêcher de lui faire donner une chiquenaude pour mettre le monde en mouvement ; après cela, il n'a plusque faire de Dieu.
»
Le monde des savants est celui où Dieu n'a plus d'autre fonction que de créer la matière et de lui imprimer dumouvement ; après cela, Dieu disparaît.
Ce n'est pas la compréhension de l'univers matériel qui importe.
Pire, elle risque de faire écran à la saisie del'essentiel : la charité, c'est-à-dire l'amour de Dieu.
b) Humiliation biologique.L'homme se croyait le seigneur d'une nature inférieure et subordonnée à sa domination.
Mais Darwin montre lacontinuité, l'égalité de statut entre l'homme et la nature.
On passe ici du fixisme à l'évolutionnisme.
c) Humiliation psychologique ou blessure narcissiqueL'homme se croyait souverain en son âme, prétendait maîtriser la nature en lui et hors de lui.
Mais Freud montre que.
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