L'homme n'est il qu'un animal civilisé ? ?
Publié le 11/11/2009
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Incipit : Vouloir donner une définition de l’homme est pratique courante dans l’histoire de la philosophie, en partant du bipède sans plumes de Platon (rallié par Diogène) jusqu’à l’animal raisonnable des classiques, héritiers d’Aristote. Mais progressivement, la question de la définition correcte se réduit à n’être qu’exemple de logique et perd de sa teneur ontologique essentielle, ou essentialiste. Aujourd’hui, tenter une définition de l’homme, individu ou genre, tend à se faire sur le mode privatif (c’est le cas de l’énoncé : “ n’est que quelque chose [et rien de plus] ”). On sait que tout vivant est réduit, ou du moins réductible à de la matière, séquençable en ADN, c’est-à-dire biologisable. L’état de fait du vivant réduit à son statut biologique, on attribue des prédicats spécifiques et différentiels : “ être civilisé ” en est exemplaire. Il s’agit de se distinguer, en tant qu’homme, par différenciation d’un tout biologique auquel l’homme appartient.
Thèmes : L’analyse successive des deux thèmes principaux de l’énoncé, articulés sous forme de complexes de notions, doit assurer l’explicitation de sa problématique. Le premier est constitué du rapport définitionnel de l’homme à l’animalité, tandis que le second repose sur la définition de l’acception à donner à l’état “ être civilisé ”, et au terme de civilisation. (i) L’homme et l’animal : le recours à l’étymologie est ici d’une utilité non négligeable. Au niveau étymologique en effet, être animal c’est d’abord être animé, et être animé, c’est être en état de possession d’une âme, principe de vie. L’animalité est ainsi le principe définitoire du règne vivant. A ceci près qu’une précision doit être alors apportée, et ceci en référence à l’acception aristotélicienne de la notion d’âme : cette dernière connaît en effet une structure hiérarchisée selon quatre types (comprenant le règne végétal). Le critère distinctif de l’âme humaine, au regard des autres vivants appartenant au règne périssable de la nature, est définitivement son caractère rationnel. (ii) La civilisation et l’état civilisé : Tenter ici une définition est beaucoup plus complexe, et la réduction étymologique est bien sûr insatisfaisante (tendant plus à rapprocher le terme de la civilité au sens d’un état de société normé et conventionnel structuré par des pratiques politiques). Il faut donc procéder à une analyse du terme de civilisation, c’est-à-dire à sa décomposition en termes de signification. Afin d’en simplifier la signification, retenons deux dimensions (ou champs de la réalité) comme composants de la notion de civilisation : société et culture. Conjonction ou addition de la société et de la culture égale à civilisation. La culture n’est bien sûr pas ici à entendre au sens d’un ministère, mais plutôt au sens de la culture d’un peuple ou d’une population, bref d’un ensemble d’individus définis par le partage commun d’un patrimoine constitué d’un ensemble de pratiques et de savoirs. Tandis que la société se définit, au sens le plus général, par l’institutionnalisation normée de pratiques et d’attitudes politiques. Société et culture ont en partage le trait commun d’être concevables comme des architectures rationnelles structurellement organisées. La structure apparaît comme le principe définitoire de l’état de “ civilisé ”.
Problème : Maintenant que sont éclairés ces deux complexes notionnels (animalité humaine et civilisation) qui forment les thèmes principaux de l’énoncé, faisons retour à la formulation problématique de ce dernier. Le problème est d’ordre prédicatif, c’est-à-dire définitionnel : la question consiste en effet à se demander si la prédication “ être un animal civilisé ” épuise la définition de l’homme, ou mieux encore, en procédant selon la méthode aristotélicienne de la définition par genre et différence spécifique, si “ être civilisé ” est un prédicat distinctif (différence…) de l’homme comme espèce (…spécifique) appartenant au genre animal. Donc : “ être civilisé ” constitue-t-il, ou non, un critère prédicatif nécessaire de l’animal humain – où par nécessaire nous indiquons dudit prédicat qu’il opère sur le genre (animal) une détermination, c’est-à-dire une restriction, qui permette l’identification spécifique (homme). En outre, il faut se demander : “ être civilisé ” constitue-t-il, ou non, un critère prédicatif suffisant de l’animal humain – où suffisant que prédicat le prédicat doit satisfaire aux conditions ontologiques d’identification, c’est-à-dire ne convenir qu’à un seul type ou ensemble d’individus et convenir à l’intégralité de l’ensemble (rien d’autre que l’homme ne doit être dit civilisé ; tout homme doit être dit civilisé). Ceci revient à se demander s’il est ou non satisfaisant (en termes définitionnels) de réduire l’homme à l’animalité civilisée.
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