« L’homme est une passion inutile » Sartre
Publié le 18/01/2020
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BIBLIOGRAPHIE
R. Antelme, L’espèce humaine, Paris, Galimard, coll. « Tel », 1979.
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un modèle admirable de notre conception de l’homme. Nous nous réunissons pour établir quelle valeur (contingente) nous allons ériger en mesure générale. Nous devrons par notre propre choix lui obéir comme à un impératif rationnel, mais cette obligation, nous l’aurons voulue. En sachant pourquoi. Par notre choix, nous donnons souverainement le sens de l’humanité au citoyen. La notion « d’homme » fonctionne ainsi.
Allons au bout de l’argument : si « l’homme » est apparu, rien n’interdit qu’il meure. Il peut très bien n’avoir été utile qu’un temps, le temps que se construise un certain type de monde. Cela ne veut naturellement pas dire que le mammifère bipède que nous rencontrons ici ou là disparaîtra fatalement, à l’instar des diplodocus. Cela veut dire que ce mammifère peut se donner ou se retirer à lui-même les qualités qui l’aident à se reconnaître et lui donnent les moyens d’accomplir une certaine tâche. L’homme peut se définir comme un « animal rationnel » ; à un certain moment, il intègre la « raison » à sa définition, au même titre que ses bras ou ses yeux. Avant ce moment, il se définissait autrement. Il ne se trouve lié par aucune vérité ontologique. C’est pourquoi il peut devenir « fou » en récusant la rationalité, ce que ne peut vouloir ni un animal ni une chose. Si je souffre de la façon dont on me considère, c’est que je sens bien -jusqu’au scandale, parfois - que plusieurs définitions me sont assignables, qu’elles sont relatives quand bien même elles ne voudraient pas le reconnaître. Il est toujours possible d’être un autre. Invinciblement, le sens que l’on attribue à sa propre « humanité » réclame une définition très différente de celle qu’on lui demande de préserver sous prétexte que c 'est normal. Dans le sentiment de l’injustice - bien ou mal fondé, peu importe - l’humanité se sent en danger de mort, elle appelle de ses vœux une justice qui la préserve.
«
notre souci.
Se soucier de ce qui est constitue
l'existence, incarnée par l'individu confronté à
l'omniprésence du monde.
Or, aucune raison ne
réclamait qu'une telle situation advienne.
Aucun
sens n'est vraiment indiscutable.
Nous devons
donc assumer la contingence et l'absurdité de
nos préoccupations.
Il n'empêche qu'en interro
geant notre condition, nous espérons que ce
n'est pas en vain.
De fait, nous n'existons pas comme un arbre
ou une table qui sont simplement là (et qui sont
utiles lorsque le premier donne du bois ou que la
seconde permet d'écrire), mais nous sommes le
résultat des efforts qui contribuent à définir le
rôle que nous jouons dans le monde.
Nous ne
sommes pas là pour exercer une fonction déter
minée.
Aucun motif ne peut justifier notre situa
tion.
C'est donc souverainement que nous pre
nons l'initiative de lui donner quand même une
valeur.
Nous ne pouvons nous en empêcher.
Il
n'y a d'ailleurs pas d'alternative.
Nous voilà,
non seulement libres, mais condamnés à l'être,
que cela nous plaise ou non.
Nous ne prenons
pas l'initiative d'être : ce serait une action, de
même nature que la création de l'un~vers par un
8.
»
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