L'homme est-il voué à jouer un personnage ?

« personnage pour se donner un sens qu'il n'a pas par nature. b) L'homme doit jouer un personnage pour ne pas sombrer dans l'absurdité du monde.

La métaphore théâtrale a alorsun autre sens.

Les hommes jouent des personnages pourfuir une impression du monde.

Cela correspond à ce queSartre nomme la « mauvaise foi » qu'il illustre dans l'Etre et le Néant dans la personne du garçon de café.

Selon Sartre, l'homme est toujours libre à l'égard du personnage qu'il joue,mais c'est précisément la crainte de la liberté absolue qui lepousse à jouer un personnage.

Pour Sartre, l'existenceprécède l'essence, c'est-à-dire que l'essence de l'hommen'est pas donnée en amont de son existence.

L'homme parnature n'est rien, « l'authenticité consiste, écrit Sartre, àrefuser la quête de l'être, car je sais que je ne suis jamaisrien ». c) Mais en réalité, on peut opposer à Sartre que la mauvaise foi n'est pas égale entre chaque homme.

Lapossibilité pour un homme de questionner la personnage qu'iljoue n'est pas si évidente suivant les cas.

Si l'homme n'estpas originellement déterminé, cela n'implique pas qu'il soitvoué à jouer un personnage.

Il peut devenir un personnageau terme d'un processus de formation, ce qui ouvrent laquestion de l'éducation et du devenir de l'homme.

L'hommen'est pas mais il devient.

Il faut se demander quelles sont les circonstances qui favorisent la conscience de la facticité du personnage joué et celles qui favorisent le sentiment sincère qu'onagit de manière authentique. 3.La question de la société . a) L'incidence du type de société est déterminante.

Il suffit de constater qu'on joue un personnage dans des espaces sociaux différents où dans un premier temps on est mal à l'aise.

On joue l'élèvedevant le professeur qui lui même joue son personnage, on joue l'employé devant ce qui nous apparaîtcomme un patron.

Mais notre moi n'est absorbé par aucun de ces rôles, justement à partir du momentoù ils sont divers. b) Par exemple, le sous-chef obéit à son chef et commande au simple soldat.

Il joue deux personnagesantinomiques, il sait qu'il n'est pas le chef partout, à qui il peut commander et à qui il doit obéir. c) L'hypocrisie est fonction du type de société.

Une société dite du mérite parce que n'importe qui, quelle que soit son origine sociale peut s'imaginer occuper n'importe quelle place (même si en réalitéles chances ne sont pas les mêmes selon les conditions sociales) peut conduire à une hypocrisiegénéralisée.

Le changement de statut, les promotions sont autant de procédures symboliques quidonnent droit à changer de personnage.

L'hypocrisie devant être entendue non pas de façonpéjorative, dans son usage courant, mais précisément dans une relation particulière entre l'homme etle personnage qu'il est voué à jouer.

Si l'homme ne joue pas un personnage qui convient à la situation,il est pénalisé. d) Dans la société d'ordre au contraire, l'hypocrisie est sans doute moins présente c'est-à-dire que leshommes sont plus proches de ce qu'ils jouent, ils sont moins aptes à changer de rôle.

L'hypocrisie desnobles de cours qui gravitent autour du roi absolu (Louis XIV) s'explique par la concurrence entre lesnobles.

Chacune doit jouer un rôle et a bien sûr conscience de jouer un rôle en attendant de pouvoirjouer un rôle plus important. Conclusion : Ainsi, on peut dire que l'homme est voué à jouer un rôle mais qu'en réalité il y a deux manières pour l'homme de jouer.

L'homme joue un rôle tout d'abord car il n'a pas de nature si déterminée qu'il pourrait laisser s'exprimercette nature.

Mais du personnage qu'il joue il peut ne pas en avoir conscience, il peut paraître grotesque et naïf,comme l'image du paysan qui arrive dans la capitale.

Ce jugement est souvent tenu par des personnes dont on ditqu'elles savent se comporter.

Elles savent reconnaître les lieux, les personnes avec lesquelles il faut se comporterde telle ou telle manière.

Cependant, il ne faut pas se mettre toujours du côté de l'authentique, du héros naïf, sentirjouer un personnage ce n'est pas être hypocrite au sens péjoratif du terme c'est prendre conscience de quelquechose, se désengager d'un personnage qui aurait fini par nous définir.

L'homme n'est pas voué à la facticité, il peutse libérer sous certaines conditions sociales, même s'il doit jouer un personnage, ne serait-ce que pour pouvoircommuniquer avec les autres, l'homme est peut être voué à ne plus se prendre au jeu des personnages qu'il joue.. »