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L'homme est-il un animal social ou un homme politique ?

Publié le 28/05/2009

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Vivre en groupe n'est pas un privilège humain. Qui ne s'est jamais arrêté, un peu fasciné, devant une fourmilière lors d'une promenade dans les bois? De toute évidence, il existe des réseaux sociaux sophistiqués au sein de la nature, au sein desquels des espèces évoluent. Alors pourquoi ne pas compté l'homme parmi ces animaux sociaux, en balayant d'un revers de main toute idée de particularité humaine? Comment ne pas être stupéfait devant l'ingéniosité des fourmis, de l'organisation de la fourmilière en passant par l'élevage et l'utilisation des pucerons et des champignons? Il ne paraît pas évident que nous ayons bien plus, que nous fassions bien mieux, pour nous glorifier ou faire valoir notre vanité. Cependant, preuve que les choses ne sont pas forcément là où nous les attendons toujours, l'homme est différent précisément parce qu'il fait moins bien, précisément parce que pour lui, être un être social ne va pas de soi. D'où le deuxième bloc du sujet qui amène la notion de politique. Voilà quelque chose dont les autres espèces se passent très bien: pas de politique chez les fourmis, les abeilles ou les thermites! En effet, la politique nait de cette nécessité d'organiser la société, une organisation qui n'est pas spontanée chez l'homme. Si comme beaucoup d'espèces, l'homme a besoin de ses semblables, besoin de se réunir, cette force centripète qui le mène vers le groupe, est toujours accompagné d'une autre force centrifuge qui pousse l'homme à désirer quitter le groupe, à s'émanciper librement loin de ses congénères. L'homme vit ainsi la société à la fois comme une nécessité, et un poids évident. Mais pourquoi? Pourquoi poser la question de l'animalité sociale est-elle quasiment un non-sens? Pourquoi cette sociabilité ne va pas de soi chez l'homme?

« groupe d'appartenance.

L'homme est ainsi un être de culture, un être qui a à charge d'inventer son mode de vie etl'organisation dans laquelle il s'insère.

C'est précisément en ce point que nait la question politique. La politique: une spécificité humaine II. L'homme n'est donc pas, contrairement aux animaux, instinctivement social.

Il requiert de ce fait l'instrumentpolitique afin d'assurer l'organisation sociale.

La politique régule en ce sens l'espace social afin d'assurer sa viabilité(nous reviendrons sur ce point dans la troisième partie), et elle trouve tout son sens précisément dans cetteémancipation humaine du socle naturel.

L'homme est forcé de prendre en charge son humanité, et par ce biais mêmesa vie avec les autres.

Puisque cela ne va pas de soi, il se doit d'inventer ou de réaliser un possible vivre-ensemble.La pensée du contrat politique participe à cette idée d'un homme qui prend en main son destin social, qui détermineet s'accorde avec ses semblables sur la manière de rendre possible une société.

L'homme n'est en ce sensprécisément pas un animal dans la mesure où il statue sur son sort.

On saisit ici l'intervention de la conscience, soitcette capacité réflexive que possède l'homme en propre, et qui lui permet de faire retour sur lui-même et sesactions.

Si l'on prend l'exemple des abeilles, et notamment des danses exécutées par ses dernières en vu d'indiquerà la colonie une source de pollen ou de nectar, on ne peut à proprement pas parler de langage: en effet, les abeillescommuniquent bien quelque chose à travers ces danses, mais elles ne communiquent précisément jamais sur leurpropre communication. Il s'agit ici de convoquer la distinction qu'opère Aristote dans la Politique , entre logos et phonè .

Seul l'homme possède véritablement un logos , soit un langage, là où les animaux n'ont qu'un phonè ( ce que l'on pourrait traduire un peu maladroitement par voix ).

En effet, l'animal ne peut communiquer que sur ce qui se passe dans son environnement immédiat, où sur des émotions qu'ils éprouvent sur l'instant.

Ces communications sont resserrées àun ici et maintenant , et ne peuvent s'émanciper de cette détermination spatio-temporelle.

Elles sont condamnées à ne figurer et à ne communiquer que dans l'espace immédiatement égocentrique de l'animal.

A cette limitations'ajoute leur incapacité à se prendre pour objet, à accéder à un niveau méta-communicationnel.

Lescommunications animales ne portent pas sur elles-mêmes.

Cette double limitation n'est précisément pas celle dulogos .

Ce dernier possède un haut niveau d'abstraction, et une capacité méta-communicationnelle.

L'abstraction est fondamentale puisqu'elle permet à l'homme de communiquer par concept.

Or, la question politique s'articuleprécisément autours des concepts de juste et d'injuste par exemple.

Sans cette édification de valeurs généralespermises par le logos , l'homme ne pourrait construire de vie socio-politique.

Quant à la méta-communication, elle participe à cette auto-prise en charge qui est la marque de l'humain. L'homme peut communiquer sur ce qu'il a établi, en modifier la teneur, opter en faveur d'alternatives faisantprogresser l'édifice social.

De telle sorte que la société humaine n'est jamais figée mais évolue sans cesse, et serégénère.

Il peut faire retour sur lui et sur ce qu'il a établi afin d'en faire varier la forme.

Cette prise en charge,cette auto-gestion humaine fait signe vers l'autonomie, soit cette capacité à se donner ses propres règles afin devivre convenablement avec ses congénères.

La politique est précisément le nom de ce retour qu'effectue l'hommesur son vivre-ensemble, cette construction et les modifications permanentes que fait subir l'homme à la tramesociale.

Puisque rien ne va de soi, tout est à faire: c'est par la force des choses que l'homme se voit confier sonpropre destin.

L'incomplétude fondamentale qui marque sa nature, le fait qu'il ne soit pas spontanément ce qu'il est,qu'il est toujours à devenir , qu'il lui manque même précisément une nature qui établit par avance son destin, le pousse à interroger et à prendre en charge cette relation qui le lie aux autres. Désir et insociabilité II. De toute évidence, l'homme a besoin des autres.

Puisque l'humanité ne va pas de soi, elle demeure une tâche que laculture entretient par ailleurs.

Le bain socio-culturel dans lequel s'insère chaque être humain actualise précisémentune humanité qui n'existe qu'à l'état de potentialité.

L'homme ne nait pas homme, et il ne peut se faire seul: si toutn'est pas inné chez lui comme chez la plupart des animaux sociaux, il lui reste à être éduqué, à compter sur l'acquispour acquérir son humanité.

En cela, le cas des enfants sauvages est instructif: ces enfants qui n'ont pas grandi dans un tel milieu ne possèdent pas de ce fait (et cela est irrémédiable) certaines capacités comme le langage, lacapacité à s'insérer dans un groupe humain, l'attention que réclame la plupart des tâches humaines...

Il y a une partévident de construction de l'identité via un milieu culturel qui prend en charge l'actualisation de ce qui ne figure qu'à l'état de puissance.

Cependant, et c'est là le paradoxe, ce qui fait l'homme (la culture) fait aussi des hommes, et ceau moins en deux sens. Tout d'abord, il est évident qu'il n'y a pas une culture au monde mais bien des cultures, ce qui peut être cause detroubles entre les hommes.

De même, d'un temps à un autre il existe une différence notable entre les cultureshumaines, là où les bœufs, quant à eux, marchaient de la même manière du temps d'Homère qu'aujourd'hui! De cefait, cette variation temporelle et spatiale pose déjà un problème de concorde entre les hommes, cette dernièregénérant des systèmes de valeurs et des appréciations du monde pour le moins différents.

Deuxièmement, au seind'un espace socio-culturel, les différences entre individus peut être extrêmement large.

Les parcours personnels, etde ce fait même les désirs peuvent générer des conflits évidents entre individu.

Aussi, la différence se double-t-elle:à la différence culturelle, s'ajoute celle tout aussi importante entre individu: on peut désirer des choses biendifférentes, adhérer à des valeurs, des morales, des conceptions de la vie bonne assez différentes.

D'où la nécessitéde la question politique.

Comment, dans un premier temps définir déjà la politique? Cette dernière a précisémentpour charge d'organiser le vivre-ensemble de manière à ce que les libertés de chacun soient maximisées (champ des. »

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