L'homme est-il par nature un animal religieux ?
Publié le 09/01/2004
Extrait du document
La religion est-elle une caractéristique intrinsèque constitutive de l'homme ?
II. L'homme : animal religieux par nature nécessairement.
André Leroy-Gourhan montre que la réflexion que l'homme tend à développer depuis le début de son existence, n'est autre que la faculté de traduire par des symboles la réalité matérielle du monde. Hors la religion est constituée toute entière par des symboles, donc il semble donc que l'intelligence humaine se développé en même temps que la religion en l'homme. La religion, tout comme la réflexion, est donc essentielle à l'homme pour s'intégrer dans le monde qui l'entoure. C'est aussi ce que défend Rousseau quand il explique que les hommes vivant en société ont besoin, pour s'y maintenir, d'une religion. En effet, la religion est ce qui a toujours permit aux hommes de survivre en ce monde, car elle apporte la consolation et l'espoir de quelque chose de meilleur. Il est donc nécessaire que l'homme soit un animal religieux par nature, car sans elle il ne pourrait survivre dans l'état sociétaire qu'il a lui-même institué. L'homme n'est donc pas par nature un animal politique, mais un animal religieux.
«
Introduction et problématisation:
La lecture de Marx, de Nietzsche, de Freud, de Sartre nous invite à penser à l'effacement du religieux.
Mais il n'estpas moins évident que ces analyses destructrices n'ont pas entraîné, comme on a cru jadis qu'elles le feraient, ladisparition de la religion, et que celle-ci reste d'une étonnante vitalité : même dans les pays les plus développés etles plus sceptiques, où elle a connu une crise indiscutable, qui l'a fortement marginalisée, son rôle a été redéfini(s'intégrant sans trop de heurts dans un cadre politico-philosophique fondamentalement laïque) plus qu'il n'a disparu.Et c'est en fait l'athéisme radical qui paraît aujourd'hui daté, et qui a cessé d'apparaître comme une positionintellectuelle avancée : l'influence notamment de l'anthropologie, qui montre dans le fait religieux une des formes lesplus universelles de la culture, a souvent conduit à sa relégitimation intellectuelle même par ceux qui se déclarentpersonnellement incroyants.D'aucuns ont même prétendus à un "retour du religieux".
La religion est-elle une dimension constitutive de l'existencehumaine ? Le phénomène religieux permet-il de définir une essence humaine, en droit universelle ? Le phénomènereligieux est-il consubstantiel, coextensif à l'humanité commune de tous les hommes ? Est-il un fait de nature ouseulement de culture ?
1 ière partie: La religion est constitutive de la nature humaine.
Le phénomène religieux est constitutif de l'essence de l'homme.
En effet le processus d'hominisation en témoigne.L'apparition de croyances et des rites religieux est contemporaine de l'émergence de l'homme lui-même.
Toute société humaine s'organise autour d'un sacré (un ensemble de croyances et de pratiques dont elle sanctionnela remise en cause.
Le sacré est la source du pouvoir et des valeurs communes autour desquelles les groupeshumains se reconnaissent.Le sentiment religieux est présent dans toutes les sociétés humaines et se manifeste sous des formes trèsdifférentes.
Mais il s'accompagne toujours d'un ensemble de rites[1] et de croyances[2] par lequel un groupe humainse rattache à un ordre universel et suprahumain.Selon son étymologie, la religion[3] est un lien ou une mise en relation.
En latin, « religare » signifie relier.
La religionrelie l'homme à un être transcendant.
Une autre étymologie ferait dériver le mot « religion » de « religio » à savoirl'intégrité, le scrupule à remplir ses devoirs.
On peut, à la lumière de ces deux hypothèses étymologiques, définir plusprécisément la religion comme système de croyances et de pratiques qui, dans le respect et la vénération, relie deshommes entre eux et avec une ou des instance(s) non sensible(s), et donne sens à l'existence subjective.
Cettedéfinition présuppose la délimitation du monde en un domaine sacré[4] et un domaine profane[5], qui serait le traituniversel de l'attitude religieuse : « Toutes les croyances religieuses connues présentent un même caractèrecommun : la division du monde en deux domaines comprenant, l'un tout ce qui est sacré, l'autre tout ce qui estprofane, tel est le trait distinctif de la pensée religieuse » (« Les formes élémentaires de la vie religieuse »).
« Onpourrait dire que l'histoire des religions, des plus primitives aux plus élaborées, est constituée par les manifestationsdes réalités sacrées.
De la plus élémentaire hiérophanie : par exemple, la manifestation du sacré dans un objetquelconque, une pierre ou un arbre jusqu'à la hiérophanie suprême qui est, pour un chrétien, l'incarnation de Dieudans J.C.
C'est toujours le même acte mystérieux : la manifestation de quelque chose de « tout autre », d'uneréalité qui n'appartient pas à notre monde, dans des objets qui font partie intégrante de notre monde naturel,profane.
» Mircéa Eliade.
[1] Pratique répétitive de louange, d'offrande, de sacrifice, de communion, ou de passage à un nouveau stade del'existence humaine.
La circoncision et l'eucharistie sont des rites religieux
[2] Disposition de l'esprit à être convaincu par un dogme ou une représentation (qui, dans le ces de la croyancereligieuse, donne sens et cohérence à l'expérience subjective).
[3] Système de croyances et de pratiques qui, dans le respect et la vénération, relie des hommes entre eux et avecune (ou des) instance(s) non sensible(s), et donne sens à l'existence subjective.
[4] Caractère de ce qui mis à distance, qui échappe à l'ordre du quotidien, et qui implique respect et précautionrituelle dans les rapports des hommes avec lui.
Par exemple, le crâne d'un ancêtre en Mélanésie, est considérécomme sacré, car il met celui qui s'en approche en contact avec l'au-delà.
Le sacré est le contraire du profane.
[5] Du latin « pro », devant, hors de et « fanum », temple.
Tout ce qui est de l'ordre du quotidien, de la viecourante, par opposition à ce qui est sacré.
Chacune de ces deux catégories de « profane » et de « sacré »n'existe d'ailleurs que dans la contradiction à l'égard de l'autre.
Deuxième partie: La religion consiste-t-elle dans une dénaturation de l'homme ?
A) La religion est une aliénation, elle correspond à une perte de l'essence de l'homme.
1) Le phénomène religieux n'est qu'un épiphénomène, accidentel, dû aux aléas de l'histoire et au développement descivilisations dont il n'est qu'un reflet..
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