L'homme est-il mû par les désirs du corps dont il n'a aucune conscience claire ?

« THESE B: "L'homme est mû par les désirs du corps dont il n'a aucune conscience claire".Cette thèse affirme que le corps échappe à la conscience - qui n'est que pensée.

Elle affirme que le sujet, s'il estpensée, est aussi corps, (désirs et pulsions).

De là vient que toutes mes pensées, tous mes désirs ne sont pasprésents à ma conscience (Leibniz).

Il n'y a pas identité de la conscience avec elle-même, mais, au contraire,différence interne à la conscience, différence dont le corps est l'origine. THESE C: "L'existence de l'inconscient fait que le Moi (Je) n'est pas maître chez soi." Par l'observation clinique, Freud établit l'existence de l'inconscient.

Ce n'est qu'au prix d'un refoulement et d'unecensure des désirs que le sujet peut prétendre à l'identité ; ce qui limite sa liberté.La thèse C affirme l'illusion de la conscience claire et distincte : il est illusoire de se référer, comme le font souventles Modernes à la suite de Descartes, à un sujet pleinement "maître de ses pensées", conscient de ses désirs et desa volonté.

L'existence de l'inconscient ne permet pas de nier que le sujet pensant existe, mais d'affirmer que lesujet n'a pas conscience de ses propres pensées : il n'en est pas le maître.Maintenant, choisissez la thèse que vous jugez la meilleure pour apporter une solution au problème posé dansl'énoncé.

Le choix de cette thèse détermine problématique et plan. PROBLÉMATIQUE Pour une large part, le rationalisme moderne est fondé sur la prétention d'un sujet à disposer librement de sespensées.

Maître de ses pensées, le sujet accéderait ainsi à la conscience claire de soi : un sujet identique à lui-même, à l'abri du doute sur lui-même et de toute tension interne.La découverte de l'inconscient, refoulement et censure des désirs, a largement contribué à mettre en doute cesbelles certitudes de la raison classique.

Cependant la psychanalyse ne permet pas de nier absolument l'existence dusujet pensant.Le rationalisme lui-même avait déjà admis l'existence du désir, dont il attribuait l'origine au corps : il est vrai qu'il luiopposait la raison.

On voit que l'existence de l'inconscient ne permet pas de nier l'existence de la conscience, toutau plus permet-elle d'affirmer la différence du sujet au lieu de son identité. PLAN DÉVELOPPÉ • Introduction : Vous allez des mots aux idées ; vous identifiez le contexte du débat, ses enjeux explicites dans le sujet, l'angle sous lequel le problème est posé. • Première partie fondée sur la thèse [A] 1.

Expliquez : On pense depuis Descartes que le sujet est identique à soi.

On veut dire par là que ayant consciencede ses pensées ("conscience de soi") le sujet en est le maître.

Cela lui conférerait dès lors une entière liberté depensée.2.

Discutez : Cette thèse est celle du Cogito : douter c'est penser, il n'y a donc pas de doute que je pense.

Certes.Mais cela ne signifie-t-il que je domine toutes mes pensées ? Non.

J'ai conscience de penser, je ne peux pas affirmerpour autant que je suis libre de penser ce que je pense. • Deuxième partie fondée sur la thèse [C] 1.

Examinez la thèse C : C'est d'ailleurs ce que démontre l'existence de l'inconscient.

Bien loin de maîtriser mespensées, je suis plutôt maîtrisé par elles.

Je ne suis pas libre de penser ce que je pense : il y a le désir que jerefoule et censure.2.

L'existence de l'inconscient remet-elle pour autant en cause la conscience et le sujet ? Du seul fait que cettequestion se pose on peut, à la lumière de la psychanalyse, accorder qu'il n'y a pas d'identité de la conscience.Questionnez : mais cela revient-il à nier le sujet lui-même ? • Troisième partie fondée sur la thèse B. 1.

Répondez : Il faut en effet plutôt parler de la différence interne à la conscience.

D'ailleurs le rationalismeclassique (Leibniz) n'aurait pas refusé ce point.

Il affirmait que je n'avais pas conscience de tout ce que je pense.2.

Affirmez : Mais cela n'est nullement une négation de la conscience elle-même.

Encore moins du sujet.L'inconscient reste l'inconscient d'un sujet ; c'est en référence au sujet qu'il est pensable.

Il faut donc s'acheminervers une nouvelle théorie du sujet pensé non plus comme pure identité, mais comme différence.3.

Concluez : Dites que cela permet de poser le problème de la liberté de la conscience, du point de vue moral. • Conclusion : Vous devez impérativement clore le débat. PROBLÉMATIQUE [Cl II n'est pas rare d'invoquer l'existence de l'inconscient pour nier la conscience elle-même.

Mais cette position. »