l'homme est-il libre de décider de sa vie ?
Publié le 22/11/2005
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Lorsque nous affirmons d'un homme qu'il est libre, nous signifions par là qu'il a la possibilité de choisir : il a le choix d'aller travailler à pied ou en voiture par exemple. Les notions de liberté et de décision semblent être intrinsèquement liées dans la mesure où la liberté s'actualise par un ou des choix, une ou des décisions. Mais lorsque l'on pose la question de savoir si l'homme est libre de décider de sa vie, on ne cherche pas à savoir s'il peut donner la préférence à telle manière d'agir plutôt qu'à telle autre dans le détail de son existence. On interroge plutôt l'être humain dans le rapport qu'il entretient avec lui-même, avec ce qu'il est et ce qu'il fait dans la totalité de son existence: on se demande si l'homme a la possibilité de choisir la manière dont il va mener toute sa vie. Se demander si l'homme est libre de décider de cette dernière revient à poser une question d'ordre existentiel qui repose sur une interrogation métaphysique, mettant en jeu les notions de liberté, de nécessité, de hasard et de responsabilité.
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III- L'homme décide de sa vie en tenant compte des circonstances.
A- L'homme est libre de décider de sa vie à chaque moment de celle-ci.
1- L'homme « prudent »selon Aristote est celui qui tient compte du fait qu'il y a du hasard et qui ne décide de sa viequ'en prenant de bonnes décisions dans le détail.2- Ce même homme n'est pas qualifié de libre par Aristote, il n'est pas conçu comme se créant toujours lui-même,mais il décide de sa vie en essayant de prendre des décisions opportunes à chaque moment de son existence.
"La vertu est une disposition à agir d'une façon délibérée, consistant enun juste milieu relatif à nous, lequel est déterminé rationnellement(sous la forme d'un rapport) et comme le déterminerait l'hommeprudent.
C'est un juste milieu entre deux vices, l'un par excès et l'autrepar défaut; et c'est encore un juste milieu dans la mesure où certainsvices sont au-dessous, et d'autres au-dessus de « ce qu'il faut », dansle domaine des affections aussi bien que des actions, tandis que lavertu, elle, découvre et choisit la position moyenne.
C'est pourquoi,dans l'ordre de la chose et de la définition exprimant l'essence, la vertuest un juste milieu, tandis que dans l'ordre de l'excellence et del'accompli, c'est un sommet." ARISTOTE.
Aristote récapitule sa définition de la vertu morale, qui fait intervenir, plutôtqu'un principe rationnel abstrait, une rationalité propre à l'action, faite dejuste mesure et incarnée par l'homme prudent (phronimos) qui fait intervenir àbon escient sa faculté de calcul (logistikon).
Remarquons d'emblée que pour Aristote, la norme de l'action vertueuse n'estpas un principe général, mais un être de chair et d'os : c'est l'homme prudent.Lui seul est apte à déterminer le juste milieu, qui n'est pas défini de façonpurement mathématique (comme 7 serait la moyenne arithmétique de 2 et de 12, puisque (12+2)/2 = 7, et 6, leur moyenne géométrique : 2/6 = 6/12).
S'il y a du défaut et de l'excès dans ledomaine de l'action, il faut en juger d'un point de vue qualitatif.La définition aristotélicienne de la vertu prend place dans une doctrine des facultés de l'âme.
La partie désirante del'âme connaît plusieurs régimes : la convoitise (intempérance des désirs du ventre et du bas-ventre) ; l'impulsion(emportement, colère); le souhait.
Ce dernier n'est pas intrinsèquement rationnel (on peut en effet souhaiterl'impossible), mais il est plus accessible que les deux autres à la raison.
Une fois éveillé le souhait, la faculté pratiquede l'âme calcule et fait le choix des moyens appropriés à ce souhait.
C'est ici que la vertu de prudence intervient :elle introduit dans la matière du souhait la forme d'une délibération relative à ce qui est en notre pouvoir.
Toutefois,cette prudence n'a pas le pouvoir de modifier la direction du souhait.
La décision qui suit la délibération ne faitqu'entériner la cohérence de la fin souhaitée avec les moyens retenus.
« Mais la délibération (oeuvre de la raisoncalculatrice) ne porte pas sur les fins, mais seulement sur les moyens d'atteindre les fins ».
(III, 5) Faut-il enconclure que la raison dans l'action se borne à un rôle d'intendance ? Que nous ne pouvons changer nos désirs ? Ilreste que, pour Aristote, « le méchant, tout comme l'homme de bien, est cause par lui-même de ses actions, mêmes'il n'est pas la cause de la fin ».
Il y a bien quelque chose de contingent dans les diverses dispositions des hommesà agir.
Quelque chose qu'ils ont l'impression de ne pas avoir choisi (tempérament, tendances, etc.).
Ils n'en sont pasmoins responsables de leurs actes.
En ce sens, Merleau-Ponty pourra dire : « La gloire des résistants, commel'indignité des collaborateurs, suppose la contingence de l'Histoire, sans laquelle il n'y aurait pas de coupables enpolitiques, mais aussi sa rationalité, sans laquelle il n'y aurait que des fous ».
B- L'homme décide de sa vie tout en étant donné à lui-même.
1-L'homme pourrait décider de sa vie en ayant toujours à se libérer de son conditionnement.2- Conception de l'homme comme être libre, pouvant décider de ses actes ainsi que de qui il est, mais comme êtrequi a reçu sa vie et qui n'en est pas le seul auteur et créateur (Hegel)3- Différentes alternatives : question de savoir si l'homme est aliéné, c'est-à-dire absolument pas libre, ou si à lafois il reçoit sa vie et la construit à partir de ce don d'être , ou s'il est absolument libre au sens où il pourraittotalement se créer lui-même.
Conclusion La question de savoir si l'être humain est libre de décider de sa vie peut aussi amener à se poser la question durapport entre l'homme d'une part, et la vie et la mort d'autre part.
On pourrait éventuellement même se demanderalors si l'homme est libre de décider de sa naissance et de sa mort.
C'est que cette interrogation a des enjeux à lafois métaphysiques et existentiels, et en confrontant l'homme à la question de sa liberté, elle l'amène à se poser laquestion du pouvoir de l'être humain et des limites de ce pouvoir..
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