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L'homme doit-il chercher à rester naturel ?

Publié le 27/02/2008

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Le naturel tautologiquement est ce qui relève d'une nature ou de la Nature, c'est-à-dire soit de l'essence de la chose considéré, c'est-à-dire d'une nature naturée, soit d'une nature naturante. Mais dire cela ce n'est pas dire quand chose. En effet, le problème est bien ici de comprendre avant tout ce que l'on signifie par « rester naturel ». Dès lors il faut entreprendre une définition de la Nature, or c'est bien là le problème et le problème qui va se poser dans toute la dissertation, c'est-à-dire de saisir le lien entre les différentes acceptions de l'adjectif « naturel ». Par naturel, extérieurement, on peut comprendre ce qui fait référence à un environnement, dès lors il s'agirait d'être en osmose avec cette nature mais aussi la nature en tant que monde du vivant. Mais intérieurement c'est aussi l'essence de l'homme en tant que vivant. Cependant, pourquoi l'homme alors devrait-il chercher à rester naturel ? Pourquoi l'emploi du verbe « devoir » qui sonne comme un impératif catégorique ? N'est-ce pas dire alors ou faire la critique d'une certaine conception de l'homme ? Cela signifierait aussi que l'homme tendrait à ne plus être naturel c'est-à-dire irait vers autre chose, mais quoi ? La culture, la société ? Pourtant ne l'est-il pas toujours ? Mais l'homme peut-il seulement ne plus être naturel ? Dans ce sens cet impératif a-t-il encore du sens ? C'est donc à l'ensemble de ces questions que nous renvoie le sujet : « l'homme doit-il chercher à rester naturel ? » ; l'enjeu étant la conception de la naturalité de l'homme c'est-à-dire la place de l'homme dans le monde et dans le monde qu'il se construit, plus simplement dans le cosmos.             En ce sens, si rester naturel c'est être pur, sain donc non corrompu par les affres de la civilisation suivant une conception de la nature quasi édénique (1ère partie) il faudra s'interroger sur la nécessité ou la possibilité simplement de rester naturel et de ses implications notamment en ce faisant de la nature non plus un concept idéal mais bien celui d'un règne de la force, du désir, de l'envie, en somme de l'état de nature, c'est-à-dire de l'état de guerre dans un monde non-moral (2nd partie). Mais ce serait dès lors soit dire que l'expression « chercher à rester naturel » n'a pas de sens ou que l'on doit tout faire justement pour ne plus l'être. Pourtant en constatant de manière presque naïve le fait que l'homme est un être vivant, on pourra se demander si plus simplement, notamment à l'aune d'une ère technique, « chercher à rester naturel » n'est pas revendiquer ou exiger le respect du caractère d'être vivant de l'homme, c'est-à-dire respecter sa nature et au-delà même la nature dans son ensemble comme symbiose avec l'homme (3ème partie).

« donc bien la volonté d'un retour à la nature, dans cet état presque paradisiaque que Rousseau nous propose dans leSecond discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes .

La culture, c'est-à-dire l'introduction de l'homme en société, produit en lui la corruption de sa pureté originelle.

Dans la Nature, l'homme estune créature innocente.

Dès lors, vouloir ou exiger que l'homme reste naturel, c'est indiquer la nécessité pourl'homme de conserver sa pureté loin de la corruption de sa propre nature, c'est-à-dire dans les affres de la société :« C'est ici que tout se ramène à la seule loi du plus fort et par conséquent à un nouvel état de nature différent decelui par lequel nous avons commencé, en ce que l'un était l'état de nature dans sa pureté, et que ce dernier est lefruit d'un excès de corruption.

» Et c'est en ce sens qu'il développera dans l'Emile une éducation suivant lesprincipes de la nature afin de produire un homme saine.c) Pourtant, même chez Rousseau , cet état de nature n'est-il pas idyllique ? En effet, cet état de nature semble bel et bien une fiction de l'aveu même de Rousseau.

En ce sens, si l'on parle souvent à propos de lui d'un « mythedu bon sauvage », tel l'Ingénu de Voltaire , il n'en reste pas moins que cet état de nature n'est qu'une hypothèse de travail comme on peut le constater dès le début du Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes .

En effet c'est par ces mots que commence quasiment le texte : « Commençons par écarter les faits ». La Nature et ce qu'il y a de naturel en l'homme semble donc bien être un modèle de compréhension ou plusexactement, une norme idéale en vue de laquelle Rousseau peut critiquer nos sociétés actuelles ; ce qui lui voudra par ailleurs ce trait d'esprit de Voltaire : « Monsieur, en lisant votre ouvrage il m'a pris la soudaine envie de marcher à quatre pattes et de brouter ».

Transition : Ainsi l'homme doit-il chercher à rester naturel car le naturel est ce qu'il y a de sain et de pur en nous.

Pourtant,comme on vient de le voir, ce discours n'est que le fruit d'une abstraction, d'une fiction.

Dès lors quelle valeuraccordée à ces remarques si elles font de la nature un idéal ? De même s'il s'agit d'une nature fictive n'est pas direque l'homme est toujours ancré dans une culture et que dans ce cas « rester naturel » n'a soit pas de sens, soitappel un dépassement ? II – Dépasser la nature a) En effet, comme on peut le voir avec les débuts du Second discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes de Rousseau , ce dernier ne fait en fait que définir un paradis perdu, un état lointain, peut-être imaginaire, au moins fictif, qui n'a sans doute rien d'historique.

Et c'est bien ce mécanisme d'un retour vers unparadis perdu que l'on peut voir se mettre en place donc une utopie (étymologiquement « dans aucun lieu ») celled'un retour vers la Nature, comme le critique Cioran dans Histoire & Utopie .

En ce sens, faire référence à un naturel de l'homme fait envisager l'existence d'une nature humaine première c'est-à-dire adamique non corrompue avant ladéchéance de l'homme, c'est-à-dire la chute.

Dès lors vouloir que l'homme reste naturel c'est croire en une premièrenature et penser une Nature pure.

Or rien n'indique justement qu'une telle nature ait existé.b) Mais plus fondamentalement, il faut bien voir que ce que nous concevons par nature est plutôt l'inverse de cequ'en conçoit Rousseau – elle est plutôt celle de Calliclès dans le Gorgias et de la loi du plus fort, et c'est d'ailleurs àjuste titre que nous parlons d'état de nature, c'est-à-dire d'un état, sans doute tout aussi fictif que celui deRousseau mais qui a pour valeur de prendre la nature de l'homme dans ce qu'elle a de pus animal voire de bestial.C'est pourquoi Hobbes dans le Léviathan désigne cet état de nature ou de guerre celui : « de la guerre de tous contre tous » ( bellum omnium contra omnium ).

En somme, l'égoïsme représente la substance même de la nature humaine.

Dans l'état de nature, les hommes sont-ils en guerre perpétuelle les uns contre les autres, assurés qu'ilssont que tout leur est permis.

Chacun, usant de son pouvoir propre, est pour tous les autres une source de danger.Ce qui est naturel en l'homme c'est justement l'ensemble de ses désirs, de ses pulsions, de ces envies etc.

Dès lorsl'homme ne doit pas tant rechercher à rester naturel, si cela était possible, qu'à entrer dans une société civile quipar le contrat pourra faire cesser cet état de guerre permanent [1]. c) En effet, l'homme ne doit pas rechercher nécessaire à rester naturel dans la mesure où « rester naturel » ceserait suivre simplement les lois de nature en tant qu'animal et non pas les lois de la raison faisant de l'homme sonpropre législateur notamment en matière morale.

Et c'est en effet tout le problème chez Kant dans la morale et plus particulièrement dans le texte de la Fondation de la métaphysique des mœurs du statut de l'autonomie de l'individu ou du sujet c'est-à-dire de sa volonté ; donc savoir comment un homme peut être libre et non déterminé de manièrepathologique et hétéronomie par ses penchants naturels c'est-à-dire par ses désirs.

A la question morale s'ajouteaussi la question spéculative : « rester naturel » c'est aussi rester ignorant, or il est du devoir de l'homme pourKant, comme il le dit dans son article programmatique Qu'est-ce que les Lumières ? de sortir de cette ignorance naturelle et notamment d'user soi-même de son propre entendement suivant la maxime : « Sapere aude ! » Transition : Ainsi l'homme ne doit-il pas chercher à rester naturel si par naturel et le concept de nature on ne se fait pas unefiction mais que l'on remarque que cette nature est celle-là même qui nous pousse aux désirs, à l'envie, et nousplonge dans l'ignorance.

Et quand bien même on rechercherait à rester naturel il faudrait se demander où trouver lenaturel en l'homme, et cela sans faire appel à un retour édénique fictionnel.

Cependant, à l'aune d'une civilisationprônant le développement irréfréné de la technique mais aussi en vue du respect simplement de l'être vivant qui esten nous ne doit-on pas reconsidérer cette recherche et cette exigence de rester naturel ? III – Respecter sa nature et la nature. »

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