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L'homme, animal sociable ou solitaire ?

Publié le 19/08/2012

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Mais pour éduquer il faut une autorité, et c'est là le coeur du paradoxe : comment l'enfant pourra-t-il obéir aux règles s'il ne reconnaît pas l'autorité du maître ?  Comme l'autorité implique l'obéissance, il semble bien que cela contredise la liberté. C'est la raison pour laquelle l'éducation est aujourd'hui en crise : nous ne pouvons nous satisfaire du compromis de Kant, car la discipline elle-même semble contraire aux fin que l'on vise. La crise de l'éducation, dont on trouve des symptômes dans la baisse du niveau des connaissances, la difficulté du métier de professeur, et le peu de confiance que la société accorde à l'école, cette crise prend racine dans la crise de l'autorité, dont H. Arendt montre qu'elle est due elle-même à la crise de la tradition.  On peut distinguer trois formes d'autorité, l'autorité de l'éternel hier, « on a toujours fais comme ça «, fondée sur la tradition, la révérence du passé ; l'autorité liée à la compétence, à la rationalité, enfin l'autorité liée au charisme, au rayonnement personnel, l'autorité du leader. Or dans l'éducation, on s'est toujours appuyé sur la première, l'autorité de la tradition. Mais avec l'avènement des systèmes démocratiques, la critique de la tradition a balayé cette autorité pour proclamer la liberté des individus, jusque dans l'école où l'autorité devrait reposer uniquement sur la compétence : que l'élève reconnaisse le bien fondé de ce qu'on lui enseigne. Sans vouloir atténuer les capacités de l'enfant, on sait bien que c'est impossible, pour deux raisons. D'abord, ce qu'on enseigne à l'école n'est jamais absolument vrai, une telle vérité ne peut être attendue que de la part de spécialiste, dans des sciences positives, et encore.

« comme ceux qui s'y soumettent aveuglément.

Par là s'éclaire la tâche de celui qui désire la sagesse : La sagesse n'est pas le refus de la société, mais le refus de s'ysoumettre aveuglément.Comme chez Pascal, la critique du monde ne peut se faire que si l'on appartient au monde ; la rénovation doit se faire de l'intérieur, c'est pourquoi la solitude n'est pasla séparation des corps, mais l'indépendance de l'esprit, qui reconnaît la dette qu'il a envers la société, sans cesser de vouloir la transformer radicalement. Pour conclure, on comprend que la recherche de la sagesse, de la vérité sur soi-même, qui n'est autre pour Socrate que la fidélité à soi-même, qui refuse toutcompromis, en ce sens, elle est incompatible avec la vie sociale, car la vie sociale grignote peu à peu l'identité de l'individu, la remplace par un conformisme rassurant; mais d'un autre côté, la liberté de penser est impossible hors de la cité, dans laquelle seule la raison peut éclore et progresser. II Un tel progrès suppose l'éducation du genre humain, et c'était bien la mission de Socrate, mais cela nous fait rencontrer un second paradoxe, au cœur du problèmede l'éducation : le paradoxe de l'obéissance et de la liberté 1.

L'éducation a pour fin la libertéComme je le disais en intro, le problème fondamental de la pédagogie, c'est d'éduquer à la liberté.

Pourtant éduquer, c'est conduire un être vers une fin, vers ce qu'il ya de meilleur, le signe d'un bonne éducation, c'est que celui qui l'a reçue soit capable de transmettre à son tour ce qu'il a reçu de meilleur, c'est pourquoi longtempsl'éducation a reposé sur la conservation et la transmission du passé.

Mais comment éduquer à la liberté si l'on ne fait que conserver de vieilles idées ? Commentl'éducation serait-elle conservatrice ? Bien au contraire, l'éducation n'est-elle pas réformatrice, s'adressant à des hommes nouveaux pour faire un monde nouveau ? Nefaut-il pas que l'éducateur donne toute son attention a la conscience de son élève, unique, irremplaçable ? Notre époque n'est pas conservatrice, elle cherche moins larépétition que la nouveauté, moins l'uniformité que la diversité.

C'est pourquoi depuis l'époque des lumières, l'éducation a pour fin la liberté.Dès lors elle doit permettre de rompre avec le monde.

C'est ce que dit bien Kant dans ses « réflexions sur l'éducation », l'éducation ne doit pas avoir pour butd'adapter les enfants à la vie sociale.

L'éducation n'a pas pour fin l'intégration, mais l'indépendance de l'enfant par rapport aux influences sociales.

Et Kant fustige lesparents qui, selon lui, n'ont pas compris cela, car toute leur inquiétude, c'est que leurs enfants intègrent une école, apprennent un métier, trouvent leur place dans laSociété.

Mais il faudrait plutôt les préparer à vivre comme Robinson, seuls sur une île, de sorte que l'on aurait alors seulement le but devant les yeux : rendrel'homme meilleur.

Pour cela il faut concevoir en premier lieu l'indépendance de l'enfant par rapport à la société, le considérer comme un être libre, lui donner leschances de penser par lui-même, de penser autrement, de cultiver un esprit critique.

La liberté est le but ultime, le couronnement de l'éducation. C'est la raison pour laquelle, même si les parents sont de bons éducateurs parce qu'ils aiment leurs enfants, il faut isoler les enfants, les faire entrer dans l'école dontles murs ont pour but de les isoler par rapport au monde.

Et si possible que l'école soit un internat : cela n'a rien à voir avec des considérations pratiques, parce quel'enfant habite loin, etc ; non, il s'agit de créer un milieu artificiel dans lequel la liberté puisse éclore.

L'école que nous connaissons hérite de cette idée : il faut que lesparents se sentent mal à l'aise dans l'école ! (C'est pourquoi nous ne faisons pas ces conférences à Notre dame de Mongré !) Il s'agit de maintenir, artificiellement , uneforme de solitude.

Hegel dit que « la jeunesse, elle, se représente comme une chance de quitter son chez-soi et d'habiter, avec Robinson, sur une île déserte.

» Une îledéserte ! Oui, car l école, dont le nom signifie loisir, temps libre, est coupée de la vie sociale, elle nourrit en son sein les esprits libres, qui pourront rénover humanité :là la liberté est préservée de la corruption du monde, là l'esprit se trouve enfin seul avec lui-même.Je montrerai tt à l'heure comment elle n'est plus possible sous cette forme aujourd'hui, mais on comprend que la liberté de l'enfant suppose une rupture avec la viesociale.L'éducation a deux autres fins, la culture d'abord, la moralité, ensuite.

La culture, c'est l'instruction dans les matières générales, tandis que la moralité, c'est lacapacité de réaliser ce qui est bien, c'est à dire d'obéir aux règles de la raison.

L'éducation n'est donc pas seulement une éducation intellectuelle, elle culmine dansl'éducation morale, qui consiste à former le caractère.

Qu'est-ce que le caractère ? Kant donne la définition suivante : « c'est l'aptitude à agir selon des maximes ».« Le caractère consiste dans la fermeté avec laquelle on se détermine à faire qqch, et aussi dans sa mise à exécution réelle ».

Sans fermeté, il n'y a rien de constant enl'homme, il est le jouet des événement, il se laissera gouverner par les autres, ne décidera jamais par lui-même.

La formation du caractère repose alors surl'obéissance, mais l'obéissance à des règles raisonnables, c'est à dire universelles, de sorte que que peu à peu l'obéissance au maître s'intériorise et devient obéissance àsoi-même comme être raisonnable.

« l'enfant doit apprendre à agir d'après des maximes dont il aperçoive lui-même la justice ». Pourtant, et c'est notre paradoxe, cette liberté est impossible sans contrainte extérieure: Comme le dit Kant, « le problème essentiel de l'éducation...

» Lire texte REp.118.Car les enfants ne sont pas de doux agneaux, livrés à eux-mêmes, ils deviennent vite des tyrans, ils veulent tout tout de suite et sont incapables de se concentrer surquelque chose, encore moins d'apprendre qqch si on ne leur fixe pas de règles.

L'homme a donc besoin d'un maître, il doit être formé par une discipline.La discipline se distingue du dressage, car il ne s'agit pas d'imposer mécaniquement un comportement aux enfants ; certains parents traitent leurs enfants comme desesclaves, mais les éduquer alors à la liberté.

La discipline ne doit donc être qu'une étape dans l'éducation, mais c'est une étape nécessaire.

Lire p.

110.C'est pourquoi l'homme est naturellement un être sociable : nous verrons pourquoi il a besoin de l'autre à la fin, comme finalité, mais déjà nous voyons qu'il a besoinde l'autre au départ.

Toute la difficulté reste que la discipline ne tourne pas à la violence ou à l'embrigadement.

Idéalement, les règles doivent toutes être raisonnables,mais l'enfant n'est pas lui-même capable d'en juger.

Il faudra donc apprendre aux enfants à prendre de bonnes habitudes, bien réglées, Cf.

p.

95.

(les bancs de l'école)..il faudra qu'ils apprennent à travailler, et Kant distingue le travail du jeu : on ne peut pas apprendre des éléments essentiels de la culture en jouant, car le jeu a deuxdéfauts : il repose sur le plaisir et l'imagination, alors qu'il s'agit de donner le goût de l'effort et de préparer à l'usage de la raison, ensuite le jeu n'a pas de but, il estgratuit, on pense parfois que le jeu libère les enfants de la responsabilité des choses sérieuses, mais c'est les maintenir dans l'enfance, et même rester aveugle au désirle plus grand de l'enfant, qui est de vivre libre, responsable, car les enfants ont très tôt le sentiment de leur insuffisance, de leur dépendance à l'égard des adultes, etveulent sortir de leur état. Mais pour éduquer il faut une autorité, et c'est là le coeur du paradoxe : comment l'enfant pourra-t-il obéir aux règles s'il ne reconnaît pas l'autorité du maître ?Comme l'autorité implique l'obéissance, il semble bien que cela contredise la liberté.

C'est la raison pour laquelle l'éducation est aujourd'hui en crise : nous nepouvons nous satisfaire du compromis de Kant, car la discipline elle-même semble contraire aux fin que l'on vise.

La crise de l'éducation, dont on trouve dessymptômes dans la baisse du niveau des connaissances, la difficulté du métier de professeur, et le peu de confiance que la société accorde à l'école, cette crise prendracine dans la crise de l'autorité, dont H.

Arendt montre qu'elle est due elle-même à la crise de la tradition.On peut distinguer trois formes d'autorité, l'autorité de l'éternel hier, « on a toujours fais comme ça », fondée sur la tradition, la révérence du passé ; l'autorité liée à lacompétence, à la rationalité, enfin l'autorité liée au charisme, au rayonnement personnel, l'autorité du leader.

Or dans l'éducation, on s'est toujours appuyé sur lapremière, l'autorité de la tradition.

Mais avec l'avènement des systèmes démocratiques, la critique de la tradition a balayé cette autorité pour proclamer la liberté desindividus, jusque dans l'école où l'autorité devrait reposer uniquement sur la compétence : que l'élève reconnaisse le bien fondé de ce qu'on lui enseigne.

Sans vouloiratténuer les capacités de l'enfant, on sait bien que c'est impossible, pour deux raisons.

D'abord, ce qu'on enseigne à l'école n'est jamais absolument vrai, une tellevérité ne peut être attendue que de la part de spécialiste, dans des sciences positives, et encore.

Le prof .

d'histoire s'accommode donc avec l'histoire, tout le monde lesait, car le but est de cultiver l'enfant, non d'en faire un spécialiste.

S'il y a une compétence du professeur, elle porte sur les valeurs auxquelles il tient : l'amour dutravail bien fait, l'attention aux élèves, la tenue de son discours, etc...

on est donc renvoyé à la troisième forme d'autorité, celle du charisme.

Mais le charisme peuttourner à la manipulation des esprits puisqu'il s'appuie sur les passions, comment prétendre alors éduquer à la liberté ? Finalement, avec la perte de la tradition, on aperdu la seule autorité sur laquelle pouvait s'appuyer l'éducation.

L'éducation devient impossible.Le paradoxe est donc que l'homme a besoin d'un maître pour s'en libérer, il a besoin de la société pour s'en affranchir, il doit obéir aux autres pour n'obéir qu'à lui-. »

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