L'homme a-t-il une essence prédéfinie ?

La spécificité de l'homme peut-elle être énoncée en termes de «nature»? La nature de l'eau s'exprime en une formule: eau = H2O. L'homme, par contre, ne peut pas être réduit à une telle expression. La «nature» que s'attribuait l'Occidental du XVIIIe siècle, loin d'être initialement donnée, était en réalité le résultat d'une histoire. Il n'est pas difficile de comprendre qu'à des histoires (ou des cultures) différentes correspondent des versions différentes de ce qui est humain. Il faut affirmer que l'homme n'a pas de nature et substituer l'héritage à l'hérédité, l'his-taire à un donné biologique trans-missible. Il y a, en fait, une double diversité, culturelle et historique, de l'être humain. La définition de ce qu'est la nature humaine ne peut être qu'abstraite et arbitraire, et demeurer toujours contestable. En effet, affirmer l'existence d'une nature humaine, c'est risquer d'exclure de l'humanité tout ce qui n'est pas conforme à la définition retenue. Or, le sauvage le plus dangereux n'est-il pas celui qui s'octroie le droit de qualifier l'autre de barbare? a