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L'homme a-t-il le droit d'utiliser sur l'homme tous les pouvoirs que le progrès des sciences et des techniques lui donne ?

Publié le 27/02/2008

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Puisque cette utilisation de la technique favorise comme on l?a vu, la préservation de la vie et la liberté humaine vis-à-vis des contraintes naturelles, il semble que l?on puisse envisager que le droit ne saurait limiter et proscrire cette pratique que si elle devient nuisible à la vie. Cette conception du droit est celle de l?utilitarisme : tout ce que permet le droit est circonscrit par l?utilité : si une pratique nuit à l?homme (en tant que membre d?une communauté), celle-ci doit tomber sous le coup d?une sanction. Dès lors, l?homme a tout à fait le droit d?utiliser la technique sur lui-même si et seulement si cet usage n?est suivi d?aucun dommage. Or comment la moindre nuisance pourrait-elle découler de la technique qui est une entreprise de libération et de maîtrise ?  La médecine est la parfaites illustration des bénéfices des pouvoirs de la technique par et sur l?homme et guérir ou prévenir les maux corporels par des moyens techniques (outils de dépistage des maladies, les produits chimiques de soins, ?) est alors plus que permis : le médecin a le devoir de faire tout ce qui préserve la vie.   Transition : D?un point de vue utilitaire, l?usage des pouvoirs de la technique peuvent sans injustice être dirigés sur l?homme ; il s?agit même pour le législateur d?encourager cette pratique. Cependant, les pouvoirs que donne la technique vont-ils tous dans le sens de la préservation de la vie et de la maximisation universelle du bien être ? Deux cas : 1- la technique et la guerre (fabrication d?armes ultra sophistiquées [= efficace donc ultra destructrices]). 2- la technique au travail qui semble être bénéficiaire pour le détenteur du capital plus que pour celui de l?ouvrier. Autrement dit, la notion de « pouvoir » se fait ici synonyme de « force » ou de puissance physique et a pour enjeu la domination de certains hommes sur d?autres, de sorte que la question du droit doit être reposée en un sens nouveau : la question n?est plus : ce que permet le droit ou qu?est-ce que prescrivent les lois à ce sujet et est-ce pratiquement cohérent ?
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« l'homme ; il s'agit même pour le législateur d'encourager cette pratique. Cependant , les pouvoirs que donne la technique vont-ils tous dans le sens de la préservation de la vie et de la maximisation universelle du bien être ? Deux cas : 1- la technique et la guerre (fabrication d'armes ultrasophistiquées [= efficace donc ultra destructrices]).

2- la technique au travail qui semble être bénéficiaire pour ledétenteur du capital plus que pour celui de l'ouvrier. Autrement dit, la notion de « pouvoir » se fait ici synonyme de « force » ou de puissance physique et a pour enjeu la domination de certains hommes sur d'autres, de sorte que la question du droit doit être reposée en un sensnouveau : la question n'est plus : ce que permet le droit ou qu'est-ce que prescrivent les lois à ce sujet et est-cepratiquement cohérent ? ; elle demande : cet usage est-il juste ? La perspective doit être non plus d'ordre factuel, mais critique (de quel droit ?) 2- L'HOMME NE PEUT UTILISER SUR L 'HOMME LES POUVOIRS QUE LA TECHNIQUE LUI DONNE SANS CONTRADICTION a) L'homme à la fois sujet et objet = humanité scindée Les pouvoirs donnés à l'homme par la technique ont, comme on l'a vu, pour enjeu la domination de la nature. Or si l'on utilise ce pouvoir sur l'homme, n'est-ce pas alors pour, comme on le fait à l'égard de la nature, le dominer,le maîtriser ? Comment l'homme peut-il alors sans contradiction être agent et patient d'une même action, d'unemême pratique ? Il s'agit alors de penser l'homme en tant qu'individu et non plus comme genre univoque : l'homme est aussi un sujet, un ego irréductible à tous les autres et qui entretient avec ses semblables des relations qui ne sont pasnécessairement sociables.

De ce fait, il peut chercher à dominer autrui, à s'en servir comme un moyen.

Dès lors,l'utilisation des pouvoirs de la technique par et sur l'homme présuppose que « l'homme » en question ne soit pas unetotalité mais deux sujets distincts : l'un agit, domine et l'autre pâtit, est dominé. Ce rapport est parfaitement illustré dans le cas de l'usage de la technique au travail. b) Le cas du travail La technique a certes permis à l'homme de satisfaire au mieux ses besoins.

Cependant, la technique au travail = outils et machines.

Or ces outils et ses machines sont la propriété de certains qui peuvent cependant enlaisser l'usage (qui vise à fabrication des biens utiles à la vie ou produits marchands) à d'autres qui eux, nepossèdent pas cet arsenal technique et doivent cependant travailler.

Les propriétaires peuvent ainsi jouir sanstravailler de ces biens qu'ils n'ont pas produit.

Ainsi on a deux classes d'hommes : ceux qui font travailler et ceux quitravaillent.

C'est ainsi que l'homme (le propriétaire) utilise les pouvoirs que lui donne la technique (qui est son bien)sur l'homme (l'ouvrier).

Transition : On voit ainsi que les pouvoirs de la technique donnés à l'homme se retournent contre une partie de lui-même dans la mesure où l'humanité n'est plus tenue pour une qualité naturelle donnée à tous : l'homme individu peut agirsur ses semblables comme il agit sur les choses.

Dès lors, la question de savoir si cela est juste revient à la moraleet non plus à la législation et doit être posée en ces termes : puis-je en tant qu'homme (être raisonnable) agir surun autre homme comme j'agis sur les choses ? En un mot, les pouvoirs de la technique peuvent-ils objectiverl'homme ? 3- LA QUESTION DE LA PERSONNE L'enjeu de ce questionnement moral (= interrogation portant sur la valeur des fins posées par l'usage pratique de la raison) posé aux pouvoirs de la technique est de définir une conception de l'humanité telle que l'homme puisseêtre à la fois agent et patient (comme dans le cas de la médecine où le terme « patient » désigne celui qui faitl'objet des soins) sans pour autant être objectivé (assimilé à n'être qu'une chose parmi les choses). La notion de personne paraît bien pouvoir éclaircir un tel dilemme : notion à la fois morale et juridique, elle désigne l'homme en tant que sujet par distinction d'avec les choses.

Dans cette perspective, l'homme est alors,comme le pose Kant, être raisonnable, doué de volonté ou capacité de se donner à soi-même une fin.

L'homme estdans ce cas sa propre fin : étant la source de ses propres buts, il a une valeur en soi = ne peut pas sanscontradiction être moyen.

[voir Métaphysique des mœurs, fondations , section II) Pour répondre à la question de la légitimité de l'usage des pouvoirs de la technique, il convient de prendre en compte la notion de respect : l'homme est objet de respect et ne peut en aucun cas (sans contredire sa natureraisonnable) utiliser les pouvoirs qu'il a acquis par la technique sur lui-même en tant qu'objet ; cet usage se trouvedonc limité par le sentiment de la valeur de l'humanité (de sa capacité à agir suivant la loi morale qui porte en lui dans la perspective de Kant).. »

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