L'Homme a-t-il besoin du désir ?
Publié le 27/03/2005
Extrait du document
Pourquoi l’homme aurait-il besoin du désir alors que ce dernier est la principale source de son malheur et que selon Epicure il faudrait impérativement rompre avec lui dans le dessein d’être heureux ? De plus si l’on considère que l’unique fin des hommes est le bonheur alors tout objet qui viendrait interférer dans ce projet serait, loin d’être un besoin, un obstacle à éviter.
«
Troisième partie : le désir comme moteur.
En revanche, là où le désir peut s'avérer être bénéfique lorsqu'il s'avère être une source de motivations pourl'homme."De même que l'enfant doit vivre selon les commandements de son maître, notre faculté de désirer doit se conformeraux prescriptions de la raison." Aristote, Éhique à Nicomaque .
Il n'y adonc pas incompatibilité totale entre le désir et la capacité que l'individu aurait de se gouverner lui-même.Le désir peut pousser à se dépasser soi-même par la simple volonté de le voir se réaliser.« Quoi qu'en disent les moralistes, l'entendement humain doit beaucoup aux passions, qui, d'un commun aveu, luidoivent beaucoup aussi.
C'est par leur activité que notre raison se perfectionne; nous ne cherchons à connaître queparce que nous désirons de jouir.
» Rousseau, Sur l'origine de l'inégalité . Ainsi le désir devient un moteur pour l'âme, l'homme le prend comme fin suprême à atteindre et tant qu'il ne sera passatisfait, il persévèrera dans sa quête.
Aristote, De l'Ame : « Il n'y a qu'un seul principe moteur : la faculté désirante ».L'irrationalité du désir telle qu'on la comprenait dans une première approche se complète donc maintenant de cettecertitude que le désir est moteur et qu'il l'origine de nos constructions réelles ou imaginaires.
Spinoza ne s'y trompera pas en faisant du désir l'essence de l'homme.
Pour lui, « le désir est l'essence même de l'homme, en tant qu'elle est conçuecomme déterminée, par une quelconque affection d'elle-même, à faire quelquechose ».
Le désir est le terme générique englobant tous « les efforts,impulsions, appétits et volitions de l'homme ».
Il constitue l'essence del'homme parce qu'il est le mouvement même par lequel ce dernier s'efforce depersévérer dans son être.
Chacun désire ce qu'il juge utile à la conservationde son être et susceptible d'en accroître la perfection, c'est-à-dire ce qui luisemble bon, ce qu'il aime.
En revanche, il désirera éviter ou détruire ce qui luiparaît faire obstacle au maintien de son être ou entraîner sonamoindrissement.
Ainsi « chacun désire ou tient en aversion nécessairementpar les lois de sa nature ce qu'il juge être bon ou mauvais ».
Le désir est doncune disposition naturelle, et tout désir est en soi légitime.
Cependant ce quel'homme désire parce qu'il le juge comme lui étant utile n'est pasnécessairement ce qui lui est vraiment utile.
C'est que communément «chacun juge selon son propre sentiment ce qui est bon, ce qui est mauvais »,non selon sa droite raison.
Or le sentiment, en tant que passion de l'âme, estune « idée inadéquate », c'est-à-dire mutilée et confuse, et qui est donccause d'erreur et de fausseté.
C'est pourquoi les hommes, en croyantobserver leur intérêt, désirent souvent comme utile ce qui leur est en faitnuisible.
LE « CONATUS » OU EFFORT DE L'ÊTRE.
Rien ne va au néant.
Le nihilisme est absurde : « Nulle chose ne peut être détruite, sinon par une causeextérieure » (Éthique, III, P.
4).L'essence d'une chose est une manifestation limitée de l'essence de la Cause de soi, qui est puissance infinie :« Tant que nous considérons seulement la chose elle-même, et non les causes extérieures, nous ne pouvonsrien trouver en elle qui puisse la détruire » (ibid.).De là découle la proposition 6, justement célèbre: « De par son être, chaque chose s'efforce de persévérerdans son être » L'être est désir d'être.
« Cet effort, rapporté à l'esprit seul, s'appelle volonté ; mais quand il se rapporte à la fois à l'esprit et aucorps, il s'appelle tendance (appetitus) ; la tendance n'est donc rien d'autre que l'essence même de l'homme ;de cette essence découlent nécessairement les actes qui servent à sa conservation; et ainsi l'homme estdéterminé à les faire.
De plus, entre la tendance et le désir (cupiditas) il n'y a nulle différence, sinon que ledésir se rapporte généralement aux hommes dans la mesure où ils sont conscients de leurs tendances et c'estpourquoi on peut donner la définition suivante : Le désir est la tendance accompagnée de la conscience decette même tendance.
Ainsi il est établi que nous faisons effort en vue de quelque chose, la voulons, tendonsvers elle, la désirons, non pas parce que nous jugeons qu'elle est bonne : au contraire, nous jugeons qu'unechose est bonne parce que nous faisons effort pour l'avoir, la voulons, tendons vers elle et la désirons.
»(Éthique, III, P.
9, Sc.).
Ainsi le désir, reconnu par toute la philosophie comme le dynamisme immanent à lanature, exprime directement l'essence de l'être fini, ou puissance finie..
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