l'historien peut-il se passer d'une philosophie ?
Publié le 29/07/2005
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Ne faut-il pas dépasser la cohue bigarrée de l'histoire ? Toutefois, la volonté d'intégrer tous les faits dans un ensemble cohérent et une philosophie de l'histoire ne peut-elle conduire à délaisser l'étude des événements particuliers de la vie quotidienne ? Et d'ailleurs, en définitive, y a-t-il une histoire totalisante pouvant guider l'historien ou des histoires multiples pouvant faire fonction de cadres régulateurs à l'historien ? L'idée d'une histoire et d'une philosophie globale de l'histoire n'est-elle pas lourde de malentendus ? Est-elle même, à vrai dire, concevable?Si les trois premières questions sont intéressantes, la quatrième dessine une stratégie de dissertation et un plan possible :Problème :Y a-t-il une histoire totalisante pouvant guider l'historien ou des histoires multiples pouvant servir d'autant de cadres régulateurs à ce dernier ? Ici encore, le problème est gros, du point de vue théorique, d'un enjeu important : il s'agit d'apporter un cadre régulateur à l'historien. Un autre problème, encore plus profond, se profile alors : une philosophiede l'histoire est-elle vraiment concevable ? Ainsi, au sein d'une problématique, peuvent surgir plusieurs problèmes philosophiques
a) Un constat. Pour caractériser son souci de vérité, l'historien, aujourd'hui, souligne volontiers le statut scientifique de sa discipline. L'histoire n'est plus genre littéraire, leçon de morale ou somme d'anecdotes approximatives, mais science humaine, recherche scientifique sur le passé des hommes.
b) Le problème. Si, lorsqu'elle devient scientifique, une connaissance se sépare de (ou même s'oppose à) la pensée philosophique, l'histoire ne devrait-elle pas, elle aussi, s'élaborer en dehors de toute philosophie ? Mais une telle séparation est-elle possible ? L'historien peut-il se passer d'une philosophie ?
- 1) établir les faits historiques
- 2) la philosophie nécessaire ?
- 3) théorie et philosophie en histoire

«
introduction
a) Un constat.
Pour caractériser son souci de vérité, l'historien, aujourd'hui, souligne volontiers le statut scientifiquede sa discipline.
L'histoire n'est plus genre littéraire, leçon de morale ou somme d'anecdotes approximatives, maisscience humaine, recherche scientifique sur le passé des hommes.b) Le problème.
Si, lorsqu'elle devient scientifique, une connaissance se sépare de (ou même s'oppose à) la penséephilosophique, l'histoire ne devrait-elle pas, elle aussi, s'élaborer en dehors de toute philosophie ? Mais une telleséparation est-elle possible ? L'historien peut-il se passer d'une philosophie ?
1) établir les faits historiques
a) La critique historique, méthode scientifique• Tout d'abord, pour parvenir à une connaissance vraie des faits qu'il étudie, l'historien professionnel soumet lesdocuments sur lesquels il travaille à une « critique historique » qui permet d'en apprécier la valeur de vérité.On distingue ainsi :— la critique « externe » (qui porte sur l'intégrité et l'authenticité du document : l'historien doit par exemples'assurer qu'il n'est pas en présence d'un « faux », d'une contrefaçon etc.) ;— la critique « interne » (sincérité du contenu des documents, problème de concordance entre les sources,vraisemblance des témoignages, etc.).• Ces démarches sont, en un sens, tout à fait indépendantes de la démarche philosophique, qu'elles n'excluentcependant pas.
R.
Aron écrit qu'il faut distinguer « les démarches rigoureusement objectives, soumises aux seulesrègles de la logique et de la probabilité » (ce qui touche à l'établissement des faits et à la critique des textes), «des démarches subjectives qui expriment une individualité ou une époque » ; ceci afin de « tracer les frontières dusavoir universellement valable et de réserver, au-delà de la science, les droits non de la croyance mais de laphilosophie » (Introduction à la philosophie de l'histoire, coll.
Tel, p.
12).• Le souci de vérité scientifique et les méthodes que les historiens utilisent participent en un sens de l'entreprisephilosophique en général, dans la mesure où philosopher, c'est rechercher la vérité.
Mais toute une tradition, depuisAristote, oppose l'histoire, recueil de faits, et la théorie, philosophique par excellence, recherche par la raison derelations constantes et générales (Cf.
Lalande, Vocabulaire de la philosophie, art.
« Histoire », observations).
b) Positivisme historique et refus de la philosophie• Héritiers du positivisme, certains historiens ont tenté d'exclure toute philosophie comme toute théorie explicative,et de ne considérer comme histoire scientifique que les résultats des méthodes qui permettent d'établir les faitsobjectivement.
Pour eux, « l'analyse critique du document est tout le travail de l'historien, qui, selon la formuled'Halphen [1946, Introduction à l'histoire], doit s'effacer devant le témoignage » (R.
Mandrou, art.
« Histoire » del'Encyclopaedla Universalis, 1968).
S'interdire de philosopher serait la condition d'une pratique scientifique del'histoire.• Mais les historiens montrent aujourd'hui qu'une telle histoire « qui se croit et se veut débarrassée de touteimplication philosophique, se révèle, en réalité, fondée sur des partis pris et des postulats desséchants qui affectentgravement la nature et l'extension de son champ d'études » (J.
Ehrard et G.
Pal-made, L'Histoire, A.
Colin, 1965, p.78-79).• Parmi les présupposés philosophiques implicites qu'admet une telle histoire positiviste, on peut noter :— Une survalorisation des événements politiques.
« Comme les faits les plus faciles à établir sont alors les grands"événements", la traditionnelle histoire politique, avec ses divers visages, dynastique et guerrière, diplomatique,parlementaire, etc., retrouve tous ses droits » (ibid.) ; seraient ainsi négligés ou considérés comme inessentiels desfaits culturels, économiques, psychologiques, dont l'importance pourrait passer inaperçue, parce que les documentssont moins nombreux ou moins directement accessibles que les Mémoires, Chroniques, etc., politiques.— Une théorie de la causalité historique en résulte : les faits politiques permettraient de rendre compte de toute laréalité historique.Par exemple, l'historien Seignobos, en 1924, conclut que « la crise mondiale ouverte en 1914 oblige à "reconnaître àquel point les phénomènes superficiels de la vie politique dominent les phénomènes profonds de la vie économique,intellectuelle et sociale" » (ibid.).— Sur le plan des événements politiques, l'explication positiviste mettrait en oeuvre « une philosophie déterministedu changement, du devenir humain », puisque « la succession des faits en un récit chronologiquement ordonné (...)postule des relations simples de cause à conséquence » (R.
Mandrou, article cité).• Lorsqu'il tente de se passer de philosophie, l'historien risquerait de philosopher encore, d'accepter sans critique lesthèses philosophiques dominantes de son temps.
« L'historien ne s'exprime-t-il pas, lui-même et son époque, danssa vision du passé ? » (R.
Aron, op.
cit., p.
11)..
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