L'historien est-il soumis à sa subjectivité ?
Publié le 21/08/2009
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« vit dans l’histoire, il appartient à une époque, à un pays, à une classe sociale. Il est lui‐même prisonnier du cours de l’histoire. Et disons‐le, des préjugés de son temps… L’histoire science (l’« Historie » disent les Allemands) est un acte de l’historien et cet acte lui‐même un événement historique, il appartient à la réalité historique («Geschichte» [*]). C’est pourquoi toute science historique, elle‐même moment de l’histoire, serait condamnée à une relativité, à une subjectivité irrémédiable : «La conscience de l’histoire est une conscience dans l’histoire.» [*] La distinction proposée par les termes allemands « Historie » et « Geschichte » révèle une double dimension du terme français « histoire ». L’Histoire désigne l'ensemble des événements que l'on raconte et que l'on rapporte, sans valeur réellement causale ni explicative. A l'inverse, l'Histoire au sens de «Geschichte» désigne le processus et l'analyse de l'Histoire dans son ensemble, envisagée comme un phénomène général et englobant, appelant la réflexion et l'interprétation. En fait, l'Histoire se divise entre les faits réellement produits et la connaissance réflexive que nous pouvons en acquérir. Ceci exclut toute possibilité de tirer de l’histoire des « leçons ». On conseille souvent aux gouvernants, aux peuples de s'instruire par l'expérience de l'histoire (Machiavel). Mais comme le constate Hegel, la seule leçon de l'histoire est qu'il n'y a pas de leçons de l'histoire. Les peuples et les gouvernants « n'ont jamais rien appris de l'histoire » et « n'ont jamais agi d’après les leçons qu’on pourrait en tirer ». La raison en est que l'histoire ne se répète pas : “L’histoire ne repasse pas les plats” (Céline). A chaque époque, les peuples, les gouvernants se trouvent dans des circonstances si particulières, dans une situation si individualisée, que les leçons qu'on peut tirer du passé apparaissent abstraites et inefficaces. On peut chercher dans l'histoire, des leçons pour le présent : c'est faire fond sur des analogies de situations historiques (l'histoire nous enseignerait par exemple qu'une certaine forme de démocratie conduit à l'anarchie et celle‐ci à la dictature). MAIS, on peut objecter à cette conception que les situations historiques sont toujours uniques et que l'enchevêtrement des causes fait que chaque cas historique requiert une prise de conscience particulière. On ne peut tirer de l'histoire que des leçons très générales. Hitler connaissait l'échec des campagnes napoléoniennes de 1812‐1813 et l'analyse donnée par Clausewitz de cet échec dans « De la guerre ». Mais il n'en a tenu aucun compte, espérant réussir, grâce à la vitesse de ses engins blindés, là où Napoléon avait échoué. A l'originalité de la situation, s'ajoute souvent l'urgence de l'action. Les peuples et les gouvernants doivent donc prendre leurs décisions d'après leur propre jugement et ne peuvent décider autrement. Sur Clausewitz: https : //1000‐idees‐de‐culture‐generale.fr/guerre‐clausewitz/ Car l’historien ne tire pas sa philosophie ou sa morale de ses connaissances historiques. Tout au contraire il constitue sa vision de l’histoire à partir de perspectives philosophiques, morales politiques qui la précèdent et se projettent en elle. Il en est de l’histoire comme de la mémoire individuelle ; c’est à partir des « visées », des projets présents –dirigés vers l’avenir‐ que les individus et les peuples reconstituent leur passé. L’histoire subjective serait donc inévitable, et par là même, osaient dire les historiens allemands au temps du nazisme, légitime. « Chaque génération se forme sa propre conception historique selon ses nécessités nationales. ». En effet, qui décide du sens de l’histoire ? Ce ne peut être le vaincu ou l’opprimé : il est bâillonné par la force et la peur. En revanche, le vainqueur est parfois si puissant qu’il donne au passé le sens qui lui plaît. En termes marxistes, l’on dirait que l’histoire est une production idéologique dont le but n’est pas tant la vérité que la légitimation des pouvoirs en place. L’historien n’est donc, pour les marxistes, que le secrétaire particulier du conquérant et du puissant. . »
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