L'histoire peut-elle éclairer la politique ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
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2.
- L'histoire doit en réalité se hisser à un niveau plus élevé de considération sur le passé et doit rechercher les causes des événements singuliers.
Elle doit accéder à un niveau supérieur del'étude historique et parvenir à prendre de la distance par rapport aux faits historiques bruts. - L'histoire doit en fait être prise dans sa globalité et ne prend sens que lorsqu'on l'examine sur un temps long.
D'où la célèbre phrase de Hegel qu'on trouve dans les Principes de la philosophie du droit : « La chouette de Minerve ne prend son envol qu'à la tombée de la nuit » (Minerve étant la déesse de la sagesse). - Une telle histoire peut ainsi dégager des principes d'intelligibilité du passé en mettant au jour les structures sous-jacentes qui déterminent les événements à se produire ou non. - En mettant au jour de telles structures, on peut espérer formuler des lois historiques qui nous permettraient de comprendre l'évolution générale de l'humanité. - Marx pensait ainsi avoir trouvé les lois de l'évolution sociale à travers les infrastructures économiques d'un pays.
Il écrit ainsi avec Engels dans L'idéologie allemande : « L'histoire n'est pas autre chose que la succession des différentes générations dont chacune exploite les matériaux,les capitaux, les forces productives qui lui sont transmis par toutes les générations précédentes;de ce fait, chaque génération continue donc, d'une part le mode d'activité qui lui est transmis,mais dans des circonstances radicalement transformées et d'autre part elle modifie les anciennescirconstances en se livrant à une activité radicalement différente ». - Trouvant les lois de l'évolution sociale à travers les lois économiques, Marx en infère que l'histoire sociale est liée aux rapports de production, et donc à l'antagonisme de deux classes : lescapitalistes qui possèdent les moyens de production, et les prolétaires qui ne possèdent riend'autre que leur force de travail. - Il en découle pour Marx et Engels que « l'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire de la lutte des classes.
Homme libre et esclave, patricien et plébéien, baron et serf(…) en un mot, oppresseur et opprimés, en opposition constante, ont mené une guerreininterrompue, tantôt ouverte, tantôt dissimulée » ( Manifeste du parti communiste ). - Suivant ce modèle, l'histoire nous fournit de nombreux enseignements politiques.
Marx pensait même que les lois qu'il avait décrites étaient tellement fiables qu'il pourrait en déduire l'évolution àvenir des sociétés et qu'il avait découvert le sens de l'histoire, le but vers lequel celle-ci tendait. - Le marxisme considéra ainsi qu'il fallait que la politique épousât le sens de l'histoire et tenta alors de forcer celle-ci à suivre le cours historique qui avait été prédit par la science historique deMarx. - Mais l'histoire ne nous enseigne-t-elle pas justement les ravages de cette foi en la science historique ? Cependant, l'histoire reste une science humaine, soumise aux interprétations.
Elle nous donne doncdes indices, mais pas de preuves. 3.
- Les atrocités commises par le régime de l'Union Soviétique et l'échec total de sa politique prouvent plus que tout autre argument que Marx s'était trompé sur bien des choses.
L'histoire durégime soviétique nous montre que postuler que l'histoire a un sens peut mener directement à laterreur politique et à l'arbitraire dès lors qu'un groupe politique prétend être le détenteur de cesens dont il impose les conséquences à la société : « La fin de l'histoire n'est pas une valeurd'exemple et de perfectionnement.
Elle est un principe d'arbitraire et de terreur » écrivait Camusdans L'homme révolté.
Ainsi que le rappelle Cournot : « Il faut se garder de deux idées mystiques : l'une qui consisterait à distribuer aux peuples des rôles déterminés d'avance (…) ;l'autre qui instituerait pour l'humanité une loi de progrès indéfini et en tous sens comme si Dieunous avait mis dans la confidence de ses décrets (…) ou comme si l'humanité devait être, dansson perfectionnement idéal, l'unique objet du culte des générations futures » (Cournot,Matérialisme, Vitalisme, Rationalisme ) - Bien que l'histoire prétende à l'objectivité, celle-ci reste finalement tributaire de l'interprétation. - Marx avait ainsi fait l'erreur de croire que sa science historique était une science exacte et que les lois qu'il avait formulées étaient des lois d'airain. - En réalité, l'histoire reste une science humaine, et comme toutes les sciences humaines, elle doit adopter une démarche fondée sur l'interprétation des intentions humaines et non sur lepostulat d'une exactitude absolue. - Comme le montre Dilthey, si les faits naturels ont juste à être expliqués, au sens où il faut les rapporter à des causes naturelles inertes, les faits humains et sociaux, de leur côté, exigent denous qu'on les comprenne, c'est-à-dire qu'on les rapporte à des facteurs signifiants.
Dilthey écritainsi qu'il s'agit de « retrouver le je dans le tu, […] dans chaque sujet d'une communauté, danschaque système culturel » ( Gesammelte Schriften , tome 8). - L'historien, qui comprend les faits grâce à une certaine qualité de subjectivité, élabore néanmoins une science qui ne se veut pas réellement disqualifiée comme science. - Comme toutes les sciences humaines, l'histoire est une science qui nous fournit des interprétations et des explications, mais elle ne procure aucune recette magique de la société. - Pour cette raison, elle n'épuise pas totalement l'explication du champ politique, mais elle l'éclaire bien évidemment en nous donnant des indices, et parfois, en formulant des rappels..
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