L'histoire n'est-elle que le récit des faits tels qu'ils se sont passés ?
Publié le 04/03/2009
Extrait du document
«
[date à laquelle écrit Valéry], les conséquences de cet instrument diplomatique peuvent être totalement perdues etcomme diffuses dans le chaos des événements, tandis que (...) la quinine fut peut-être indispensable à laprospection et à l'occupation de loute la terre, qui est, à mes yeux, le fait dominant de notre siècle» ( Œuvres,Pléiade, 1.1, p.
1130).• Conséquences.
On voit qu'il est impossible d'opposer le savant qui, «dit-on, reconstitue les faits» et le philosophequi « les apprécie» : l'historien exprime par ses choix une certaine évaluation qui peut être dite philosophique,puisqu'elle n'est pas constat scientifique, et ne peut l'être.
Comme l'écrit encore R.
Aron : « L'historien, selon laformule courante, doit être impartial.
Mais toujours il rat¬tache un acte à ses causes ou à ses conséquences :réponse adaptée ou inadaptée, décision efficace ou inefficace [des acteurs historiques].
En ce sens, il utilise lecritère que suggère l'éthique historique : le succès » (Op.
cit., p.
358.)• On voit qu'il semble impossible de tracer la frontière qui séparerait une histoire exposant les faits tels qu'ils se sontpassés et une histoire construisant son objet, un passé jugé significatif.
b) La synthèse historique• On oppose souvent à l'établissement des faits - qui n'impliquerait aucune thèse philosophique - l'élaboration d'unesynthèse historique, l'articulation des faits à l'intérieur d'un ensemble qui permet de les interpréter, de définir causeset conséquences, etc.
C'est sur ce plan que l'historien ferait appel à des philosophies ou à des thèsesphilosophiques.• Une telle opposition, cependant, est un peu artificielle : le choix des faits, nous l'avons vu, mais aussi leurdétermination, requièrent une idée de leur sens, de leur valeur, qui engage déjà une démarche de synthèse.• Un exemple.
L'historien Lucien Febvre remarque que l'historien ne cherche pas des faits à travers le passé «comme un chiffonnier en quête de trouvailles, mais part avec, en tête, (...) une hypothèse de travail à vérifier».Car, précise-t-il, «le fait en soi, cet atome prétendu del'histoire, où le prendrait-on ? L'assassinat d'Henri IV par Ravaillac, un fait ? Qu'on veuille l'analyser, le décomposeren ses éléments, matériels les uns, spirituels les autres, résultat combiné de lois générales, de circonstancesparticulières de temps et de lieux, de circonstances propresenfin à chacun des individus, connus ou ignorés, qui ont joué un rôle dans la tragédie : comme bien vite on verra sediviser, se décomposer, se dissocier un complexe enchevêtré...
Du donné ? Mais non (...), de l'inventé et dufabriqué, à l'aide d'hypothèses et de conjectures, par un travaildélicat et passionnant » (Combats pour l'histoire, A.
Colin, 1965).
conclusion
• L'historien ne semble décidément pas pouvoir se contenter d'être celui qui raconte simplement les faits, tels qu'ilsse sont passés.
En effet, un tel projet n'est pas réellement praticable.
S'il veut parvenir à une connaissance plusobjective, l'historien est conduit à prendre consciencedes prénotions, préjugés et autres théories naïves à travers lesquels il choisit et analyse certains faits dans desperspectives discutables.
Son travail serait alors de substituer à ces catégories des hypothèses théoriques qui leconduiraient à ré-interroger les documents connus (ou à en chercher d'autres) pour les confirmer ou les infirmer.
Cefaisant, l'historien ne raconte pas simplement ce qui s'est passé.
Il cherche! à l'établir et son enquête estinterminable..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- L'histoire est elle le simple récit des faits tels qu'ils se sont passés ?
- L'histoire est-elle le simple récit des faits tels qu'ils se sont passés ?
- L'histoire n'est-elle que le récit des faits tels qu'ils se sont passés ?
- L'histoire n'est-elle que le récit de faits particuliers ?
- l'histoire n'est-elle que le récit des évènements passés ?