L'histoire n'est-elle que le récit de faits particuliers ?
Publié le 17/12/2009
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Par exemple, Sophocle décrira dans « Antigone « non pas le caractère des héros, Antigone et Créon, mais ce que leurs types de convictions les amèneront à faire. Le souci politique de Créon le poussera à interdire à celui des frères d'Antigone qui s'est battu contre la ville d'être enterré, et à accorder une sépulture à l'autre. La piété religieuse et familiale d'Antigone la conduit à juger tyrannique et injuste l'édit de Créon. La pièce décrit alors la logique d'un affrontement inévitable. La force d'une telle oeuvre (et aussi bien d'oedipe) provient du fait que le lecteur y reconnaît des schèmes, une logique à l'oeuvre dans d'autres situations, et que cette reconnaissance permet une meilleure compréhension de la réalité. Si l'on préfère, la fiction, la mise en intrigue, épure l'histoire réelle ou supposée telle de ses scories contingentes, pour en dévoiler la pure logique.
«
événements.
C'est bien ce que l'on éprouverait en apprenant l'histoire d'oedipe.
»La représentation substitue le plaisir à la peine que sot naturellement pitié et terreur.
Car ce n'est pas devant lesévénements réels que l'on frisonne, mais devant une représentation déjà épurée, par u regard cette fois pourvud'intelligence.
Si nous aimons les peintures des choses horribles, c'est qu'on y contemple les « formes » et « qu'enles regardant on apprend à connaître.
»La proximité de l'art et de la philosophie provient de deux éléments.
D'une part le processus même de la créationconsiste à délivrer l'intelligence d'une action.
D'autre part cette intelligence engendre une épuration des passionsnocives.
Si l'époque moderne nous a appris à voir dans l'histoire tout autre chose qu'un récit servile desévénements, Aristote nous aura enseigné la haute valeur intellectuelle de l'art, qui consiste à nous éclairer sur uneaction en mettant à jour ce qu'elle a de général.
Le théâtre et le roman moderne nous ont appris que la leçond'Aristote valait aussi pour les caractères.
Ne parle-t-on pas de « tartufferie » et de « bovarisme ».
Le déroulement de l'histoire est rationnel.
« [L'histoire] n'est que l'image et l'acte de la raison.» Hegel, La Raisondans l'histoire (1830).
• Pour Hegel, l'histoire humaine est un processus rationnel dont il est possiblede donner une vision systématique.
Ainsi, chaque peuple exprime une étapedu déploiement de l'Esprit du monde, dans un vaste mouvement qui va del'Est (Babylone, La Grèce antique) à l'Ouest (l'Europe moderne).
Ce processusest dialectique: de la rencontre et de la confrontation entre les culturesadviennent de nouvelles cultures qui dépassent les oppositions de l'époqueprécédente.
C'est un processus téléologique (c'est-à-dire orienté vers unbut) qui mène, selon Hegel, à la prise de conscience de soi de l'Esprit dumonde.• Le travail de l'historien-philosophe, c'est donc, pour Hegel, la saisie desprocessus rationnels à l'oeuvre dans l'histoire de l'humanité, en insérant tousles événements dans un processus censé être nécessaire et ordonné par unefin prédéterminée.
1.
La ruse de la raisonEn croyant poursuivre leurs passions et leurs intérêts, les hommes réalisentdes fins qui n'entraient pas dans leurs intentions.
« Rien de grand ne s'est faitsans passions », car c'est en se servant des passions, moteur de l'activité humaine, que la raison se réalise dansl'histoire.
Les hommes d'action tels Alexandre, César, Napoléon, en servant leurs ambitions, ont ainsi réalisé unnouvel état du monde, une nouvelle figure de l'universel.
2.
« Le réel est rationnel »Il faut comprendre cette célèbre formule hégélienne comme une équivalence du rationnel et du réel : le réel estrationnel, au sens où il est soumis à des lois et n'est pas livré au hasard, et est ce qui agit vraiment dans l'histoire.Mais, inversement, le rationnel désigne nécessairement la réalité d'un processus à l'oeuvre dans l'histoire.
« La masse gigantesque des volontés particulières, des initiatives et des entreprises des hommes, voilàles instruments et les moyens qu'emploie l'Esprit Universel pour atteindre sa fin ultime...
Ces réalitésvivantes que sont les individus et les peuples, en cherchant à satisfaire leurs fins privées sont en mêmetemps les moyens et les instruments d'une fin plus haute, plus vaste dont ils ne savent rien et qu'ilsaccomplissent inconsciemment...
Telle est mon hypothèse que la Raison gouverne le monde, qu'elle adonc gouverné et gouverne toujours l'histoire...
César fit la guerre [à ses associés] dans le but intéresséde sauvegarder sa vie, son honneur et sa sécurité...
Mais ce que lui assura l'accomplissement de cette fin(le pouvoir pour lui seul à Rome) était en même temps en soi un processus nécessaire dans l'histoire deRome et du monde...
Voilà le rôle des grands hommes dans l'histoire.
Leur propre but privé s'identifie avecl'essence de la volonté de l'Esprit Universel.
[Aux peuples] le grand homme montre, et il accomplit ce quiest leur propre tendance, immanente en eux.
» (HEGEL, Introduction à la Philosophie de l'histoire.)
Le vrai est le tout.
La formule : « Le vrai est le tout » apparaît dans le véritable manifeste qu'est la Préface de Hegel (1770-1831) à laPhénoménologie de l'esprit (1807).Dans ce texte, Hegel présente une nouvelle façon de philosopher, qui rompt avec le romantisme et que l'on nommedialectique.
L'ambition de Hegel est de ressaisir la totalité de l'histoire (de la réalité historique, mais aussi de laphilosophie, de l'art, etc.) comme une unité.
« Le vrai est le tout » signifie que l'on ne comprend une chose qu'enrefusant de l'isoler et de la considérer hors du processus dans lequel elle s'insère.« Le vrai est le tout » est, à première lecture, une formule énigmatique.
Cependant, celle-ci peut définir ladialectique de Hegel ; la vérité n'est pas seulement un moment, quelque chose d'immédiat, le but d'une recherche.La vérité est à la fois le but et le chemin qui y conduit, et isoler le résultat, c'est se priver de la «plénitude du détail», de l'intelligibilité du processus dans lequel cette vérité se délivre.Hegel commence abruptement sa préface par la dénonciation de la façon dont on comprend habituellement le.
»
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