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L'histoire ne raconte t'elle que des histoires

Publié le 08/03/2022

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histoire

« Introduction: L’histoire étudie l’Histoire, elle écrit l’histoire et pour cela utilise une histoire... Je vous promets que je ne vous raconte pas d’histoires! De quelle «histoire» parle-t-on? Distinguons tout d’abord, la discipline qui étudie les événements du passé; puis la totalité des faits réels passés (Histoire avec un H majuscule); et enfin le résultat fruit de l’étude comme connaissance de l’Histoire.

Par ailleurs, avant de coucher les enfants, un père de famille peut leur lire une histoire.

Le mot fait alors référence à tout récit, toute narration qui peut par exemple être un conte, une fable ou alors de l’histoire...

Enfin, l’expression «ne racontes pas d’histoires» emploie le terme histoire comme synonyme de mensonge, faux, invention.

Nous avons donc cinq sens1. Quand un élève ouvre son livre d’histoire, il y trouve les récits de faits appartenant à la pré-histoire, l’antiquité, le moyen âge, et autres époques de la longue histoire de l’humanité.

Un enfant accueillera, apprendra et tiendra pour vrai toutes ces pages du manuel sans sourciller, et cela constituera sa mémoire historique sur laquelle il s’appuiera. Pourtant, est-ce que l’histoire enseignée dans les livres d’histoire correspond parfaitement aux grands faits réels du passé? N’y a-t-il pas une différence entre la connaissance historique et la réalité historique? Prenons l’histoire d’une guerre par exemple.

La version des vaincus sera-t-elle égale à celle des vainqueurs? Pour sûr non! Et cela s’imagine bien.

Or, souvent, seule la version des vainqueurs perdure et est transmise aux générations futures.

Alors, l’histoire est-elle nécessairement «fausse»? De plus, L’historien étudie les faits «réels» du passé, puis il écrit un récit pour les expliquer, les décrire.

Il écrit l’histoire en utilisant une histoire.

Or, lors d’un fait actuel, nous notons que les journaux qui couvrent l’événement relatent souvent les faits chacun à leur manière.

Par exemple, une même manifestation comptera quinze mille personnes selon les uns et le double selon les autres.

Le désaccord existe alors que le fait est au temps présent et que les deux protagonistes y participèrent.

A propos du passé, d’autant plus s’il est lointain, on comprend facilement que ce phénomène peut largement s’amplifier.

Non, car l’historien est déontologiquement impartial diront certains.

Certes, mais l’historien peut-il vraiment être impartial? Qui plus est, écrivant sur le passé avec un regard du présent, peut-il être pleinement objectif? Par ailleurs, de même qu’un film ne peut se passer d’images, l’histoire semble ne pas avoir d’autres moyens pour transmettre l’Histoire que d’utiliser le récit, narrer une histoire.

Ainsi, l’histoire est racontée par des histoires.

En jouant sur la polysémie intrinsèque de l’histoire, et au vu de l’introduction ci-dessus, nous sommes en droit de questionner: L’histoire ne raconte-t-elle que des «histoires»? L’idée ici n’est pas de crier au complot mais de s’interroger sur la véracité totale des récits historiques et leur valeur, ce qui conditionne le crédit et la confiance à leur apporter.

A l’heure où l’histoire fait irruption dans la campagne présidentielle française, ce sujet n’est pas des moindres. Afin de trancher si l’histoire raconte la vérité objective, nous approfondirons ses deux étapes constitutives: dans une première partie, nous réfléchirons à la possibilité pour l’historien d’atteindre les faits réels, d’accéder à la connaissance de l’Histoire.

Puis, dans un second temps, nous questionnerons la possibilité, une fois l’étude faite, de sa retranscription exacte, de son explication et de sa transmission impartiale. 1) Possibilité de vraiment connaître l’Histoire? Toute connaissance est une activité qui dépend de la relation entre le sujet connaissant et l’objet de connaissance.

Afin de savoir si cette connaissance peut être vérité, dans cette première partie nous mettrons le focus sur l’objet qui est ici le fait réel historique, ce qu’il s’est vraiment passé.

Est-ce possible de l’étudier, de le connaître? A) Immensité de l’objet L’Histoire est classiquement «commencée» seulement avec l’apparition de l’humain.

Mais, même ainsi, cela représente plusieurs millénaires, et ce à l’échelle de toute la terre.

L’objet à étudier est donc gigantesque.

Afin d’être compétent, un historien se spécialise souvent dans une époque, un domaine, une civilisation, un peuple.

Pourtant même ainsi, il semble impossible de connaître la totalité de la réalité passée. 1 Inspiration de https://dicophilo.fr/definition/histoire/ 5. »

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