L'expression «contemplation de l'oeuvre d'art » signifie-t-elle que nous soyons passifs dans le plaisir esthétique?
Publié le 30/06/2015
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L'homme s'est toujours servi de l'art comme d'un moyen de prendre conscience des idées et des intérêts les plus élevés de son esprit. Les peuples ont déposé leurs conceptions les plus hautes dans les productions de l'art, les ont exprimées et en ont pris conscience par le moyen de l'art. L'intérêt de l'art diffère de l'intérêt pratique du désir en ce qu'il sauvegarde la liberté de son objet, alors que le désir en fait un usage utilitaire et le détruit ; quant au point de vue théorique de
l'intelligence scientifique, celui de l'art en diffère au contraire, par le fait que l'art s'intéresse à l'existence individuelle de l'objet, sans chercher à la transformer en idée universelle et concept.
HEGEL
(Texte proposé en sujet III, Nouvelle Calédonie, sept. 90, B)
SUJET PROCHE
No 27 A
L'oeuvre d'art peut-elle se prêter à plusieurs interprétations?
Pondichéry, A
— 'Question qui contredit la version fréquemment admise de l'oeuvre entièrement déterminée par la volonté de son auteur (l'écrivain « veut dire que... «).
— On peut poser le problème dans une perspective historique, après avoir au passage rappelé que, pour Hegel, l'art symbolique implique par définitions plusieurs lectures, puisque tout symbole est ambigu. Si l'oeuvre d'art possédait un sens défini une fois pour toutes, les oeuvres anciennes :
· ou bien deviendraient totalement incompréhensibles;
· ou bien demanderaient, avant la manifestation de leur sens, un très long travail de documentation sur leur contexte idéologique initial — c'est l'iconologie de Panofsky (ainsi, on ne pourrait admirer un vase grec sans connaître à fond la mythologie qu'il « illustre «, ou apprécier une descente de croix sans se replacer dans l'ambiance religieuse de l'époque).
Cf. au contraire Valéry : «L'esprit de l'auteur, qu'il le veuille, qu'il le sache, ou non, est comme accordé sur l'idée qu'il se fait nécessairement de son lecteur ; et donc le changement d'époque, qui est un changement de lecteur, est comparable à un changement dans le texte même, changement toujours imprévu, et incalcu¬lable. « Ce qui est là affirmé de l'écriture vaut pour tous les domaines artistiques.
— On peut ainsi montrer que lorsqu'un artiste prétend initialement maîtriser tout-à-fait son travail (lui imposer un sens univoque), l'ouvre lui échappe (ex. de Balzac — dont la Comédie humaine, par rapport à ses intentions, est un « échec «).
— On montre que les oeuvres classiques font l'objet d'interprétations différentes (Racine), dont le seul principe est de respecter leur intégralité (cf. R. Barthes et les lois de la lecture structuraliste).
— Il apparaît que dans l'art contemporain, la polysémie est recherchée par l'artiste lui-même (c'est l'oeuvre « ouverte « d'U. Eco).
— On souligne qu'il y a oeuvre authentique par un travail d'organisation formelle (cf. Kant et la finalité intrinsèque) — qui prend le rang d'une matrice suscitant des lectures différentes (on peut esquisser un parallèle avec les systèmes formels purs, mathématiques).
— A contrario, des oeuvres dans lesquelles la forme est insignifiante (cf. n° 27, partie III) sont monosémiques — mais « vieillissent « très vite, devenant rapide¬ment impossibles à interpréter, c'est-à-dire mortes, et en dehors de l'art. Conclusion: l'oeuvre d'art authentique doit se prêter à plusieurs interprétations.
«
• ou bien l'œuvre attire immédiatement l'attention par sa forme (le sonnet);
• ou bien cette forme a été transformée et c'est alors l'esprit qui reconstitue une
autre version de la finalité intrinsèque.
Ex.: statues mutilées, tableaux tronqués,
architectures ayant perdu leur coloration d'origine (intérieur des
églises romanes), etc.
- Confirmation
par Hegel: si l'art a une dimension spirituelle, cela signifie que
l'esprit y trouve des éléments qui le dirigent sur la voie d'une compréhension pré
conceptuelle,
cf.
Document.
- Toute œuvre
se présente ainsi comme un carrefour où se rassemblent des
significations et des contextes qu'il appartient
à l'esprit de parcourir:
• Ex.
le goût artistique des ruines (méditation possible sur l'histoire, la
civilisation, la mort, etc., à partir d'une totalité formelle que l'esprit reconstiLie
par l'imagination).
III.
LA PASSIVITÉ IMPLIQUE L'ABSENCE D'ŒUVRE D'ART
-Il existe cependant des secteurs où la pure consommation domine en effet, et
s'accompagne de passivité.
- Il s'agit précisément des secteurs dont les produits correspondent
à une attente
ciblée des publics:
• musique de variétés; • littérature.
»
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