L'experience seule peut-elle rendre compte de l'objectivité d'une connaissance ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
Analyse du sujet :
-L’origine étymologique du mot « expérience « est celle de « experio « qui, en latin, signifie : « éprouver «. L’expérience, c’est donc le résultat individuel de la vie et du ressenti de chacun.
Ainsi, dans un sens général, l’expérience est la somme des impressions, données sensibles, vécues par un individu et qui le constituent tel qu’il est.
Dans le sens d’ « expérimentation «, l’expérience est relative au domaine scientifique. Il s’agit alors de désigner les procédures par lesquelles on confirme ou l’on infirme une proposition.
-Quant à la « connaissance «, elle est ce que l’esprit humain déduit de l’expérience et élabore sous la forme d’une théorie. Elle est à ce titre une construction de l’esprit humain à partir du matériau qu’est l’expérience.
Problématique :
Dans la mesure où l’expérience est subjective et individuelle, puisque résultant du donné des sens, comment peut-être être raisonnablement considérée comme la source des connaissances humaines ? Quelle est son objectivité et sa légitimité lorsqu’il s’agit de la poser comme fondement de la science ?
«
froid, du dur, du mou, du doux, de l'amer, et de tout ce que nous appelons qualités sensibles.
Nos Sens, dis-je, fontentrer toutes ces idées dans notre âme, par où j'entends qu'ils font passer des objets extérieurs dans l'âme, ce quiy produit ces sortes de perceptions.
Et comme cette grande source de la plupart des idées que nous avons, dépendentièrement de nos Sens, et se communique par leur moyen à l'Entendement, je l'appelle SENSATION.
L'autre sourced'où l'Entendement vient à recevoir les idées, c'est la perception des opérations de notre âme sur les idées qu'elle areçues par les Sens : opérations qui, devenant l'objet des réflexions de l'âme, produisent dans l'Entendement uneautre espèce d'idées, que les Objets extérieurs n'auraient pu lui fournir : telles que sont les idées de ce qu'onappelle apercevoir, penser, douter, croire, raisonner, connaître, vouloir, et toutes les différentes actions de notreâme, de l'existence desquelles étant pleinement convaincus, parce que nous les trouvons en nous-mêmes, nousrecevons par leur moyen des idées aussi distinctes que celles que les Corps produisent en nous, lorsqu'ils viennent àfrapper nos Sens.
C'est là une source d'idées que chaque Homme a toujours en lui-même ; et quoique cette Faculténe soit pas un Sens, parce qu'elle n'a rien à faire avec les objets extérieurs, elle en approche beaucoup, et le nomde Sens intérieur ne lui conviendrait pas mal.
Mais comme j'appelle l'autre source de nos Idées sensation, jenommerai celle-ci RÉFLEXION, parce que l'âme ne reçoit par son moyen que les idées qu'elle acquiert enréfléchissant sur ses propres opérations.
LOCKE 3.
L'expérience comme outil de connaissance mais non comme son seul critère : C'est Kant qui donna une issue à cette opposition dichotomique, en formulant l'idée que « la connaissance débuteavec l'expérience (dans le sens de données sensibles), mais ne dérive pas tout de l'expérience ».
La connaissanceen effet n'est pas le résultat du seul donné des sens, elle doit passer par le filtre de la raison et de l'entendementhumains, qui l'organisent, certes différemment en fonction des individus, mais qui ne l'utilisent pas en tant quematériau brut.Que toute notre connaissance commence avec l'expérience, cela ne soulève aucun doute.
En effet, par quoi notrepouvoir de connaître pourrait-il être éveillé et mis en action, si ce n'est par des objets qui frappent nos sens et qui,d'une part, produisent par eux-mêmes des représentations et, d'autre part, mettent en mouvement notre facultéintellectuelle, afin qu'elle compare, lie ou sépare ces représentations, et travaille ainsi la matière brute desimpressions sensibles pour en tirer une connaissance des objets, celle que l'on nomme l'expérience? Ainsi,chronologiquement, aucune connaissance ne précède en nous l'expérience et c'est avec elle que toutescommencent.
Mais si toute connaissance débute avec l'expérience, cela ne prouve pas qu'elle dérive toute del'expérience, car il se pourrait bien que même notre connaissance par expérience fût un composé de ce que nousrecevons des impressions sensibles et de ce que notre propre pouvoir de connaître (simplement excité par desimpressions sensibles) produit de lui-même : addition que nous ne distinguons pas de la matière première jusqu'à ceque notre attention y ait été portée par un long exercice qui nous ait appris à l'en séparer.
C'est donc au moins unequestion qui exige encore un examen plus approfondi et que l'on ne saurait résoudre du premier coup d'oeil, que cellede savoir s'il y a une connaissance de ce genre, indépendante de l'expérience et même de toutes les impressionsdes sens.
De telles connaissances sont appelées a priori et on les distingue des empiriques qui ont leur source aposteriori, à savoir dans l'expérience.
(...) Si l'on veut un exemple pris dans les sciences, on n'a qu'à parcourir desyeux toutes les propositions de la mathématique ; et si on en veut un tiré de l'usage plus ordinaire del'entendement, on peut prendre la proposition : « tout changement doit avoir une cause ».
Qui plus est, dans cettedernière, le concept même d'une cause renferme manifestement le concept d'une liaison nécessaire avec un effet etcelui de la stricte universalité de la règle, si bien que ce concept de cause serait entièrement perdu, si on devait ledériver, comme le fait Hume, d'une association fréquente de ce qui arrive avec ce qui précède et d'une habitude quien résulte (d'une nécessité, par conséquent, simplement subjective) de lier des représentations.
On pourrait aussi,sans qu'il soit besoin de pareils exemples pour prouver la réalité des principes purs a priori dans notre connaissance,montrer que ces principes sont indispensables pour que l'expérience même soit possible, et en exposer, par suite, lanécessité a priori.
D'où l'expérience, en effet, pourrait-elle tirer sa certitude, si toutes les règles, suivant lesquelleselle procède, n'étaient jamais qu'empiriques, et par là même contingentes? KANT Conclusion : A la tradition philosophique qui pose les sens comme trompeurs et la seule raison théorique comme fondementobjectif de toute connaissance, le courant empiriste oppose l'observation des faits et de la réalité par laquelle touteconnaissance ne nous est permise, dans les faits, que par l'expérience sensible.Mais c'est véritablement Kant qui donne une issue au débat en affirmant qu'une connaissance « objective » n'estpeut-être pas possible si l'on ne se fie qu'à l'expérience, mais que l'usage de la théorie rationnelle n'est permise quelorsqu'une expérience sensible s'est faite ; même si la connaissance n'est pas le seul fruit de l'expérience mais, bienplutôt, de l'usage de la raison appliquée au donné des sens..
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