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l'expérience est-elle toujours rationnelle ?

Publié le 18/11/2005

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  L'expérience comme vaine et illusoire   Il est facile en effet de constater que l'expérience sensible est fugitive et incertaine. Qu'elle n'est faite que d'apparences inconstantes. La connaissance dont elle relève ne saurait être qu'une connaissance imparfaite. Dans Le Théétète notamment, Platon cherche à montrer comment et pourquoi la perception sensible ne peut constituer le fondement de la connaissance véritable qu'il appelle science. Ainsi employé le terme sensible est synonyme de celui de devenir la « génésis » (Timée, 64a-92c).  Or, le devenir se caractérise par la génération et la corruption. Toute réalité qui ressortit du devenir apparaît ne cesse de se transformer, de se déplacer d'un lieu à un autre et disparaît. Si les choses sensibles ne cessent de changer, comment en effet rendre compte de la réalité et de la permanence, qu'elles doivent pourtant présenter pour devenir objet de connaissance et de discours. Ou comme le dit Platon dans Le Cratyle : « Si tout change de forme et rien ne demeure » de la connaissance il ne saurait en être question. Ou encore ailleurs : « Ce n'est donc pas dans les impressions que réside la science, mais dans le raisonnement sur les impressions, car la réalité et la vérité, c'est la à ce qu'il semble, qu'il est possible d'avoir un contacte avec elles, du côté des impressions c'est impossible.

Il est aisé de discréditer l’expérience et avec elle la sensibilité en particulier dans le cadre de la philosophie de la connaissance en affirmant qu’elle ne nous fournit que des connaissances fugitives et incertaines. En cela on peut mettre l’expérience du côté de l’irrationnel, de ce qui est fugitif qui trouble l’esprit plutôt qu’elle ne saurait lui être d’un guidé assuré.

On a donc raison dans ce sens de considérer la connaissance par l’expérience comme ce qui trouble l’esprit, ce qui l’égare et donc d’affirmer que l’expérience même dans le cadre de la connaissance scientifique est d’ordre irrationnel.

Mais l’expérience n’est-elle pas ce qui donne à la connaissance son matériau, ce sur quoi elle doit s’appuyer pour ne pas tomber dans des arguties verbales ? N’est-elle pas la seule donnée première à notre connaissance. Si le sensible a ce caractère propre de devenir son contraire et de varier de façon indéterminée, n’est-ce pas à la raison de guider ce matériau sensible pour nous mener sur le chemin de la découverte scientifique. Dés lors le mot expérience ne désigne-t-il pas plutôt, dans le cadre de la connaissance scientifique, des procédures par lesquelles on contrôle la vérité en la confrontant à des faits, et non pas nécessairement une activité irrationnelle ?

 

« L'expérience comme moment nécessaire de la connaissance scientifique L'expérience n'est pas comme nous l'avons vu immédiatement rationnelle, maiselle peut le devenir.

Selon Kant, nous ne pourrions rien appréhender de façonsensée, si les données brutes n'étaient pas immédiatement reliées à descatégories aptes à les structurer : les concepts a priori organisent nosreprésentations.Tel est le sens de ce que préconise Kant dans la préface à la secondeCritique de la raison pure , il faut : « forcer la nature à répondre à ses questions et ne pas se laisser conduire en laisse par elle, car autrement faiteau hasard et sans aucun plan tracé d'avance, nos observations ne serattacheraient point à une loi nécessaire chose que la raison demande et dontelle a besoin ».

Il faut donc que la raison se présente à la nature tenant d'unemain, ses principes qui seules peuvent donner aux phénomènes concordant l'autorité des lois, et de l'autre l'expérimentation qu'elle a imaginée d'aprèsses principes, pour être instruite par elle…comme un juge en fonction quiforce les témoins à répondre aux questions qu'il pose.

», Critique de la raison pure , Préface . L'activité de l'esprit de la raison ne va pas contredire l'expérience mais tenterd'en extraire une connaissance.

Dans la mesure où en effet : « Que toutenotre connaissance commence avec l'expérience, il n'y a aucun doute, carpar quoi le pouvoir de connaître serait-il éveillé et mis en service, si cela sicela ne se produisait pas par des objets qui frappent nos sens, et mettent en mouvement notre activitéintellectuelle, pour comparer ces représentations, pour les lier ou les séparer et élaborer ainsi la matière brute desimpressions sensibles, en une connaissance d'objets qui s'appelle expérience.

».

L'expérience est donc constructionde l'esprit, elle est œuvre de raison.

De même que la totalité de la nature est un ensemble de phénomènes interdépendants liés par des règles, notreentendement en ses actes est lui aussi régi par des règles.

Plus encore, il est la source et la faculté de penser lesrègles.

Dans l'acte de connaître, notre sensibilité nous fournit des intuitions, et l'entendement soumet cesreprésentations sensorielles à des règles.

La logique a pour objet les règles auxquelles est soumis notreentendement.

Elle est donc la science des simples formes de la pensée en général.

Elle est la connaissance desrègles abstraites qui permettent à notre entendement de fournir les siennes.

C'est la science de la pensée engénéral, en dehors de toute matière déterminée.

Elle est par conséquent au fondement de toutes les autressciences et la propédeutique à tout usage possible de l'entendement.

Elle ne peut cependant être un "organon" dessciences, c'est-à-dire un outil, comme peuvent l'être en revanche les mathématiques.

C'est qu'elle ne fournit pasd'indications sur la manière d'atteindre certaines connaissances et d'élargir ainsi le domaine des vérités scientifiques.Elle est un "canon" : elle formule les lois nécessaires que la pensée doit respecter et vérifie si l'entendement dansson travail d'application est resté en accord avec lui-même.

On peut donc la définir comme un "art rationneluniversel".

"J'entends sous le nom de canon l'ensemble des principes a priori qui fixent l'usage légitime de notrefaculté de connaître." Si la mathématique est un excellent "organon", c'est qu'elle est la science qui contient leprincipe d'extension de notre connaissance, par ses jugements synthétiques a priori.

La logique, au contraire,n'empiète sur aucune science ni ne l'étend d'une quelconque manière, elle est l'art universel de la raison d'accordernos connaissances en général à la forme de l'entendement.

Elle n'emprunte donc ses principes à aucune science, n'aaucun rapport à l'expérience, et ne contient que des lois a priori et nécessaires.

Mais l'expérience est-elle capable de se hisser au niveau de l'universel et donc du rationnel?. »

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