l'expérience est-elle la seule source de nos connaissances ?
Publié le 12/03/2005
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- La source première et unique de nos connaissances provient de nos sensations, de l'expérience que nous avons des choses matérielles, ainsi que des modes de fonctionnement de notre esprit.
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À fonder la connaissance seulement et uniquement sur l'expérience, ne tombe-t-on pas dans le scepticisme ? Ainsile sceptique Hume, pour qui non seulement toute connaissance commence avec l'expérience, mais aussi en dérivetout entière, en arrive-t-il à mettre en lumière les paradoxes de l'induction, passage du particulier au général àtravers les faits.
La raison et l'esprit humains sont les seules origines de la connaissance.Face au scepticisme empiriste, ne faut-il pas réhabiliter le rôle de l'esprit, seule source du savoir, sans doute biendavantage que les faits ? Si l'esprit voulait se régler uniquement sur l'expérience sensible pour constituer laconnaissance, comment ne serait-il pas désarmé et impuissant ? C'est bien ce que montre le travail scientifique.Pour connaître, ne faut-il pas être bon théoricien ? Sans l'idée permettant d'organiser et de comprendre, ne seperd-on pas dans un chaos dépourvu de sens ?Platon, mais aussi Descartes, nous donnent à voir ce rationalisme, doctrine si éloignée de cet empirisme tout àl'heure décrit.
Quelle est la seule et véritable source de la connaissance pour Platon ? L'accès au monde des Idées,à l'univers des essences intelligibles qui fondent toute connaissance et toute vérité.
Qu'est-ce que connaître ? C'estdépasser le monde sensible vers des Essences, des Idées, stables, immuables, existant en soi, êtres intelligiblespermettant de comprendre le réel.
Grâce à l'Idée, on s'élève à l'Un et on accède à une connaissance rigoureuse etnécessaire.
Qu'est-ce donc que connaître ? C'est s'élever à l'Idée grâce au pouvoir de l'esprit humain (nous)permettant de parvenir au « réellement réel ».
La fécondité de l'esprit ouvert aux Essences est donc l'essentiellesource de la connaissance.
C'est grâce à la dialectique, grâce à l'Esprit, grâce à la réminiscence des Idéeséternelles autrefois contemplées que nous formons une connaissance juste, adéquate, dépassant la fugacitésensible.Descartes, pour sa part, avec l'innéisme, souligne, lui aussi, le privilège de la raison humaine dans l'origine de laconnaissance.
N'existerait-il pas en notre esprit, en notre raison, des semences de vérité, des idées innées, néesavec moi, idées de Dieu, mais aussi idées mathématiques qui seraient présentes dans la raison ou l'esprit etpermettraient de connaître ? Dieu a imprimé dans notre esprit des idées éternelles innées.
Grâce à elles, nousconstruisons toute la connaissance.
Raison et notions universelles nées avec nous (substance, nombre, etc.), voilàce qui forme la connaissance et la fonde.
Même dans la linguistique contemporaine, cet « innéisme » se retrouve,avec le linguiste Chomsky pour qui des règles innées de l'esprit humain président à la formation du langage.Ainsi, les idées innées, les règles et la raison sont les bases primordiales de la connaissance.
• L'expérience fournit la matière et la raison la forme : Que nous apporte l'expérience ? Loin de fonder uneconnaissance, loin d'en être l'unique source et origine, elle nous permet de constater qu'une réalité nous estdonnée, mais ne nous fournit à son propos que des énoncés contingents.
« L'expérience nous enseigne bien qu'unechose est ceci ou cela, mais non pas qu'elle ne puisse être autrement.
» (Kant).
Avec l'expérience, nous nedétenons aucune proposition nécessaire et universelle, donc aucun type de connaissance qui puisse dépasser lasimple contingence.Aussi l'expérience fournit-elle la matière (a posteriori) de la connaissance, que la raison, faculté de connaître (apriori, antérieurement à toute expérience) organise en tant que forme.
La raison est source — à la différence del'expérience — de propositions nécessaires et c'est en elle que la véritable connaissance trouve donc son véritablefondement et son origine.« Si toutes nos connaissances commencent avec l'expérience, il n'en résulte pas qu'elles dérivent toutes del'expérience.
En effet, il se pourrait bien que notre connaissance expérimentale elle-même fut un assemblagecomposé de ce que nous recevons des impressions et de ce que notre propre faculté de connaître tirerait d'elle-même.
» (Kant, Critique de la raison pure).
• Le cogito comme principe unificateur : Si la connaissance trouve son origine à la fois dans l'expérience et dans laraison, quel principe ultime unifie ces deux fondements ? C'est le moi de l'homme qui, en définitive, apportel'unification cherchée.
Loin que l'empirisme ait raison, il oublie le principe fondateur de toute connaissance, cettesubjectivité qui l'unifie, le Je pense à l'origine de toute connaissance, ce Je pense clarifié, après Descartes, parKant..
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